Afghanistan : Karzaï veut négocier directement avec le Pakistan sans passer par les taliban

Visiblement, les services secrets pakistanais (ISI, Inter-Services Intelligence) ont obtenu ce qu’ils cherchaient, c’est à dire avoir un oeil sur les négociations de paix entre le gouvernement afghan et les mouvement taleb. Voire mieux que ça même.

En effet, selon les services de renseignement afghans (NDS), l’attentat qui a tué, le 20 septembre, Burhanddin Rabbani, l’éphémère homme fort de Kaboul avant l’arrivée au pouvoir des taliban dans les années 1990, chargé par le président Karzaï de diriger le Haut Conseil pour la paix, aurait été préparé depuis une ville proche de Quetta, au Pakistan.

« La principale personne impliquée dans l’assassinat de Rabbani a été arrêtée et a fourni de nombreuses informations solides sur où et comment cela a été planifié », a ainsi expliqué, le 1er octobre, Lutifullah Mashak, le porte-parole du renseignement afghan. Il s’agirait d’un membre sulbaterne de la hiérarchie du mouvement taleb. Tous ces renseignements ont été communiqués à l’ambassade du Pakistan à Kaboul.

Même si les taliban n’ont pas revendiqué l’attentat contre l’ancien président Rabbani, Hamid Karzaï a décidé de rompre les discussions de paix avec eux, estimant qu’il vaut mieux négocier directement avec Islamabad. « Qui est notre vis-à-vis dans ces négociations de paix ? Je n’ai d’autre réponse que le Pakistan », a-t-il déclaré, le 1er octobre.

Ce changement de cap intervient après la mise au point faite par le chef d’état-major interarmées américain, l’amiral Mike Mullen, qui avait accusé le Pakistan de se servir d’un autre mouvement insurgé afghan, le réseau Haqqani, par ailleurs reponsable de la plupart des attentats commis à Kaboul ces derniers temps, pour défendre ses intérêts en Afghanistan.

Justement, la Force internationale d’assistance à la sécurité (ISAF), sous commandement de l’Otan, a frappé un grand coup contre le réseau Haqqani, fondé par Jalaluddin Haqqani, un vétéran de la guerre contre les Soviétiques dans les années 1980 et aujourd’hui membre du Conseil suprême des taliban dirigé par le mollah Omar.

Alliée à al-Qaïda, cette organisation dispose de son autonomie opérationnelle à l’égard du mouvement taleb afghan. Le commandement est assuré par Sirajuddin Haqqani, le fils de de son fondateur.

Ainsi, l’ISAF a annoncé l’arrestation de Haji Mali Khan. Cette dernière a eu lieu le 27 septembre, dans le district de Jani Khel (province de Paktiya, sud-est de l’Afghanistan), au cours d’une opération conjointe de la coalition et de l’amée nationale afghane (ANA). « Bien que lourdement armé, il n’a opposé aucune résistance » a précisé le communiqué de la coalition.

Selon l’ISAF, Haji Mali Kahn « était l’un des cadres les plus hauts placés du réseau Haqqani », allant même jusqu’à le décrire comme étant « le chef des Haqqani en Afghanistan ». Et de préciser qu’il « est réputé opérer sous l’autorité directe de Sirajuddin, il commande des bases et a connaissance des opérations aussi bien au Pakistan qu’en Afghanistan ».

Cela étant, les services de renseignement afghan ont relativisé l’importance de cette prise. « Nous savons qu’il est un membre de la famille de Sirajuddin Haqqani, peut-être un cousin, mais je ne suis pas sûr qu’il soit un commandant actif du réseau Haqqani » a déclaré leur porte-parole.

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