WikiLeaks révéle des critiques contre certains contingents européens déployés en Afghanistan

La publication des câbles diplomatiques américains par le site WikiLeaks n’est pas faite pour ménager les susceptibilités. Ainsi, il apparaît que le contingent britannique déployé dans la province du Helmand, au sud de l’Afghanistan, a été vertement critiqué non seulement par les autorités afghanes mais aussi par des officiers américains.

Selon un de ces rapports diplomatiques datant d’avril 2007, le commandant de la Force internationale d’assistance à la sécurité (ISAF) de l’époque, le général américain Dan McNeill, s’était dit « consterné par le manque d’effort » des militaires britanniques. « Ils ont créé une bonne pagaille dans le Helmand, leur tactique était mauvaise » avait-il aussi estimé.

Un an et demi plus tard, soit en décembre 2008, un autre responsable américain, cité également dans une note, en avait remis une couche. « Nous, les Américains et Karzaï, sommes d’accord pour constater que les Britanniques ne sont pas à la hauteur de la mission pour sécuriser la province du Helmand » avait-il affirmé.

Plus récemment encore, une déclaration du président afghan Hamid Karzaï, relatée le 21 février 2009, va dans le même sens. « Quand je suis revenu la première fois en Afghanistan, j’avais seulement 14 soldats américains avec moi. Les filles pouvaient se rendre à l’école en toute sécurité. Maintenant que les soldats britanniques sont présents dans le Helmand, les gens ne sont plus en sécurité » cite une note diplomatique.

Les Britanniques ne sont pas les seuls à être critiqués de la sorte. Les militaires hongrois en prennent aussi pour leur grade. Cette fois, c’est l’ambassadeur des Etats-Unis en Afghanistan, Karl Eikenberry, qui porte l’estocade.

Selon lui, les militaires hongrois sont « inefficaces » et leur seule préoccupation est de « rentrer à la maison sain et sauf ». Et le diplomate de déplorer, en mai 2009, que les soldats magyars « ne sont autorisés à utiliser leurs armes qu’en cas de légitime défense, ne font guère plus que de patrouiller les routes principales et ne mènent aucune action contre les narcotrafiquants ». « Quand la sécurité dans la province adjacente a été menacée par des insurgés, ce sont les soldats néo-zélandais qui ont eu à intervenir dans la province de Baghlan pour régler le probème » a-t-il ajouté.

L’ambassade des Etats-Unis à Budapest a alors tenté d’arrondir les angles en reconnaissant le « rôle positif joué par la Hongrie au sein de la Provincial Reconstruction Team » et en rendant hommage aux « efforts » des militaires hongrois, « bien formés et courageux ».

Mais le ministre hongrois de la Défense, Csaba Hende, a cependant apporté quelques précisions pour répondre aux critiques de Karl Eikenberry. Les militaires magyars, qui sont en fait des sapeurs, ont pour mission « la mise à niveau des infrastructures » et n’ont pas pour mandat de combattre l’insurrection. « On ne peut pas demander à nos soldats de participer à ce type d’action dans la province de Baghlan (ndlr, nord de l’Afghanistan) », a-t-il fait valoir.

Mieux encore, sur la foi d’une source au ministère de la Défense, The New Zealand Herald, a démenti les propos du diplomate américain, selon lesquels des militaires néo-zélandais seraient intervenus en lieu et place de leurs homologues hongrois.

Enfin, les troupes françaises et allemandes ont aussi été égratignées en décembre 2008 par Kevin Rudd, chef du gouvernement australien à l’époque et actuellement ministre des Affaires étrangères.

« Dans le sud-est, les Etats-Unis, le Canada, la Grande-Bretagne, l’Australie et les Pays-Bas font le dur boulot, alors que dans le nord-ouest, plutôt tranquille, les Allemands et les Français organisent des festivals de danse folkloriques », a-t-il ainsi déclaré.

Pour remettre ces propos dans leurs contextes, et pour souligner ainsi leur indignité, il n’est pas inutile de rappeler qu’au 31 décembre 2008, 25 militaires français avaient payé de leur vie l’engagement de la France en Afghanistan pendant que leurs homologues australiens déploraient la perte de 7 de leurs camarades. Sans doute que la définition de « danse folklorique » n’a pas la même signification à Paris qu’à Canberra.

Le même Kevin Rudd a confié, si l’on en croit la même note diplomatique, que « l’Afghanistan lui fichait une trouille bleue » et a estimé qu’il n’y avait alors « aucune stratégie commune pour gagner la guerre ou gagner la paix ».

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