Justice : Quatre mois de prison ferme requis contre un sous-officier du 2e REP
L’affaire commence le 12 janvier 2008. Ce jour-là, un exercice ayant pour thème « la reconnaissance d’un point particulier » est organisé en Corse, au sein du 2e Régiment Etranger Parachutiste (REP).
Le scénario prévoit alors la simulation d’une attaque ennemie contre le groupe chargé d’effectué la reconnaissance. Le légionnaire d’origine slovaque Jozef Mraz, 23 ans, a été désigné pour jouer l’assaillant. Ordre lui est donné de ne pas faire usage de son arme chargée avec des cartouches à blanc.
Seulement voilà, les consignes ayant été mal comprises, le légionnaire tire avec ses munitions d’exercice sur la section qui progressait vers le point à reconnaître. Ce qui provoque la colère du sergent Makoto Mochizuki.
Ce dernier emprunte alors un fusil d’assaut muni d’un BTB (ndlr: bouchon de tir à blanc) d’un autre militaire et tire à deux reprises, à bout portant, en visant entre les jambes du légionnaire fautif, alors que le règlement impose une distance de sécurité de 5 mètres.
Résultat : le légionnaire Mraz doit être transporté en urgence à l’hôpital de Bonifaccio pour être soigné. Il sera par la suite transféré dans d’autres unités de soins, à Porto-Vecchio puis à Toulouse, pour y subir des interventions chirurgicales qui ne parviendront toutefois pas à lui éviter de souffrir de graves séquelles.
De son côté, le sergent Mochizuki, d’origine japonaise, est sanctionné sur le plan militaire : il écope de 40 jours d’arrêt pour « faute professionnelle très grave ayant occasionné de graves blessures ».
Mais l’affaire ne s’est pas arrêté là puisque le sous-officier a dû comparaître, le 20 avril, devant la chambre spécialisée en matière militaire du tribunal correctionnel de Bastia pour « violences suivies de mutilation ou infirmité permanente ».
« C’est un comportement choquant et inadmissible d’un supérieur sur son subordonné » a estimé le substitut Benoît Cousinet, à propos de l’acte du sergent Mochizuki. « Il n’y a pas eu la volonté d’occasionner des blessures, mais le caractère délibéré ne fait aucun doute » a-t-il poursuivi.
Alors que le sergent Mochizuki risquait une peine de dix ans de prison avec une amende de 150.000 euros, le ministère public a requis à son encontre 24 mois d’emprisonnement, dont 20 avec sursis.
Le tribunal a mis son jugement en délibéré jusqu’au 11 mai prochain et l’audience civile sur les dommages-intérêts a été fixée à une date ultérieure.