Le Yémen inquiète les Etats-Unis

La rébellion des chiites houthis, d’obédience zaïdite, continue d’agiter le nord du Yémen. Ainsi, la semaine passée, de violents combats ont opposé les rebelles aux forces gouvernementales yéménites, soutenues par les tribus locales, dans les provinces de Saada, d’Amrane et d’Al-Jawf. Depuis le mois d’août dernier, Sanaa a décidé d’en finir avec ce mouvement rebelle, fondé en 1997 par Cheikh Hussein Badr Eddine Al-Houthi et qui, s’estimant opprimé par le pouvoir central, a pris les armes il y a maintenant cinq ans.

Mais depuis le 3 novembre, le conflit a pris un tournant avec une incursion des rebelles houthis en territoire saoudien, ce qui a eu pour conséquence l’intervention militaire de Riyad. Le 5 décembre, l’aviation saoudienne a une nouvelle fois bombardé des positions de la rébellion, située sur la montagne d’al-Roumeih, près de la frontière.

Bien que les houthis appartiennent à un courant du chiisme qui présente des différences notables avec celui qui est pratiqué à Téhéran, l’Iran est fortement soupçonné de soutenir les rebelles afin de déstabiliser le royaume saoudien, et notamment la province du Hasa où est établie une forte minorité chiite (30% de la population) et dont le sous-sol est riche en pétrole.

« Des dizaines de houthis ont tenté il y a deux jours d’ouvrir un nouveau front avec l’Arabie Saoudite, en direction de Najrane » a affirmé, la semaine passé, cheikh Arfaj ben Hadbane, le chef de la confédération tribale des Bakil. « Nous ne voulons pas que notre territoire serve de base pour attaquer nos voisins » a-t-il ajouté.

Cette situation inquiète au plus haut point à Washington, qui reste un des principaux alliés de Riyad. Ainsi, le Sénat américain a adopté une résolution, le 4 décembre, dans laquelle il est demandé à aux Etats-Unis et à leurs partenaires internationaux de « recourir à toute mesure appropriée pour venir en aide aux Yéménites et pour empêcher le Yémen de devenir un Etat en faillite ». Le texte soutient « les civils innocents du Yémen, en particulier les personnes déplacées (ndlr: environ 55.000), qui ont souffert d’instabilité, d’opérations terroristes et du sous-développement chronique ».

Et, selon les sénateurs, la situation du Yémen constitue une « menace sérieuse envers la sécurité des Etats-Unis, de la région, et de la population, posée par l’instabilité et le terrorisme ». Car en plus de la rébellion des chiites zaïdites, le pays doit également faire face à l’activisme d’al-Qaïda, qui se sert du territoire yéménite comme base arrière afin de monter des opérations en Arabie Saoudite.

Alors que les Etats-Unis et leurs partenaires ont l’intention d’accomplir de nouveaux efforts pour stabiliser l’Afghanistan et le Pakistan, la crainte est de voir le Yémen, mais aussi la Somalie, devenir de nouveaux points de chute pour les militants de l’organisation d’Oussama ben Laden.

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