Les États-Unis envisagent des coopérations avec certains de leurs alliés pour développer des armes hypersoniques

Étant donné qu’ils lancèrent le programme Conventional Prompt Global Strike en 2001, afin de donner la capacité à leurs forces armées de frapper une cible n’importe où dans le monde en moins d’une heure, on pouvait penser que les États-Unis allaient faire la course en tête dans le domaine des armes hypersoniques. D’autant plus que, au début des années 2010, plusieurs systèmes furent testés avec plus ou moins de réussite, comme le planeur Falcon Hypersonic Technology Vehicle 2 [HTV-2] ou l’Advanced Hypersonic Weapon [AHW].

Finalement, le premier pays à avoir mis en service de telles armes aura été la Russie, avec son système Avanguard. Les forces russes disposent également du missile aérobalistique air-sol Kinjal et du missile 3M22 Zirkon [ou Tsirkon]. La Chine ne ménage pas non plus ses efforts, avec le DF-17 et au moins deux projets de missiles aérobalistiques air-sol.

Cela étant, les États-Unis ont actuellement plusieurs fers au feu, avec les programmes « Common Hypersonic Glide Body » [C-HGB, commun à l’US Navy et à l’US Army], « Hypersonic Conventional Strike Weapon » [HCSW, prononcer « Hacksaw », ndlr] et « Air Launched Rapid Response Weapon [ARRW, ou ARROW, encore appelé AGM-183A].

Si certains de ces programmes ont déjà fait l’objet d’essais réussis, Mike White, responsable du développement des armes hypersoniques au bureau du secrétaire adjoint à la Défense pour la recherche et l’ingénierie, a récemment évoqué la possibilité d’établir des partenariats avec des alliés des États-Unis, selon un compte-rendu publié par le Pentagone, la semaine passée.

La stratégie qu’entend suivre le département américain de la Défense dans le développement des armes hypersoniques repose sur trois objectifs. Dans un premier temps, il s’agira de mettre en service une telle capacité pour des frappes contre des cibles de haute valeur et fortement défendues au début des années 2020. Puis, il est question de mettre au point un système de défense contre les missiles et autres planeurs hypervéloces à l’horizon 2025. Puis, le dernier point vise à concervour des « systèmes hypersoniques réutilisables » vers 2030.

Quoi qu’il en soit, cela suppose de relever de nombreux défis techniques, que ce soit dans les domaines des matériaux, de la propulsion ou bien encore des systèmes de guidage.

« Nous aurons besoin d’ingénieurs et de techniciens supplémentaires pour renforcer la capacité à fabriquer des centaines, voire des milliers de ces armes », a echaîné Mike White. Via le Joint Hypersonic Transition Office, « nous travaillons avec les universités pour créer un programme très solide sur plusieurs sujets de recherche afin de nous assurer que nous aurons le talent dont nous avons besoin dans l’ensemble de ces capacités », a-t-il ajouté.

Mais ce n’est pas tout : le Pentagone « travaille avec des alliés et des partenaires pour examiner le codéveloppement et même potentiellement la coproduction de capacités liées à des systèmes hypersoniques », a affirmé M. White. « Nous voulons nous assurer de tirer pleinement parti des talents et de la base industrieelle non seulement aux États-Unis mais aussi auprès de nos alliés. Et ensuite offrir [à ces derniers] des capacités pour de futures applications potentielles », a-t-il ajouté.

Parmi les alliés des États-Unis, peu de pays ont les moyens technologiques et scientifiques pour développer des armes hypersoniques. La France en fait partie, étant donné qu’elle a ses propres projets dans ce domaine, avec le planeur VMAX et le missile ASN4G, destiné aux Forces aériennes stratégiques [FAS]. Dans ces conditions, une coopération franco-américaine est très hypothètique.

Le Royaume-Uni peut faire figure de candidat idéal, dans la mesure où sa dissuasion repose déjà sur un missile de conception américaine [le Trident, ndlr] et qu’il compte quelques entreprises de pointe, comme Reaction Engines, qui travaille d’ailleurs avec la DARPA, l’agence de recherche du Pentagone.

Mais il n’y a pas qu’en Europe où le Pentagone peut espérer nouer des partenariats. En effet, le Japon s’est donné une feuille de route pour se doter d’armes hypersoniques, avec deux projets différents, dont le planeur HGVP [Hyper Velocity Gliding Projectile], propulsé par un lanceur à combustible solide, et l’Hypersonic Cruise Missile [HCM], doté d’un moteur de type Scramjet. Et, en décembre dernier, l’Australie a déjà fait connaître son intention de mettre au point un missile de croisière hypersonique dans le cadre d’une coopération avec les États-Unis.

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