Barkhane/Takuba : La junte malienne demande le retrait « immédiat » des forces spéciales danoises

Le 25 mai 2021, le Parlement danois [Folketing] approuva, à une large majorité, le déploiement au Mali d’une centaine de militaires pour appuyer la force française Barkhane. Ainsi, 60 membres des forces spéciales [Jægerkorpset – JG] devaient être affectés au groupement européen Takuba pendant un an et il était question de déployer une équipe médicale, un élément de soutien logistique national, un avion de transport C-130 Hercules et une capacité de cyberdéfense.

Alors que les députés danois donnaient leur feu vert à ce déploiement, le colonel Assimi Goïta prenait seul le pouvoir à Bamako, à la faveur d’un second coup d’État. L’annonce de ce déploiement des forces spéciales danoises au sein de Takuba aurait-elle « échappé » aux autorités maliennes de transition installées dans la foulée?

Quoi qu’il en soit, le 18 janvier, le ministère danois de la Défense annonça l’arrivée de contingent à Ménaka [Mali], précisant que sa mission consisterait à conseiller et soutenir les forces de défense et de sécurité maliennes au combat, en particulier dans le Liptako-Gourma, c’est à dire la région dite des « trois frontières ». Et cela n’avait alors pas suscité le moindre commentaire officiel de la part des autorités maliennes qui, il est vrai, avaient à « digérer » les sanctions sévères que venait de décider la Communauté économiques des États d’Afrique de l’Ouest [Cédéao] à leur égard pour avoir renié leur engagement d’organiser les élections pourtant prévues en février.

Ce qui n’est plus le cas désormais. Le 24 janvier au soir, la junte malienne a publié un communiqué pour demander au Danemark de retirer « immédiatement » son détachement arrivé à Ménaka, au motif que son déploiement « est intervenu sans son consentement » et « sans
considération du Protocole additionnel applicable aux partenaires d’opération européens devant intervenir au Mali, dans le cadre de la Force Takuba ». Et cela, « sans préjudice des relations d’amitié et de coopération fructueuse » entre Bamako et Copenhague.

Exprimant sa « sa gratitude et ses remerciements à tous ses partenaires intervenant dans le cadre de la lutte contre le terorisme », la junte a également rappelé que « tout déploiement au Mali » nécessite « l’obtention préalable de l’accord des autorités maliennes ».

Pourtant, un diplomate danois a assuré que le déploiement de ce contingent à Ménaka avait été fait dans les règles… Cela étant, le ministère danois des Affaires étrangères a répondu qu’il travaillait « intensément pour apporter plus de clarté à la situation » et qu’il était « en contact avec le gouvernement de transition malien ».

« Il y a actuellement une grande incertitude quant à l’annonce du gouvernement de transition. La contribution danoise fait partie de l’opération dirigée par la France au Mali, et nous sommes donc également en coordination étroite et permanente avec nos partenaires, notamment la France », a expliqué la diplomatie danoise.

Jusqu’à présent, aucun autre contingent européen participant – ou ayant participé – au groupement de forces spéciales Takuba n’a été l’objet d’une telle demande de la part des autorités maliennes de transition.

Cela étant, la semaine passée, ces dernières ont interdit à un avion de transport militaire allemand A400M Atlas d’entrer dans l’espace aérien du Mali [alors qu’il devait se rendre au Niger voisin, ndlr] et fait connaîre leur volonté de revoir les accords de défense conclus avec la France.

Cette réaction de Bamako peut s’expliquer par les récentes déclarations de Jeppe Kofod, le ministre danois des Affaires étrangères, celui-ci ayant en effet soutenu d’éventuelles sanctions de l’Union européenne contre certains dirigeants maliens.

« La junte essaie de duper l’ensemble de ses partenaires. Il y a une fuite en avant, un appel confirmé à une milice extérieure [des mercenaires du groupe paramilitaire russe Wagner, ndlr], et le calendrier de transition est tout à fait inacceptable », avait avancé Jean-Yves Le Drian, le ministre français des Affaires étrangères, pour justifier la de telles sanctions de l’UE. Et d’ajouter : « C’est maintenant à la junte de prendre ses responsabilités. Sinon elle prend le risque de voir ce pays être asphyxié ».

Photo : Ministère danois de la Défense

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]