Afghanistan : L’Otan va limiter les frappes aériennes

L’on s’en souvient, quand le général américain McChrystal prit les rênes de la Force internationale d’assitance à la sécurité (ISAF), déployée en Afghanistan sous le commandement de l’Otan, il décida de mettre en place des règles d’engagement très strictes pour les raids aériens. Il s’agissait alors de « gagner les coeurs et les esprits » en évitant, autant que possible, les dommages collatéraux. « Les Afghans sont au centre de notre mission. Nous devons les protéger de toute violence, qu’elle qu’en soit la nature » avait-il expliqué.

Pour rappel, le général McChrystal avait été désigné, à l’époque, pour succèder au général David McKiernan, sous l’autorité duquel une frappe aérienne venait de faire plusieurs dizaines de victimes civiles.

Seulement, en 2011, après un reportage publié par un magazine et dans lequel il n’avait pas mâché ses mots à l’endroit de l’administration Obama, le général McChrystal fut prié de rentrer aux Etats-Unis pour y prendre sa retraite et son successeur, le général David Petraeus, décida d’assouplir les règles d’engagement pour les frappes aériennes.

Etant donné que les insurgés afghans se fondent dans la population, quand ils ne tirent pas sur les forces de la coalition depuis les maisons de villageois, des bavures sont parfois commises. Ce qui suscite la colère du président afghan, Hamid Karzaï. Ainsi, le 6 juin dernier, 18 civils ont été tués lors d’un bombardement de l’Otan dans la province de Logar. L’objectif était un commandant taleb caché avec plusieurs de ses hommes dans un maison où avait lieu un mariage.

L’actuel commandant de l’ISAF, le général américain John Allen, a présenté ses excuses et a, chose assez inhabituelle, rencontré les familles des victimes. Dans le même temps, il s’est prononcé pour imposer de nouvelles règles concernant le recours aux frappes aériennes.

Du côté de Kaboul, l’on a fait remarquer que le raid du 6 juin a contrevenu à l’accord signé en avril dernier, selon lequel les missions de nuit doivent être validées par les forces afghanes. Et d’accuser l’Otan n’avoir fait cavalier seul dans cette affaire.

Quant aux restrictions imposées par le général Allen, elles consistent à limiter les frappes aériennes contre les insurgés dans les zones d’habitation. Mais, a expliqué le général Curtis Scaparrotti, l’adjoint du COMISAF, « l’Otan peut faire des exceptions s’il n’y a pas d’autre choix et qu’il faut protéger nos soldats ».

Mais le président Hamid Karzaï n’a visiblement pas compris la même chose. « Un accord a été conclu avec l’Otan qui interdit les bombardements de maisons civiles pour quelque raison que ce soit » a-t-il déclaré, lors d’une conférence de presse donnée le 12 juin. « Même lorsqu’ils (l’ISAF, ndlr) sont attaqués, ils ne peuvent plus bombarder des foyers afghans depuis les airs », a-t-il insisté.

Cependant, et sans excuser les bavures commises par l’Otan, le président afghan a sans doute oublié que les insurgés sont, d’après l’ONU, responsables de 80% des victimes civiles. Et les forces afghanes ne sont pas non plus exemptes de tout reproche.

Selon les chiffres donnés par le général Scaparroti, 3.531 raids aériens ont été menés au cours des 6 derniers mois. Seuls 19 ont visé des zones habitées où des insurgés s’étaient cachés. Et pour 5 d’entre elles, il y a eu malheureusement des victimes civiles.

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