L’armée allemande choisit le fusil d’assaut MK556 de l’armurier C.G Haenel aux dépens du HK-416
Le fusil d’assaut HK G-36, de l’armurier Heckler & Koch, aurait pu rester longtemps en dotation au sein des forces armées allemandes [Bundeswehr] s’il n’avait pas accumulé les plaintes à l’occasion de l’engagement de ces dernières en Afghanistan. Et il lui était ainsi reproché un manque de précision par temps chaud, avec des écarts allant jusqu’à 50 cm à 100 mètres de distance de la cible.
Ce que confirma une enquête menée par l’institut indépendant Ernst-Mach, le Centre technique de la Bundeswehr pour les armes et munitions [WTD 91] et l’Institut de recherche de la Bundeswehr pour les matériaux. Un élément en composite, lié au canon, fut alors rendu responsable de ce manque de précision étant donné qu’il perdait de sa consistance sous l’effet de chaleur.
Aussi, le ministère allemand de la Défense décida, dans un premier temps, de suspendre les livraisons de fusils HK G-36 et, par la suite, de lancer un appel d’offres pour trouver un nouveau modèle, dans le cadre d’un programme appelé « System Sturmgewehr » et lancé en 2017.
Pour cette procédure, Rheinmetall s’est associé à l’autrichien Steyr-Mannlicher pour soumettre une proposition. Les armuriers SigSauer, qui a annoncé, en juin, une suspension de ses activités, Heckler & Koch et C.G Haenel ont également remis des offres.
Finalement, en mai dernier, il ne restait plus que deux candidats en lice : Heckler & Koch, avec ses fusils HK-416 [qui équipe l’armée française, ndlr] et HK433, et C.G Haenel, avec le MK556 [MK pour « Maschinenkarabiner »], inspiré de la carabine américaine AR-15.
Étant donné qu’il est l’un des principaux fournisseurs de la Bundewehr depuis quasiment la création de cette dernière [en 1954, ndlr], Heckler & Koch partait favori. Et cela d’autant plus que le HK-416 donne pleinement satisfaction à l’armée de Terre française.
Mais tel n’aura pas été le choix fait par le ministère allemand de la Défense, qui a confirmé, le 15 septembre, avoir retenu le fusil MK556 de C.G Haenel. Fusil qui, selon les médias d’outre-Rhin, aurait surclassé ceux de Heckler & Koch lors des évaluations.
Créé en 1840 par Carl Gottlieb Haenel, commissaire royal de Prusse pour la fabrication d’armes à feu qui eut l’idée de produire des armes à l’échelle industrielle, C.G Haenel [ou Haenel Defence] est surtout connu pour avoir mis au point le fusil d’assaut Sturmgewehr 44 [ou StG 44] destiné aux forces allemandes durant la Seconde Guerre Mondiale.
Depuis, C.G Haenel s’était surtout adressé à une clientèle civile [armes de chasse, tir sportif] même s’il fournit actuellement les armes de précision des forces spéciales d’outre-Rhin [les fusils G29/RS9] ainsi que les CR223 [version semi-automatique du MK556] à la police de l’État de Saxe. Actuellement, l’armurier est une filiale du groupe émirati Tawazun. Un point que des militants pacifiste n’ont pas manqué de relever, rapporte la Deutsche Welle. « Nous pensions que le gouvernement allemand ne confierait pas un contrat à une entreprise appartient aux Émirats arabes unis », qui « sont impliqués depuis des années dans la guerre au Yémen, aux, côtés de l’Arabie Saoudite », a résumé Jürgen Grässlin.
Cela étant, H&K avait tenté de mettre toutes les chances de son côté en nommant Harald Kujat, un ancien chef d’état-major de la Bundeswehr, à la tête de son conseil de surveillance. Et cela « dans une tentative apparente d’utiliser ses contacts avec l’armée pour obtenir le contrat », a commenté la Deutsche Welle. Mais ce dernier a démissionné quand l’armurier est passé sous le contrôle de la holding CDE, du financier français Nicolas Walewski.
Dans un communiqué, H&K a admis son échec, tout en se disant « absolument convaincu de la qualité des fusils HK-416 et HK433 ». Reste que la perte de ce contrat, d’une valeur de 250 millions d’euros pour 120.000 fusils, est un coup dur pour l’armurier, dans la santé financière est délicate, avec une dette d’envion 237 millions d’euros.
Cependant, le choix du MK556 fait par le ministère allemand de la Défense n’est pas encore définitif : il le sera si, d’ici les quinze prochains jours, la procédure n’est pas contestée devant les tribunaux et si le Bundestag [chambre basse du Parlement] donne son feu vert.