Bientôt des avions Rafale pour la force aérienne irakienne?

Le 4 novembre, le ministre irakien de la Défense, Juma Enad Saadoun, fut accueilli à la base aérienne [BA] 113 de Saint-Dizier par le général Philippe Lavigne, le chef d’état-major de l’armée de l’Air & de l’Espace [CEMAAE].

À cette occasion, l’escadron de chasse 2/4 La Fayette ainsi que l’escadron de soutien technique aéronautique 15.004 « Haute-Marne » et l’escadron de défense sol-air 05.0950 « Barrois » lui furent présentés. Et M. Saadoun eut aussi droit à une séance d’explications à bord d’un cockpit de Rafale et à une présentation du système de défense aérienne SAMP/T « Mamba ».

À noter que les commandants irakiens des forces aériennes et de la défense aérienne étaient également du voyage, contrairement à la ministre des Armées, Florence Parly. Ce qui aurait pu alors sembler curieux si elle n’avait pas reçu la délégation irakienne le lendemain, à l’Hôtel de Brienne.

Cela étant, la ministre française s’était rendue à Bagdad en août. Et si l’accent de sa visite avait été mis sur le combat contre l’État islamique [EI ou Daesh], il fut aussi question d’approfondir la coopération franco-irakienne « en matière de défense et d’armement, y compris dans les domaines pouvant permettre à l’Irak de renforcer ses moyens de surveillance, au sol comme dans son espace aérien. » D’où, sans doute, le déplacement de la délégation irakienne à Saint-Dizier.

Car, de retour en Irak, et dans une vidéo publiée par le ministère irakien de la Défense [et jusqu’alors passée inaperçue ici], Juma Enad Saadoun a expliqué que son voyage en France avait eu pour « seul objectif de renforcer les capacités de l’armée irakienne avec les derniers équipements ». Et de préciser que Bagdad avait l’intention de se procurer des Rafale [sans en préciser le nombre] et qu’une décision à ce sujet devait être confirmé lors d’un Conseil des ministres.

Qu’en est-il désormais? La veille du centenaire de l’armée irakienne, le 6 janvier dernier, l’ambassadeur de France en Irak, Bruno Aubert, a dit à Juma Enad Saadoun que Paris se tenait aux côtés de Bagdad pour le « renforcement de ses capacités militaires », rappelant la « longue histoire » entre les deux pays.

Puis, lors d’un entretien donné à la télévision d’État Al Iraqiya, le 6 janvier [la vidéo, diffusée par le ministère irakien de la Défense, a été repérée par l’auteur du blog « Mars Attaque »], M. Saadoun a confirmé l’intérêt de Bagdad pour le Rafale. Mieux : un contrat serait sur le point d’être signé. « Nous sommes maintenant en train de discuter des aspects financiers », aurait-il dit.

Pourtant, la force aérienne irakienne est déjà dotée de 34 chasseurs-bombardiers F-16IQ Block 52, acquis dans le cadre d’un contrat signé en 2011 [36 appareils avaient été commandés… mais deux ont été perdus depuis, ndlr].

Récemment, l’Iraqi Oil Report a publié plusieurs articles révélant que la flotte des F-16 irakiens, autrefois engagés dans des opérations en Syrie contre Daesh, se trouvait dans un état critique, faute de maintenance. Et cela, en raison de la détérioration des relations entre Bagdad et Washington. En outre, la publication a affirmé que les appareils irakiens avaient été retirés des opérations aériennes de la coalition anti-jihadiste dirigée par les États-Unis, à cause d’un problème de disponibilité.

Pourtant, pour le centenaire de l’armée irakienne, 23 F-16IQ participèrent au défilé aérien organisé à cette occasion… Ce qui semblait tordre le cou aux affirmations de l’Iraqi Oil Report. Mais en apparence du moins. D’après le site Scramble, ces 23 appareils ne sont en réalité pas tous prêts au combat… étant donné que leurs radars et leur avionique ne fonctionnent pas correctement. « Selon les normes occidentales, ces avions n’auraient pas été autorisés à voler », affirme la publication. Quant aux 11 autres, ils serviraient de réservoirs à pièces détachées.

« Cela est dû à des soucis budgétaires, des problèmes logistiques, une diminution du soutien de la part des sous-traitants pour maintenir en état les F-16 [à cause de la mauvaise situation sécuritaire en Irak] et à des pilotes moins entraînés. Le ministère irakien de la Défense irakien travaille dur pour améliorer cette situation », explique Scramble.

Quant au Rafale, la Grèce ne devrait pas tarder à signer un contrat pour 18 exemplaires, dont 12 d’occasion et 6 neufs. La Croatie pourrait également retenir le chasseur-bombardier de Dassault Aviation, lequel est également en lice dans des appels d’offres en Suisse et en Finlande. Enfin, l’Indonésie serait également sur le point de confirmer l’acquisition d’une trentaine d’exemplaires, selon Mme Parly. Et c’est sans compter sur les nouvelles commandes que l’Inde et l’Égypte sont susceptibles de passer.

Photo : armée de l’Air & de l’Espace

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