Pourparlers entre le gouvernement afghan et l’insurrection

Si le nombre des pertes humaines enregistrées par la Force internationale d’assistance à la sécurité (ISAF), sous commandement de l’Otan, n’a jamais été aussi élevé après 9 ans d’opérations en Afghanistan – élevés en 2010, après 9 ans d’opérations (564 selon Icasualties.org), il n’en reste pas moins que la coalition internationale obtient des succès face à l’insurrection, laquelle a pris, il est vrai, de l’ampleur au cours de ces dernières années.

Cela étant, cette hausse des pertes étaient attendue pour au moins deux raisons. La première est liée aux renforts envoyés par l’Otan – et plus particulièrement les Etats-Unis – en Afghanistan. Quant à la seconde, à partir du moment où les forces de la coalition cherche à prendre l’initiative en s’attaquant aux bastions de l’insurrection, il serait naïf de penser qu’elles soient attendues paisiblement par les insurgés.

Ainsi, le réseau Haqqani, soutenu par les services secrets pakistanais et qui est de mèche avec le Lashkar-e-Taïba, le groupe terroriste actif au Cachemire, a subi de lourdes pertes au cours de ces derniers jours.

En effet, selon le Pentagone, les troupes de l’Otan – principalement américaines – ont intensifié leurs opérations à la frontière entre l’Afghanistan et les zones tribales pakistanaises, où se replient les combattants du réseau Haqqani. Bilan : 110 d’entre eux ont été tués.

Mais pour décourager les rebelles afin de les réintégrer par la suite dans la société afghane, l’Otan cible plus particulièrement les commandants ainsi que les responsables insurgés. Comme l’a rappelé le général David Petraeus, le commandant de l’ISAF (COMISAF), 269 chefs de groupes ont ainsi été neutralisés.

Récemment, deux « gouverneurs fantômes » taliban ont ainsi été tués. Le premier, Qari Ziauddin, a trouvé la mort au cours d’un bombardement aérien de l’Otan dans la province de Faryab. Selon l’ISAF, il prenait « directement ses ordres d’un haut responsable taliban basé au Pakistan ». A l’issue de cette frappe, les troupes de la coalition ont découvert des caches d’armes situées dans un réseau de souterrains, dans le district de Dawlat Abad.

Le gouverneur fantôme taleb de la province de Badghis, le mollah Ismaïl, a connu le même sort que son homologue de Faryab. Selon le porte-parole du gouvernorat, Sharafuddin Majeedi, il aurait été tué, avec 4 de ses hommes, dans le district de Bala Murghab.

Dans la province de Tahar, un autre haut responsable taleb, Maulawi Jawadullah, responsable d’attaques meurtrières dans les environs de Kundunz (nord de l’Afghanistan) a également tué, le 7 octobre, par une frappe aérienne, suivie d’un raid de forces terrestres de la coalition.

Déjà, le mois dernier, le COMISAF a indiqué « qu’environ vingt petits groupes ont déjà approché » les autorités afghanes pour discuter. « Ce sont les premières étapes. Je ne pense pas que l’on puisse parler de négociation, il s’agit des toutes premières discussions » avait tempéré le général Petraeus.

Quoi qu’il en soit, il semblerait que les principaux mouvements de l’insurrection afghane (taliban de la Choura de Quetta, réseau Haqqani et le Hezb-e-Islami de Gubbuldin Hekmaktyar).

Déjà, au printemps dernier, une délégation du Hezb-e-Islami avait été reçue à Kaboul pour présenter un plan de paix, lequel n’avait pas été retenu. Et selon le Washington Post (édition du 6 octobre), des pourparlers à un « haut niveau » entre le mouvement taleb et le gouvernement d’Hamid Karzaï ont été entamés. Il s’agirait ainsi de négocier les conditions pour mettre fin à l’insurrection. « Ils sont très, très sérieux sur la recherche d’une issue » a confié une des sources du quotidien américain, à propos des taliban.

Le réseau Haqqani ne serait pas en reste non plus puisque, selon le journal britannique The Guardian, il prendrait également part à des pourparlers, impliquant les autorités afghanes et les Etats-Unis. Si l’on en croit les sources du quotidien, il semblerait que la crainte de Sirajuddin Haqqani, le fils du fondateur du réseau, soit de rester à l’écart. Il « réalise qu’il ne sera rien s’il n’entre pas dans le processus » de paix, aurait ainsi indiqué un diplomate engagé dans les discussions.

Cela étant, il est encore beaucoup trop tôt pour y voir le début d’un réglement définitif de la question afghane. Et puis quand bien même il y aurait un accord, encore faudrait-il qu’il soit appliqué par la suite. Et le passé de l’Afghanistan incite à la prudence.

Reste que ces négociations, au stade encore embryonnaire, excluent le Pakistan, alors même qu’Islamabad voudrait jouer un rôle sur la scène afghane afin de profiter du vide que laisserait un départ éventuel de l’Otan. Ainsi, le Wall Street Journal a rapporté que les services secrets pakistanais (ISI) encouragent les insurgés afghans qu’ils soutiennent à mutliplier leurs attaques, même contre des civils.

« L’ISI veut qu’on tue tout le monde – policiers, soldats, ingénieurs, professeurs, civils – juste pour intimider les gens » a expliqué au quotidien un commandant taleb de la province de Kunar, lequel aurait refusé d’exécuter ces directives, tout en continuant à s’en prendre aux forces de la coalition.

Toujours selon le Wall Street Journal, des responsables américains ont affirmé être au courant des pressions exercées par l’ISI, notamment grâce aux interrogatoires menés sur des chefs insurgés capturés et mis au frais sur la base de Bagram. Cela étant, l’on ignore si ces ordres émanent de hauts responsables des services pakistanais, ou bien de la S Wing, qui a l’habitude de traiter avec les reponsables taliban…

Cela étant, un rapport transmis à la Maison Blanche indique que l’armée pakistanaise « a continué à éviter les affrontements qui l’auraient mise en conflit direct avec les talibans afghans ou les forces d’Al-Qaïda au Waziristan du Nord ». « C’est autant un choix politique que le signe d’une armée sous-financée qui hiérarchise le choix de ses cibles », précise le document.

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