Berne donne les détails de l’accord-cadre passé avec Stockholm au sujet des avions Gripen E/F

Même si le rapport de la sous-commission parlementaire chargée d’évaluer les conditions de l’appel d’offres visant à remplacer les F-5 Tiger n’a pas été avare de critiques et de réserves au sujet du choix du Gripen E/F aux dépens du Rafale et de l’Eurofighter, la procédure d’acquisition des appareils continue, étant donné que les rapporteurs n’ont pas jugé opportun de la remettre en cause pour le moment.

Et le 24 août dernier un accord-cadre entre Berne et Stockholm a été signé afin de préciser les modalités concernant l’achat des 22 Gripen E/F. Le conseiller fédéral en charge des affaires de défense, Ueli Maurer, en a donné les détails, ce 28 août, lors d’une conférence de presse, à Thoune.

Ainsi, la facture pour les 22 appareils devrait s’élever à 3,126 milliards de francs suisses (CHF), coûts de développement compris. Or, sur ce point, la sous-commission parlementaire avait émis des réserves, en se demandant « ce qu’il adviendrait si la configuration des appareils livrés ne correspond pas à celle convenue, si des difficultés techniques apparaissent (…) ou si Saab déclare ne pas être en mesure de procéder aux développements ultérieurs au prix convenu. »

En clair, cela veut dire que la Suède est prête à endosser les éventuels risques financiers liés au développement de l’appareil. Pour Ueli Maurer, interrogé par La Tribune de Genève, « avec cette garantie de prix fixe, il se pourrait effectivement que le Gripen revienne plus cher aux Suédois », qui envisagent d’en acquérir 60 exemplaires pour leurs forces aériennes, si toutefois le Parlement donne son feu vert. Ce qui ne semble faire aucun doute pour le responsable suisse.

« Il est clair que nous voulons une nouvelle version du Gripen, mais pas à n’importe quel prix » avait pourtant déclaré, à la mi-août, le général Dennis Gyllensporre, chef de la section de planification et de politique de l’armée suédoise.

Quant au calendrier des livraisons, les 11 premiers Gripen seront attendus en Suisse entre mi-2018 et 2019 et la location de11 appareils de la version C/D seront loués par Berne afin d’attendre que la commande soit entièrement honorée et soulager les F/A-18 Hornet, qu’il faudra également remplacer d’ici quelques années.

L’on sera curieux de voir le comportement du Gripen C/D au sujet duquel il avait été écrit, dans le rapport d’évaluation établi après ses tests en Suisse en 2008, que son « efficacité globale (…) reste insuffisante pour remporter la supériorité aérienne lors des menaces futures, au-delà de 2015. »

Toujours au sujet des livraisons, les dates de ces dernières sont garanties par le gouvernement suédois. A un détail près : en cas de non-respect des échéances, aucune pénalité financière n’est prévue. « Il faudra alors négocier avec la Suède. Mais la possibilité que les avions ne soient pas livrés est très faible. Parce que nous voulons tout faire pour réussir. Et si ce n’est pas le cas, il faudra analyser la situation avec la Suède » a rassuré Ueli Maurer.

Pour autant, l’on n’est pas encore certain de voir des Gripen sous les couleurs suisses. Le Parlement aura son mot à dire en octobre prochain et les nombreuses questions soulevées par le rapport de la sous-commission publié la semaine passée suscitent des doutes.

Qui plus est, les constructeurs écartés au profit de Saab ne s’avouent pas vaincus. Au début de cette année, Dassault a fait une nouvelle offre portant sur 18 appareils, soit un niveau suffisant pour les besoins suisses, a estimé l’avionneur français. Plus récemment, selon Der Sonntag, c’est EADS qui s’est invité dans la danse, en proposant entre 22 et 33 Eurofighter prélevés sur les stocks allemands pour une somme comprise entre 2,2 et 3,2 milliards de francs suisses.

« Avec 22 Eurofighter pour 2,2 milliards de francs, la Suisse peut remplacer ses 54 Tiger F-5 vieillissants. Elle pourrait ensuite remplacer ses 33 F/A-18 par des Eurofighter de la troisième génération » a souligné l’hebdomadaire, dans sa dernière édition. Et cela d’autant plus que l’appareil s’était montré supérieur au Gripen lors des évaluations et qu’il a le mérite d’exister déjà.

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