La Marine nationale a saisi 4,6 tonnes de cocaïne dans le golfe de Guinée

En 2021, la Marine nationale avait intercepté 44,8 tonnes de drogues en Polynésie française, aux Antilles, dans le golfe de Guinée ou encore dans l’océan indien. Soit l’équivalent d’environ deux milliards d’euros « qui ne financeront pas les flux financiers criminels et terroristes », fit valoir à l’époque l’amiral Nicolas Vaujour, sous-chef d’état-major opérations [SCOPS] à l’État-major des armées.

Ce niveau record des saisies de produits stupéfiants avait été en partie dû à l’action du porte-hélicoptère amphibie [PHA] Dixmude, qui, en mars 2021, avait mis la main sur 6 tonnes de cocaïne après avoir arraisonné le cargo Najlan, battant pavillon de Saint-Kitts-et-Nevis, dans le golfe de Guinée, dans le cadre de l’opération Corymbe.

Engagé à son tour dans le golfe de Guinée, le PHA Tonnerre n’a pas battu le record établi par le Dixmude. Toutefois, la prise qu’il vient de réaliser est significative.

En effet, le 30 novembre, sous la direction du préfet martime de l’Atlantique et du procureur de la République de Brest et avec le soutien d’un avion de surveillance maritime Falcon 50, basé à Dakar, le PHA Tonnerre a intercepté un remorqueur brésilien transportant de nombreux sacs étanches contenant, au total, 4,6 tonnes de cocaïne.

À noter que, durant cette opération, menée en application des dispositions prévues par la convention de Montego Bay sur le droit de la mer ainsi par la convention de Vienne contre le trafic illicite des stupéfiants et substances psychotropes, l’équipe de visite du porte-hélicoptères a été appuyée par deux de ses hélicoptères embarqués, dont un Panther de l’Aéronautique navale et un Cougar de l’Aviation légère de l’armée de Terre [ALAT].

La valeur « marchande » de cette cargaison de cocaïne – qui a été détruite à bord après le prélèvement d’échantillons à des fins de renseignement – a été estimée à 150 millions d’euros par l’Office anti-stupéfiants [OFAST]. Quant à l’équipage du remorqueur brésilien, il a été laissé libre. « Le lieu de l’interception du navire, au large du Sénégal, ne permettait pas d’envisager son transfert jusqu’à Brest », a expliqué Camille Miansoni, le procureur de Brest, à l’AFP.

Ces dernières années, les saisies de cocaïne tendent à devenir plus fréquentes et importantes. Le record qui avait été établi en 2006 par la frégate de surveillance Ventôse [4,3 tonnes] est désormais régulièrement égalé, si ce n’est dépassé.

« Les trafics explosent » dans le golfe de Guinée, a d’ailleurs relevé le vice-amiral d’escadre Olivier Lebas, le commandant de la zone maritime Atlantique, à l’issue de l’exercice Grand African Nemo, en octobre dernier. Au point que, a-t-il dit, le nombre de saisies effectuées par la Marine nationale dans cette partie du monde double chaque année.

Et ces prises ne sont que la partie émergée de l’iceberg… Ainsi, pendant que le PHA Tonnerre arraisonnait le remorqueur brésilien, la police espagnole a indiqué qu’elle venait de mettre la main sur 5,6 tonnes de cocaïnes, dissimulées dans un conteneur arrivé au port de Valence. Deux semaines plus tôt, six autres tonnes avaient été saisies dans deux « conteneurs-citernes » ayant fait le voyage entre le Surinam et le port d’Anvers.

Ces trafics alimentent les réseaux de la grande criminalité, lesquels prennent de plus en plus d’ampleur, comme en Belgique et aux Pays-Bas.

« Il suffit de regarder ce qui se passe [dans ces deux pays] pour démontrer que les organisations que l’on affronte n’ont aucune limite dans leurs moyens financiers, dans leurs frontières ou dans leurs champs d’action », a récemment expliqué Laure Beccuau, la procureure de Paris, dans les pages du journal Le Monde.

Et la France est aussi concernée par ce phénomène. « Si on n’a pas une réaction suffisante, cette contagion est annoncée. Nous savons que ces groupes ont atteint dorénavant un seuil dans leur présence sur les points d’entrée de la drogue en France. Notamment les ports, qui constituent des points de fragilité extrême. Ces organisations se projettent déjà sur les structures portuaires et aéroportuaires, avec des hommes de main présents sur notre territoire », a en effet détaillé Mme Beccuau.

Aussi, ces interceptions de drogues effecutées par la Marine nationale participent évidemment à la lutte contre ces réseaux criminels. « Une tonne saisie en mer évite plusieurs dizaines, voire centaines, de milliers de transactions de quelques grammes à terre, allégeant d’autant le travail des forces de sécurité intérieure », avait d’ailleurs souligné l’amiral Vaujour, l’an passé.

Photo : Marine nationale

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