L’Espagne lance une étude pour définir les concepts opérationnels du Système de combat aérien du futur

Il y un peu plus d’un an, la France, l’Allemagne et l’Espagne signaient l’arrangement d’application n°3 [IAF], censé ouvrir la voie à un démonstrateur du Système de combat aérien du futur [SCAF], programme lancé en juillet 2017 et organisé selon plusieurs « piliers ». Depuis, faute d’accord industriel au sujet du développement de l’avion de combat de nouvelle génération [NGF – New Generation], sur lequel reposera ce « système de systèmes », le projet n’a pas avancé d’un pouce.

Pour rappel, Dassault Aviation entend garder les leviers devant lui permettre d’exercer la maîtrise d’oeuvre qui lui a été confiée pour le NGF [pilier n°1, ndlr], ce que son partenaire Airbus Defence & Space, représenté par ses filiales allemande et espagnole, lui conteste. Pour autant, et malgré ce blocage, le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, a récemment assuré, depuis Berlin, que le SCAF se « fera » car il est « attendu » autant par la France que l’Allemagne. « On ne peut pas être plus direct », a-t-il insisté.

Cela étant, plus tôt, le Délégué général pour l’armement [DGA], Emmanuel Chiva, avait dit attendre, d’ici la fin septembre, le « résultat des discussions très rapides » entre Dassault Aviation et Airbus Defence & Space. Or, aucune annonce nouvelle n’a été faite, alors que le mois se termine.

Lors d’une audition parlementaire dédiée à la Base industrielle et technologique de défense [BITD], le 28 septembre, le Pdg de Dassault Aviation, Éric Trappier, n’a pas donné le sentiment qu’un accord était à portée de main.

« La volonté de faire une coopération avec l’Allemagne, puis avec l’Espagne, est une volonté politique française. Je n’ai pas à la commenter. Ce que j’essaie de faire, c’est de rendre possible une coopération qui ne compromettrait pas les règles qui ont fait la réussite de l’aviation de combat française depuis l’Ouragan jusqu’au Rafale. C’est un exercice difficile. Des discussions sont encore en cours, c’est à dire qu’on n’a pas dit que ça s’arrêtait mais on n’a pas dit non plus que c’était fini. Le ministre a juste rappelé que c’était une volonté politique forte de la France et de l’Allemagne », a déclaré M. Trappier.

Quoi qu’il en soit, lors du dernier salon aéronautique de Berlin [ILA 2022], le chalet dédié au SCAF a fait la part belle à Airbus, EUMET [co-entreprise entre Safran et MTU pour la motorisation du NGF, soit le pilier n°2], MBDA [partenaire d’Airbus pour les effecteurs connectés] ainsi qu’au consortium FCMS, qui réunit les groupes allemands Hensoldt, Diehl Defence, ESG et Rohde & Schwarz. Dassault Aviation et Indra [désigné coordinateur de l’industrie espagnole pour le programme] en étaient absents.

Justement, à propos de l’industrie espagnole, celle-ci vient de se voir notifier plusieurs contrats par Madrid dans le cadre du SCAF.

En effet, le 28 septembre, le ministère espagnol de la Défense a lancé une étude visant à définir le « Concept des opérations » [CONOPS] du SCAF en y impliquant les principaux industriels concernés, dont Indra, Airbus SAU, ITP Aero et le consortium SATNUS [qui réunit Sener, GMV et Tecnobit].

Il s’agit, a expliqué le ministère espagnol, de « définir le programme NGWS/SCAF dans les prochaines étapes de la maturation technologique et de développement de démonstrateur » en prenant en considération les « évolutions possibles des défis auquels l’Ejército del Aire sera confrontée » ainsi que les « solutions possibles pour lui permettre d’y faire face ».

À noter que l’illustration fournie par le ministère espagnol de la Défense représente un avion de combat de nouvelle génération similaire à celui qu’avait dévoilé Airbus Defence & Space pour le projet NGWS [Next Generation Weapon System], envisagé en 2016 par Berlin pour remplacer les PANAVIA Tornado…

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