Une novice des affaires militaires nommée à la tête du ministère allemand de la Défense

Maintenant que les sociaux-démocrates, les écologistes et les libéraux allemands se sont mis d’accord sur la politique qu’ils entendent mener durant les quatre prochaines années, une nouvelle coalition gouvernementale va donc s’installer à Berlin, sous l’autorité d’Olaf Scholz, le nouveau chancelier. Et celui-ci vient de dévoiler la liste de ses 16 futurs ministres.

Ainsi, comme attendu, la cheffe de file des Grünen, Annalena Baerbock, dirigera la diplomatie allemande. Les écologistes ont également obtenu le portefeuille de l’Économie et du Climat, avec Robert Habeck. Ce qui ne sera pas sans conséquences sur l’industrie de l’armement d’outre-Rhin puisque c’est ce ministère qui délivre les licences d’exportation.

Quoi qu’il en soit, il sera entouré de plusieurs secrétaires d’État, dont Sven Giegold, qui s’occupera de la transformation industrielle, et Franziska Brantner, chargée des relations avec le Bundestag, ce qui, là aussi, a son importance compte tenu des coopérations industrielles en cours avec la France.

Justement, dans le domaine militaire, celles-ci connaissent des moments difficiles. Si le Système de combat aérien du futur [SCAF] a obtenu un feu vert – sans blanc seing – de la part de la commission des Finances du Bundestag, le char du combat du futur [MGCS – Main Ground Combat System] est à l’arrêt quand le Maritime Airborne Warfare System [MAWS, patrouille maritime] est compromis, de même que le développement du standard Mk3 de l’hélicoptère Tigre. Quant à l’Eurodrone, le projet européen de drone MALE [moyenne altitude longue endurance], il attend la signature de l’Espagne pour entrer dans vif du sujet, après avoir été suspendu au vote des députés allemands.

Ces dossiers seront désormais gérés par Christine Lambrecht [SPD], qui va donc passer du ministère de la Justice à celui de la Défense. Et sa nomination est une surprise pour la presse allemande. Cette juriste de formation n’a en effet pas montré, du moins jusqu’à présent, un intérêt marqué pour les affaires militaires. Et l’une de ses rares prises de position dans ce domaine a été pour s’opposer à l’armement des drones Heron TP destinés à la Bundeswehr. Sans doute a-t-elle changé d’avis depuis étant donné que l’accord de coalition parle justement d’aller dans cette voie, tout en mettant un veto sur l’acquisition de systèmes létaux autonomes.

Cela étant, le ministère allemand de la Défense, qui passe pour être l’un des plus difficiles, exige un certain sens politique que Mme Lambrecht devra posséder. Pour cela, elle pourra s’appuyer sur son expérience de ministre et de juriste. En tout cas, les défis qui l’attendent sont nombreux. Outre les coopérations en matière d’armement avec la France, elle aura à moderniser le système de passation des marchés de la Bundeswehr, régulièrement au centre des critiques, tout en défendant son budget. En attendant, elle a déjà indiqué qu’elle souhaite évaluer en « permanence » les opérations extérieures des forces allemandes et « définir des stratégies de sortie » afin d’éviter de vivre à nouveau un scénario à l’afghane.

Photo : Par Olaf Kosinsky — Travail personnel, CC BY-SA 3.0

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