Doutes sur l’efficacité des gilets pare-balles de l’armée américaine

Une armée peut bien avoir un budget représentant 40% des dépenses militaires mondiales et fournir à ses hommes des gilets pare-balles dont le degré de protection est douteux.

Ainsi, selon un rapport de l’inspecteur général du département américain de la Défense rendu public le 4 août dernier par le Centre pour l’intégrité publique, plus de 5 millions de plaques de protection insérées dans les gilets pare-balles n’ont pas été correctement testées.

Entre 2004 et 2006, ces dernières, qui sont en kevlar ou en céramique, ont été fabriquées par plusieurs sous-traitants (ArmorWorks, Simula Cercom, Composix, Armacel Armor, Ceradyne) dans le cadre d’un contrat d’un montant de 2,5 milliards de dollars.

Et selon le rapport, « l’armée ne dispose pas d’assurance que les 5,1 millions de plaques de protection balistique fournissent une protection appropriée ». Les évaluations qui n’ont pas été effectuées – ou qui ne l’ont été que partiellement – devaient notamment porter sur le comportement de ces éléments en fonction des variations d’altitude, de température et d’humidité.

« Nous avons déterminé que les tests balistiques et les contrôles qualité (…) n’ont pas été soumis aux essais adéquats permettant de vérifier que les plaques répondaient aux spécifications du contrat », a ainsi écrit l’inspecteur général du Pentagone.

L’armée américaine a un vrai souci avec les gilets pare-balles, au point que plusieurs audits ont été réalisés, après la publication d’un New York Times d’une information selon laquelle 80% des Marines décédés en Irak après avoir été touchés au torse auraient pu survivre si leur équipement de protection avait été adéquat et aux normes. Depuis, l’USMC a changé de fournisseur et a opté pour le Modular Tactical Vest (MTV).

Le 29 janvier 2009, l’US Army avait été contrainte de rappeler 16.000 gilets pare-balles, là encore pour une histoire de contrôle de qualité non validé, 3 tests sur 2.300 n’ayant pas été passés. Cela avait révélé par un autre audit de l’inspecteur général du Pentagone, dont les conclusions furent toutefois contestées par le secrétaire de l’Army.

Selon la parlementaire Louise Slaughter, très en pointe sur ce sujet, « de nombreux soldats restent insatisfaits de la qualité de leur gilet pare-balle et ont continué à acheter leur équipement auprès d’entreprises privées ». Seulement, l’US Army a interdit à ses hommes de se procurer du matériel dans le civil… Toute ressemblance avec une situation existante sous d’autres cieux ne serait que fortuite…

Plus grave encore : Pinnacle Armor, le fabriquant du Dragon Skin, un autre type de gilet pare-balle, a accusé les responsables de l’US Army d’avoir favorisé son concurrent, Point Blank, dans l’attribution du contrat.

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