La Royal Air Force a de sérieuses difficultés pour former ses pilotes de chasse

Après avoir passé les tests de sélection, un jeune Britannique ayant l’ambition de suivre la voie des héros de la Bataille d’Angleterre entame d’abord sa carrière militaire par une formation initiale de 24 semaines au Royal Air Force College Cranwell [Lincolnshire]. Puis il s’initie au pilotage aux commandes d’un Tutor Mk1 [Grob G-115] ou d’un Prefect Mk1 [Grob G-120TP].

Si ses aptitudes le lui permettent, il sera ensuite orienté vers l’aviation de combat et rejoindra, pour deux ans, RAF Valley [Pays-de-Galles], où il poursuivra sa formation à bord d’un T-6 Texan II. Seulement, c’est là que les choses vont commencer à se compliquer pour lui, à en croire la chaîne de télévision Sky News, qui a eu accès à des documents internes de la RAF.

Normalement, après avoir obtenu ses ailes à l’issue de la phase sur T-6 Texan II, l’élève entre dans le vif du sujet, si l’on peut dire, en apprenant les rudiments de son futur métier de pilote de chasse à bord d’un avion à réaction, en l’occurrence un BAe Hawk T2.

Or, d’après Sky News, la disponibilité de cet appareil est insuffisante, notamment en raison d’un problème « émergent » concernant les aubes de compresseur de son moteur Rolls-Royce. Et faute de solution immédiate, cela va « réduire la capacité de formation au cours des trois prochaines années », avec la conséquence de faire « augmenter les délais d’attente pour certains stagiaires d’environ douze mois ».

Ce souci de disponibilité des Hawk T2 ne fait en réalité qu’aggraver un « problème chronique qui dure depuis près de trente ans et que les différents responsables de la RAF n’ont jamais réussi à résoudre », selon un ancien officier cité par la chaîne d’informations britannique.

Car un autre problème auquel est confrontée la RAF est la « fuite » vers les compagnies privées de certains de ses pilotes les plus expérimentés, lesquels n’ont pas forcément envie d’être instructeurs. Et ceux qui n’ont pas cédé au chant des sirènes [du secteur marchand] sont régulièrement sollicités pour tenir les engagements opérationnels britanniques au lieu de former les plus jeunes. Ce qui entraîne une cercle vicieux.

En outre, la conversion opérationnelle sur avions d’armes [Eurofighter Typhoon et F-35B] des pilotes britanniques est également affectée par ce manque d’instructeurs. D’autant plus que la RAF doit aussi former ceux de certains pays, comme le Qatar et l’Arabie Saoudite [également dotés d’Eurofighter Typhoon, ndlr].

L’aviation de combat n’est pas la seule concernée par ces problèmes de formations. D’après les documents cités par Sky News, 347 stagiaires [sur 596, ce chiffre englobant les élèves pilotes de la RAF, de la Fleet Air Arm et de l’Army Air Corps]  »
attendent une place pour une formation ou suivent un cours de ‘recyclage' » étant donné que, passé un certain délai avant d’accéder à la phase suivantes, ils doivent « rafraîchir leurs compétences ».

Ces stagiaires – surnommés « holdies » – doivent donc prendre leur mal en patience en effectuant d’autres tâches. Une source de la RAF a assuré que tout était fait pour « s’assurer qu’ils ne perdent pas leur temps à travailler sur une photocopieuse ». Aussi, ils prennent des cours de langue ou passent d’autres qualifications, comme celle de contrôleur de la circulation aérienne.

Cela n’est pas non plus son conséquence sur la « démographie » de la RAF. Actuellement, affirme Sky News, l’âge moyen d’un pilote nouvellement qualifié est de 29 ans… alors qu’il était de 20/25 ans il n’y a pas encore si longtemps.

Le format – fortement réduit – de la RAF est l’une des raisons ayant conduit à cette situation. Les « dividendes de la paix » de l’après Guerre Froide, le manque d’anticipation et l’externalisation d’une partie de la formation des pilotes, via le contrat « Military Flying Training System », en sont d’autres.

Photo : Royal Air Force

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