SCORPION : Quel remplaçant pour l’Engin blindé du Génie de l’armée de Terre?

S’il est généralement fait grand cas des nouveaux véhicules blindés développés dans le cadre du programme SCORPION [synergie du contact renforcée par la polyvalence et l’infovalorisation], comme les GRIFFON, JAGUAR et autres SERVAL ou VBAE, le renouvellement des moyens des unités du génie est un sujet plus rarement évoqué.

Selon les « chiffres clés de la Défense », l’armée de Terre disposait, au 1er juillet 2020, 50 Engins blindés du Génie [EBG] de 42 tonnes, dont certains en version « SDPMAC » [Système de déminage pyrotechnique pour mines antichars] car dotés du lanceur israélien CARPET. En outre, les régiments du Génie sont également doté de VAB Ultima « Génie », avec lesquels ils assurent des missions allant de l’appui à la mobilité au déminage, en passant par la contre-mobilité ou encore l’appui en zone urbaine.

S’agissant plus précisément de l’EBG, il s’agit d’un engin qui, conçu à partir du châssis du char AMX30B2, a été mis en service en 1989. Depuis, il a été revalorisé à deux reprises. La première, réalisée en 2012, a eu pour objet l’amélioration de sa protection et de ses capacités au combat de nuit. La seconde, lancée en 2018, a consisté à lui installer une climatisation et à remplacer le bras de levage par un autre modèle lui permettant d’effectuer des travaux de terrassement.

Évidemment, son successeur, appelé MAC [pour Moyen du génie d’Appui au Contact], devra s’intégrer dans le réseau SCORPION, tout en présentant une « mobilité adaptée au rythme de la manœuvre tactique », ce qui passera par des « capacités élevées à organiser le terrain dans des délais contraints pour l’appui à la manœuvre offensive et défensive » et une protection suffisante pour permettre à réaliser des travaux sous le feu. Enfin, de « classe médiane », il devra être facilement aérotransportable…

Par ailleurs, le MAC remplacera également d’autres engins, comme l’EGRAP [Engin du génie rapide de protection] et l’EGAME [Engin du génie d’aménagement – EGAME]. Reste à voir quand exactement…

« Paradoxalement, les compétences de pointe du génie tiennent une part croissante dans le succès de nos OPEX [opérations extérieures] menées sur des terrains dégradés, mais cette arme n’a pas bénéficié depuis longtemps de programme d’équipement majeur », observait le député Thomas Gassilloud, dans un rapport publié en octobre 2017.
Et d’ajouter : « Les engins blindés du génie sont actuellement l’unique moyen de déblaiement puissant dont dispose la force opérationnelle terrestre, mais leurs obsolescences sont nombreuses. L’armée de terre plaide donc en faveur d’un remplacement rapide de ces capacités, à partir de 2023, par le module d’appui au contact prévu au titre de l’étape 2 du programme SCORPION. » Visiblement, cette échéance n’a pas été accélérée..

Quoi qu’il en soit, des industriels se mettre en ordre de marche pour ce futur marché. Selon l’European Defence Review [EDR], et anticipant un appel d’offres qui pourrait être lancé cette année ou en 2022, CNIM et Texelis ont unis leurs compétences pour proposer un engin pouvant répondre au cahier des charges de l’armée de Terre.

Ce qui a débouché sur un concept reposant sur un châssis 8×8 sur lequel est montée une cabine fortement protégée dans laquelle prendrait place un équipage de trois sapeurs [un conducteur, un chef d’engin et un tireur]. L’engin serait équipé de capteurs électro-optiques pour assurer la surveillance de son environnement ainsi que d’un tourelleau téléopéré Hornet [fourni par Arquus] armé d’une mitrailleuse de 7,62 mm. La protection de base serait de niveau 2 selon la norme STANAG 4569, avec la possibilté de la porter au niveau 4 grâce à des kits.

S’agissant de la motorisation, ce MAC serait doté d’un moteur diesel d’environ 600 chevaux, ce qui lui procurerait une vitesse de pointe sur route de 80 km/h. Il serait en mesure de franchir une pente de 50% et un dévers de 10%. Sa masse au combat serait de 28 tonnes, ce qui lui permettrait de prendre place à bord d’un avion A400M Atlas à condition de démonter ses moyens de chantier [pelle, godet, lame], avec lesquels il pourrait construire une position de tir défensive de 100 mètres de long en 20 heures.

« Nous avons décidé de nous associer à Texelis pour développer cette ébauche de projet afin de montrer que nous avons compris les besoins de l’armée française et que nous avons une solution à proposer », a expliqué Xavier Montazel, responsable de CNIM, à EDR.

Photo : CNIM

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