Amiral Guillaud : L’opération française la plus difficile est au Liban

L’amiral Edouard Guillaud, le chef d’état-major des armées (CEMA) a le sens de la nuance. Ainsi, au cours de son audition par les députés de la Commission de la Défense nationale, l’officier a indiqué que l’opération extérieure la plus difficile menée actuellement par l’armée française n’était pas l’Afghanistan, comme l’on aurait pu le croire, mais le Liban.

« C’est en Afghanistan que notre engagement est le plus dur (…) car nous y avons des blessés et des pertes, mais c’est au Liban qu’il est le plus difficile » a-t-il affirmé, le 5 octobre dernier. Et de s’en expliquer.

« La FINUL (Force intérimaire des Nations unies au Liban, ndlr) regroupe au sud Liban 12.000 hommes dans un espace réduit et dont la liberté d’action est difficile à garantir. La composition du gouvernement libanais et la présence du Hezbollah au sud Liban ne facilitent pas le maintien de cette liberté d’action de la force. Il arrive aujourd’hui qu’un maire décide que l’on ne peut plus traverser son village. Nos soldats – le troisième contingent sur place après ceux de l’Italie et de l’Indonésie – sont régulièrement menacés d’humiliation » a affirmé l’amiral Guillaud.

Sans oublier aussi le risque d’attaque directe, comme celles qui visèrent les casques bleus italiens et français, respectivement en mai et juillet dernier, commises avec des engins explosifs improvisés. Et, par ailleurs, la situation régionale est très tendue, avec les mouvements de révoltes en Syrie, durement réprimés par le régime de Damas, lequel pourrait être tenté de s’en prendre – par procuration, via le Hezbollah par exemple – à la Finul, dans le cas de sanctions prises contre lui.

Par comparaison avec le théâtre afghan, l’engagement français au Liban apparaît plus compliqué. En Kapisa et en Surobi, où sont menées des opérations de guerre, la donne est plus simple : l’on connaît l’adversaire et il s’agit de former suffisamment les forces de sécurité afghanes pour que celles-ci soient en mesure de contenir l’insurrection et d’éviter un retour des taliban. Réussiront-elles? Nul n’a encore la réponse et l’on pourra effectivement parler d’un échec si elles n’y parvienne pas.

Quoi qu’il en soit, pour l’amiral Guillaud, les provocations qui visent les soldats français au Liban, ainsi que la limitation de leurs mouvements ne sont pas tolérables. « Il me paraît donc urgent que l’ONU révise le concept de la présence des casques bleus au Liban, et je compte aborder ce point au département des opérations de maintien de la paix à l’ONU » a-t-il déclaré, ajoutant que « l’essentiel est que l’armée libanaise joue pleinement son rôle ».

La France compte 1.300 militaires au Liban, dont 350 son affectés dans les états-majors de la force de l’ONU. Leur organisation sur le terrain a été revue cette année, avec la création de la Force Commander Reserve (FCR), armée par 850 soldats français, et dont la mission est d’intervenir en moins de 3 heures au profit de tous les contingents de la Finul.

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