Les avions de patrouille maritime Atlantique 2 de la Marine nationale ont franchi le cap des 200’000 heures de vol

Même s’il a été spécialement conçu pour donner la chasse aux sous-marins et protéger les approches maritimes françaises, et en particulier celle de la base de l’Île-Longue, qui abrite les sous-marins nucléaires lanceurs d’engins [SNLE] de la Force océanique stratégique [FOST], l’avion de patrouille maritime Atlantique 2 [ou ATL2] aura été impliqué dans quasiment toutes les opérations extérieures menées par la France lors de ces dernières années, que ce soit en Libye [Harmattan], au Sahel [Serval, Barkhane] ou encore au Levant [Chammal].

Et, évidemment, l’Atlantique 2 est également sollicité pour les opérations navales en cours, comme Agenor [détroit d’Ormuz] et Irini [Méditerranée centrale]. Et c’est sans oublier ses contributions aux missions de l’Otan, notamment en mer Noire et dans la région de la Baltique.

Mis en service il y a plus de trente ans et livré à 28 exemplaires à la Marine nationale [22 sont encore en dotation et il n’en restera bientôt plus que 18], l’Atlantique 2 est une sorte de « couteau suisse », grâce à ses capteurs embarqués et sa capacité à voler pendant 14 heures de suite. En effet, outre la lutte anti-sous-marine, il peut aussi assurer des missions de renseignement et de surveillance, coordonner un raid aérien [SCAR-C pour Strike coordination and reconnaissance – coordinator], en évaluer le résultat [BDA – Battle Damage Assessment], détruire lui-même des cibles avec ses quatre bombes GBU-12 qu’il peut emporter et mener des opérations de sauvetage.

Ce qui fait que, depuis qu’il est en service, l’Atlantique 2 vient de franchir le seuil des 200’000 heures de vol… Et que les Flotilles 21F et 23F se sont vues décerner la Croix de la valeur militaire pour leur engagement dans l’opération Chammal, à l’occasion d’une cérémonie organisée à Lann-Bihoué pour marquer cet évènement.

L’histoire de l’Atlantique 2 est loin d’être terminée. Actuellement, 18 exemplaires sont progressivement portés au standard 6 par Dassault Aviation.

Cette modernisation consiste à traiter leurs obsolescences et, surtout, à leur intégrer de nouveaux équipements [calculateur tactique, capteurs, systèmes de renseignement optronique et acoustique, consoles de visualisation des opérateurs, etc]. Et notamment le radar à antenne active Searchmaster [de Thales], le sous-système de traitement acoustique numérique de dernière génération « STAN », l’interrogateur IFF TSA2542 et la nouvelle version du logiciel de mission LOTI.

A priori, ce standard 6 de l’ATL2 donne pleinement satisfaction. D’ailleurs, le 17 juin dernier, le chef d’état-major de la Marine nationale [CEMM], l’amiral Pierre Vandier, a remis le prix « Ingénieur général [René] Bloch » à Éric Trappier, le Pdg de Dassault aviation, pour « sa contribution au succès de l’aviation de Patrouille maritime ».

« À l’heure où les ATL 2 standard 6 font leurs preuves en opérations, ce prix récompense l’excellence », a même commenté l’amiral Vandier. Et cela, alors que Dassault Aviation propose son nouveau Falcon 10X pour les remplacer. Une solution sur laquelle la Direction générale de l’armement [DGA] ne veut pas « se focaliser ».

« Je ne vois pas pourquoi nous nous focaliserions d’emblée sur le Falcon 10X. Les travaux ont commencé par une étude système à laquelle les avionneurs n’étaient pas associés. Que l’on continue sous forme de coopération ou sur le plan national, il faut regarder les différentes possibilités de plateformes, et il n’y a pas que Dassault en Europe. On peut aussi envisager des plateformes d’Airbus et même, peut-être, de plus bas niveau en matière de performances, du côté d’ATR, voire de CASA, même si cela ne reviendrait pas du tout à jouer dans la même cour », a en effet affirmé Joël Barre, le Délégué général pour l’armement, en novembre dernier.

Quoi qu’il en soit, si des études sont effectivement en cours pour déterminer l’avenir de l’aviation de patrouille maritime [malgré les mésaventures du programme MAWS, qui aurait dû faire l’objet d’une coopération avec l’Allemagne, ndlr], l’Atlantique 2 devrait rester en service jusqu’en 2035.

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