À peine revenu du golfe de Guinée, le porte-hélicoptères Tonnerre part en mission humanitaire au large de Beyrouth [MàJ]

Alors que doit se tenir, ce 9 août, une Conférence internationale de soutien et d’appui au peuple libanais, organisée à l’initiative de la France en relation avec les Nations unies, pour faire face à l’explosion d’un stock de nitrate d’ammonium qui a ravagé Beyrouth, le 4 août, le ministère français des Affaires étrangères a détaillé le dispositif que Paris entend déployer dans les prochaines heures pour acheminer de l’aide humanitaire au Liban. Et cela, dans un contexte quasiment révolutionnaire, les manifestations contre la classe politique libanaise ayant pris de l’ampleur au cours de ces derniers jours.

L’explosion du 4 août, qui, selon un dernier bilan, a fait au moins 158 morts et plus de 6.000 blessés, est survenue alors que le Liban traversait une grave crise économique, marquée par une dépréciation sans précédent de la livre libanaise, une inflation galopande [90%] et un taux de chômage supérieur à 30%. La classe politique est vivement critiquée par l’opinion, qui l’accuse de corruption et de clientélisme. La défiance à l’égard de cette dernière est telle qu’une pétition en ligne pour placer le Liban sous protectorat français a d’ores et déjà obtenu plus de 60.000 signatures.

Par ailleurs, au regard de la situation économique du pays, l’ONG CARE a prévenu que, sans une aide de la communauté internationale, la famine était inévitable. En effet, plusieurs silos du port de Beyrouth qui contenait quelque 15.000 tonnes de blé ont été détruits. En outre, le Liban importe 90% de ses besoins alimentaires. Et si on ajoute l’inflation [le prix du lait a déjà quadruplé], nombreuses seront les familles libanaises qui ne seront plus en mesure de se nourrir.

En outre, l’explosion ayant détruit ou endommagé de nombreux immeubles, une grande partie de la population de Beyrouth se retrouve sans toit. Enfin, en plus de la covid-19, il y a un risque de voir se développer d’autres épidémies.

Déjà, dès le 5 août, la France en envoyé à Beyrouth 55 militaires de la sécurité civile [UIISC 1, ndlr], 15 tonnes de matériel et équipements d’intervention ainsi qu’un poste sanitaire de secours d’urgence en capacité de prendre en charge 500 patients et 5,5 tonnes de médicaments d’urgence, via un A330 MRTT et un A400M de l’armée de l’Air. Le même jour, 9 marins-pompiers de Marseille et 500 kg de fret médical on tété acheminé au Liban par un avion affrété par le groupe CMA-CGM.

Selon le Quai d’Orsay, un autre avion a décollé de Villacoublay le lendemain afin de « projeter un détachement de 60 personnels du ministère de l’Intérieur ». Et un C-130J Hercules a acheminé, depuis la base aérienne d’Orléans, 11 tonnes de médicaments « permettant la prise en charge plus de 1 000 blessés, ainsi qu’une palette de 10.000 doses de vaccins. »

« Des équipes françaises apportent un soutien aux équipes d’intervention sur le terrain. Le détachement de la sécurité civile participe aux opérations de recherche et de déblaiement. Les personnels de police et de gendarmerie concourent à l’identification des victimes et à la recherche des causes de l’explosion. Des experts participent à l’analyse et à l’évaluation des risques chimiques », détaille le ministère des Affaires étrangères.

D’autres vols militaires sont prévus pour acheminer « notamment 13 tonnes de produits alimentaires et 3 tonnes de médicaments, y compris les dons d’entreprises et associations », précise la diplomatie française.

Comme l’a annoncé le président Macron lors de son déplacement à Beyrouth, un peu moins de deux jours après la catastrophe, le porte-hélicoptères amphibie [PHA] Tonnerre, qui vient à peine de terminer un déploiement dans le golfe de Guinée au titre de l’opération Corymbe, va appareiller de Toulon, ce 9 août, pour rejoindre les côtes libanaises. Il sera suivi par un « cargo sera affrété par le ministère des Armées […] en début de semaine prochaine. »

« Ces moyens permettront la mise en œuvre de capacités en matière de santé, notamment à travers l’hôpital à bord du Tonnerre, des équipes et matériels du génie, des moyens aériens, ainsi que le transport de 200 tonnes de farines, de produits laitiers et infantiles, de 134 tonnes de rations alimentaires, de 75.000 litres d’eau potable et de matériaux de reconstruction », précise Quai d’Orsay.

Effectivement, le PHA Tonnerre dispose d’un hôpital de rôle 3, qui, équivalent à celui d’une ville de 20.000 habitants, s’étend sur une surface de plus de 950 mètres carrés, avec une vingtaine de locaux, dont deux blocs opératoires, un plateau technique, un scanner, des installations de télémédecine et 69 lits médicalisés, dont 50 dédiés aux soins intensifs.

Màj : Dans un communiqué, le ministère des Armées précise que le PHA Tonnerre embarque :

    • – Un groupement génie de l’armée de Terre d’environ 350 hommes commandé par le 2e régiment étranger de génie. Constitué sur très court préavis, ce module est particulièrement adapté pour agir en milieu complexe, notamment par ses capacités de déblaiement, de travaux et d’aide au déploiement ;
    • – Un détachement de plongeurs démineurs de la Marine nationale avec des compétences de travaux sous-marins et d’investigation de zones portuaires
    • – Des moyens amphibies de débarquement : un Engin de débarquement amphibie rapide (EDAR) et deux Chalands de transport de matériel (CTM)
    • – Deux hélicoptères (un Caracal de l’armée de l’Air et une Alouette III de la Marine nationale)
    • – Des capacités de reconnaissance des accès maritimes et de soutien hydrographie du Service hydrographique et océanographique de la marine (SHOM)
    • – Un module du 519ème régiment du train pour aider au débarquement à Beyrouth
    • – Des véhicules incendie des marins-pompiers de Marseille qui seront donnés au Liban
    • – Du personnel et du matériel de première nécessité (fret alimentaire et matériaux de construction) mis à disposition par le ministère des Armées, le ministère de l’Europe et des affaires étrangères, le ministère de l’Intérieur, le ministère des Solidarités et de la santé, et par des entreprises privées.

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