Pour le général américain Philip Breedlove, la Russie reste une source d’inquiétudes

Les relations entre Washington et Moscou sont tendues actuellement, et cela, malgré la politique de « reset » voulue par le président Obama. Parmi les dossiers épineux, il y a par exemple la situation en Syrie, où le régime de Bachar el-Assad est soutenu par la Russie, l’affaire de la liste « Magnitski« , du nom de ce collaborateur du fonds d’investissement Hermitage Capital mort, a priori des suites de mauvais traitements, dans une prison en novembre 2009 après avoir mis au jour une vaste affaire de corruption de 230 millions de dollars impliquant l’administration fiscale russe. Et c’est sans oublier la mise en place de la défense antimissile américaine, et par extension, celle de l’Otan.

C’est donc dans ce contexte que le général Philip Breedlove, appelé à devenir le commandant suprême des forces alliées en Europe (SACEUR), a affirmé, le 11 avril, devant le sénat américain, que la Russie « restera la première source d’inquiétude dans la région d’ici 2020 (ndlr, en Europe) en raison de sa situation géographique, de ses ressources naturelles, de ses forces militaires et de son désir d’influence régionale, même si elle fait face à des faiblesses systémiques. »

Aussi, d’après lui, « les Etats-Unis et l’Otan devront montrer leur soutien à leurs alliés qui vivent dans la sphère d’influence autoproclamée par la Russie. »

L’estimation du général Breedlove n’est pas nouvelle. Dans son rapport de prospective intitulé « Global Trends 2030 », le renseignement américain avait déjà indiqué que, compte tenu de sa dépendance à l’égard de ses ressources naturelles, « si la Russie ne parvient pas à créer une économie plus diversifiée et un Etat plus libéral, elle pourrait devenir une menace pour la sécurité régionale et globale. »

Et de donner 3 scénarios possibles, dont l’un prédisant que la Russie serait susceptible de devenir « une source de graves problèmes » qui cherchera à utiliser sa puissance militaire afin d’intimider et dominer ses voisins. »

En France, la Délégation aux Affaires Stratégique (DAS) n’est pas loin de penser la même chose. « En Asie centrale, l’influence russe est contestée par la Chine, qui pourrait devenir, à terme, le principal partenaire économique et politique des pays de la région. Dans ces conditions, le sentiment d’encerclement et d’affaiblissement de son influence pourraît croître en Russie et provoquer des réactions politiques brutales », a-t-elle estimé dans un rapport publié en 2012.

Cela étant inquiétude ne veut pas dire hostilité. Ainsi, le général Breedlove a défendu la nécessité de tendre la main à Moscou et d’arrêter de considérer ou de traiter la Russie comme un ennemi mais de chercher à en faire un partenaire.

« Nous continuons de penser que la coopération avec la Russie sur la défense antimissile permettrait d’améliorer la sécurité à la fois de l’Otan et de la Russie », a-t-il, entre autres, plaidé.

Seulement, arriver à faire de la Russie un partenaire ne sera pas une chose aisée. La nouvelle doctrine militaire russe approuvée en février 2010 par le Dmitri Medvedev, qui a assuré l’interim de Vladimir Poutine au Kremlin pendant 4 ans, place en effet l’Otan au premier rang des menaces alors que le terrorisme, véritable enjeu sécuritaire dans les régions caucasiennes, est classé 10e. Qui plus est, le regard des militaires russes sur l’Ouest n’a pas beaucoup évolué depuis la chute de l’URSS.

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