Industrie de Défense : Ses sous-traitants en difficulté, le suédois Saab tombe dans le rouge

Quand un gros contrat d’armement est signé, il est généralement question de l’industriel qui bénéficiera de la commande. Plus rarement de ses sous-traitants, lequels tiennent souvent un rôle critique dans sa chaîne d’approvisionnements. C’est d’ailleurs ce qu’ont mis en lumière deux récents rapports parlementaires [l’un du Sénat, l’autre de l’Assemblée nationale] pour mettre en garde contre les effets potentiels de la crise économique provoquée par la pandémie de covid-19.

« Lorsque Thales remporte un contrat, la valeur du produit qui correspond au fournisseur est en moyenne de 50 %. Dans certains cas, la valeur revenant aux sous-traitants peut atteindre 70% », avaient ainsi souligné les sénateurs Pascal Allizard et Michel Boutant. Et d’insister : « On croit parfois que les grands groupes ont une assise qui les met à l’abri d’une crise conjoncturelle, même violente, et qu’en tout état de cause l’État viendrait à leur secours si elles étaient dans une impasse, selon l’adage du ‘too big to fail’. Mais la faillite n’est pas le seul risque qui guette les grands groupes. Si les maillons de leurs chaînes d’approvisionnement cassent, ils peuvent se retrouver en grande difficulté. »

Et c’est justement le risque auquel est confronté le groupe suédois défense et d’aéronautique Saab, dont le cours de l’action a dévissé de plus de 10% à la Bourse de Stockolm, après la publication, le 19 octobre, de résultats en repli par rapport à l’an passé, malgré un carnet de commandes plein.

Ainsi, dans son rapport trimestriel, l’industriel suédois explique avoir subi indirectement les effets de la crise économique provoquée par la pandémie, via des « perturbations de la chaîne d’approvisionnement. » En outre, il a également dû faire face à une « dégradation brutale des conditions de marché » pour ses activités civiles, qui représentent environ 15% de son chiffre d’affaires.

« La prolongation de la pandémie et la reprise lente affectent principalement les sous-traitants et la fourniture de matériel pour le programme » de l’avion de combat Gripen E/F, précise Saab, qui a fait état d’une perte nette de 371 millions de couronnes [336 millions d’euros] pour le troisième trimestre.

En outre, son résultat d’exploitation a chuté à -663 millions de couronnes [contre +518 millions l’an passé à la même époque]. Et sur un an, son chiffre d’affaires a baissé de -23%, à 6 milliards de couronnes… Soit un milliard de moins par rapport aux prévisions des analystes. En revanche, les prises de commande ont augmenté de 8%, à 10 milliards de couronnes.

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