L’US Air Force a fait voler le démontrateur d’un nouvel avion de combat développé en secret

Après que le président Trump a évoqué l’existence d’une arme dont personne n’avait entendu parler jusqu’ici, Will Roper le secrétaire adjoint à l’Air Force chargé des acquisitions, de la technologie et de la logistique, a lâché une petite bombe, le 15 septembre, lors de la conférence annuelle organisée par l’Air Force Association.

Ainsi, rapporte Defense News, M. Roper a affirmé que les États-Unis ont, en secret, développé et fait voler le démonstrateur d’un nouvel avion de combat, dans le cadre du programme Next Generation Air Dominance [NGAD] de l’US Air Force. Ce qui, officiellement, n’était plus arrivé depuis le Boeing X-32 et le Lockheed Martin X-35 [officieusement, ce ne serait pas le cas : des appareils inconnus ayant été aperçus, ces dernières années, dans les cieux de la Californie et du Texas]

Pour rappel, le NGAD vise à mettre au point un « système de systèmes » autour d’un avion de combat de « 6e génération » appelé « Penetrating Counter Air » [PCA] et destiné à remplacer les F-15 et les F-22A « Raptor » de l’US Air Force. Cet appareil sera placé au centre d’un réseau comprenant des drones, des effecteurs et d’autres capteurs avancés. L’US Navy conduit un programme portant le même nom mais avec des objectifs différents.

« Nous avons déjà construit et fait voler un démonstrateur du programme NGAD. Nous avons battu des records en le faisant. […] Nous sommes prêts à construire l’avion de nouvelle génération avec une approche inédite », a déclaré M. Roper, en faisant référence à la « Digital Century Series initiative« , laquelle repose sur les avancées de l’ingénierie numérique qu’il met en avant depuis qu’il est en fonction.

Cette initiative doit permettre de développer plus rapidement de nouveaux avions de combat, afin de garantir la supériorité opérationnelle de l’aviation militaire américaine, laquelle disposerait ainsi d’appareils toujours à la pointe de la technologie. Cette approche avait été celle des années 1950/1960.

Actuellement, a expliqué M. Roper, l’US Air Force dépense 70% de son budget pour « entretenir » d’anciennes plateformes au lieu d’en acheter de nouvelles, intégrant les dernières évolutions technologiques. Aussi, l’enjeu de l’initiative qu’il défend est d’inverser cette tendance, et donc à ne consacrer que 30% de l’enveloppe budgétaire à la maintenance, en retirant du services les aéronefs au bout de 15 ans maximum pour les remplacer par d’autres, « plus pertinents ». En clair, a-t-il résumé, il s’agit d’acheter du neuf plutôt que de maintenir en état des équipements anciens.

Pour encourager l’industrie dans cette voie, la secrétaire à l’US Air Force, Barbara Barrett, avait annoncé, la veille, que les aéronefs et les satellites conçus grâce à l’ingénierie numérique seront désignés par le préfixe « e ».

L’ingéniérie numérique est un plus vaste que la simple conception assistée par ordinateur [CAO]. Elle repose sur le concept de « jumeau numérique », qui consiste, comme son nom le suggère, à concevoir le double virtuel d’un objet que l’on souhaite mettre au point et à simuler son comportement en temps réel. Ce qui réduit les délais et génére des économies.

Cela étant, M. Roper n’a pas voulu indiquer si ce démonstrateur a volé avec un pilote à bord. De même qu’il n’a rien dit sur la date de ce vol inaugural [ni où il a eu lieu]. Et les caractéristiques de cet appareil sont pour le moment classifiées. En outre, l’industriel qui l’a conçu n’a pas non plus été précisé. « Tout ce que je peux dire, c’est que les vols d’essai du NGAD ont été incroyables. Des records ont été battus », a-t-il affirmé.

Quoi qu’il en soit, l’annonce de M. Roper « explique où allait le financement du NGAD. L’une des choses que nous avons remarquées dans notre récente analyse budgétaire est que le programme consommait environ un milliard de dollars par an, alors que la stratégie d’acquisition n’avait pas été finalisée », a commenté, auprès de Breaking Defense, Todd Harrison, analyste au Centre d’études stratégiques et internationales [CSIS].

« Malgré l’existence d’un prototype, l’US Air Force devra convaincre le Congrès qu’il est temps de passer à un nouveau chasseur alors que le F-35A n’a toujours pas atteint son plein régime », a continué M. Harrison.

Photo : Lockheed-Martin

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