L’industrie britannique dévoile des « concepts révolutionnaires » pour le futur avion de combat « Tempest »

Alors que, outre-Manche, une revue stratégique de défense et de sécurité ainsi qu’un examen des dépenses publiques sont en cours, sur fond d’incertitudes économiques en raison de la crise sanitaire liée à la covid-19 et au Brexit, la « Team Tempest », c’est à dire le groupement d’entreprises impliquées dans le développement du futur avion de combat britannique [et italien], multiplie les annonces depuis quelques semaines.

Ainsi, par exemple, en juillet, soit deux ans après la présentation de ce nouveau programme, BAE Systems a levé le voile, en juillet, sur sa « smart factory », une « usine 4.0 » implantée à Warton [Lancashire] qui fera appel à l’impression 3D et la robotique pour produire les composants du futur « Tempest », l’enjeu étant de réduire les délais et les coûts de fabrication de cet appareil, dont la mise en service est prévue en 2035.

Dans le même temps, et en plus d’une coopération avec le sudéois Saab, plusieurs autres entreprises ont rejoint BAE Systems, Leonardo et MBDA UK au sein de la Team Tempest, dont Bombardier Belfast, Collins Aerospace, GE Aviation UK, GKN Aerospace, Martin Baker, QinetiQ et Thales UK.

Puis, un mois plus tard, BAE Systems a indiqué qu’il miserait sur la technologie dite des « jumeaux numériques » pour accélérer le développement de cet avion de 6e génération, sans passer par la case « démonstrateur ».

Plus récemment, Leonardo a fait état d’une expérimentation qui, conduite en coopération avec la Royal Air Force, a consisté à faire évoluer un essaim de drones dotés du système de guerre électronique « Britecloud » pour leurrer et saturer des défenses aériennes adverses.

Puis, la semaine passée, la Team Tempest a communiqué sur les concepts « révolutionnaires » qui seront mis en oeuvre par le Tempest, qui « fera partie d’un système aérien de combat plus large » et qui « exploitera les nouvelles technologies à mesure qu’elles évolueront afin de répondre à la nature changeante de l’espace de combat et de traiter des menaces de plus en plus complexes et sophistiquées ».

Parmi les concepts présentés, BAE Systems a insisté sur le « cockpit portable », qui consiste en un tableau de bord virtuel projeté directement sur la visière d’un casque [celui du pilote ou d’un opérateur au sol] grâce à la réalité augmentée et virtuelle.

Configurable en fonction des missions et ayant recours à l’intelligence artificielle, ce concept fait appel à la « psycho-physiologie » pour « étudier les processus physiques et cognitifs de l’opérateur afin de mieux comprendre l’effort, le stress, la charge de travail et la fatigue » auxquels il peut être confronté.

Autre concept développé par BAE Systems : le « copilote virtuel », qui pourra prendre la forme d’un « avatar » intégré dans le cockpit pour interagir avec le pilote.

De son côté, Leonardo UK a évoqué une nouvelle technologie radar, capable de collecter et de traiter une quantité de données équivalente à une seconde du trafic Internet d’une grande ville. » Appelé « système de radiofréquence multifonction » [Multi-Function Radio Frequency System], décrit comme étant « 10.000 fois plus performants que le systèmes existants », ce capteur « offrira un large éventail de capacités, allant au-delà du radar traditionnel, avec une technologie entièrement numérique permettant à l’opérateur d’avoir une vue exceptionnellement claire de l’espace de combat et des cibles potentielles », explique la Team Tempest.

« Leonardo a déjà construit des sous-systèmes complets en utilisant cette nouvelle technologie et les a testés avec succès sur le site de la société à Édimbourg, ouvrant la voie vers des démonstrations aéroportées dans les années à venir », précise-t-elle.

Quant à la motorisation de ce futur avion de combat, Rolls Royce a fait état du développement d’une nouvelle chambre de combustion pouvant supporter des températures plus élevées que celles existantes, ce qui « augmentera l’efficacité du moteur et permettra d’aller plus loin, plus vite ou de produire moins de dioxyde de carbone. » Pour cela, le motoriste britannique évoque la mise au point de composants à la fois plus légers et plus denses, grâce à des « matériaux composites » et la fabrication additive [impression 3D, ndlr].

Selon la Team Tempest, plus de 60 innovations technologiques dans les domaines de la détection, de la gestion des données et de l’intelligence artificielle font actuellement l’objet de recherches.

« Les relations entre Team Tempest et le réseau de partenaires universitaires et de PME nous permet de rassembler les meilleurs ingénieurs du Royaume-Uni. Fondamentalement, nous adoptons de nouvelles façons de travailler […] pour améliorer considérablement l’efficacité, notamment en partageant nos données et en affinant nos concepts numériquement. L’objectif est de fournir les innovations qui façonneront le système aérien de combat de la prochaine génération », a fait valoir Iain Bancroft, un haut responsable de Leonardo UK.

Par ailleurs, une étude commandée par BAE Systems à Price Waterhouse Cooper et publiée la semaine passée, a souligné que le programme Tempest pourrait générer plus de 20.000 emplois hautement qualifiés dans l’industrie de défense et serait susceptible d’injecter plus de 25 milliards de livres sterling dans l’économie britannique d’ici 2050, tout en stimulant l’innovation technologie pour le secteur civil.

Pour le moment, le gouvernement britannique a débloqué une enveloppe de 2 milliards de livres sterling pour le développement du Tempest. À titre de comparaison, le SCAF [Système de combat aérien du futur], porté par la France, l’Allemagne et l’Espagne, a déjà coûté 220 millions d’euros pour l’étude de concept et la phase de développement d’un démonstrateur [phase 1A]. Et 4 autres milliards seront nécessaires d’ici 2026 pour la mise au point des technologies nécessaires pour le démonstrateurs, puis 8 milliards devront être investis d’ici 2030. « Le coût total du programme est évalué par certains analystes à une fourchette comprise entre 50 et 80 milliards d’euros », a avancé un récent rapport parlementaire.

Photo : © Royal Air Force

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