Le Parlement de Tobrouk ouvre la voie à une intervention militaire égyptienne en Libye

Au cours de ces dernières semaines, et avec l’appui militaire de la Turquie, qui se traduit par l’envoi de combattants recrutés parmi les groupe rebelles syriennes qu’elle soutien et des livraisons d’armes, les forces du gouvernement d’union nationale libyen [GNA] ont infligé une série de revers à l’Armée nationale libyenne [ANL] du maréchal Haftar, laquelle avait lancé une offensive en direction de Tripoli en avril 2019. Et, désormais, elles sont aux portes de Syrte, dont la prise constituerait une « ligne rouge » pour l’Égypte.

En effet, étant donné les très mauvaises relations entre Le Caire et Ankara [qui s’expliquent notamment par les revendications de la Turquie en Méditerranée orientale ainsi que sa proximité avec les Frères musulmans], le président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, a récemment déclaré toute avancée des forces pro-GNA vers Syrte ainsi que vers la base d’al-Joufrah, serait susceptible de porter atteinte à la sécurité de l’Égypte.

Pour rappel, Le Caire soutient le maréchal Haftar ainsi que le gouvernement de Tobrouk, qui tire sa légitimité du Parlement élu en juillet 2014 [et qui avait été chassé de Tripoli la même année]. De même que les Émirats arabes unis, la Russie ou encore la Syrie.

Dans le cas d’une offensive du GNA vers Syrte, alors « toute intervention directe de l’Egypte deviendrait légitime au niveau international, que ce soit au regard de la charte de l’ONU sur la légitime défense ou qu’elle se base sur la seule autorité légitime élue par le peuple libyen : le Parlement libyen », a par ailleurs affirmé M. al-Sissi, le 20 juin dernier. Et d’ajouter : « Si le peuple libyen nous demande d’intervenir, c’est un signal envoyé au monde que l’Egypte et la Libye partagent […] des intérêts communs, la sécurité et la stabilité. »

Cela étant, Le Caire n’aura pas besoin d’invoquer la charte de l’ONU sur la légitime défense pour une éventuelle intervention militaire en Libye. En effet, dans la nuit 13 au 14 juillet, le Parlement de Tobrouk [ou Chambre des représentants, ndlr] a donné son accord pour « permettre aux forces armées égyptiennes d’intervenir pour protéger la sécurité nationale libyenne et égyptienne, si elles voient une menace imminente pour la sécurité de nos deux pays. »

« Nous appelons à des efforts concertés entre les deux pays frères, la Libye et l’Egypte, pour assurer la défaite de l’occupant envahisseur [la Turquie, ndlr] et préserver notre sécurité nationale commune », a ajouté le Parlement libyen, via un communiqué. « Les dangers posés par l’occupation turque représentent une menace directe pour notre pays et pour les pays voisins, surtout pour l’Egypte », a-t-il encore fait valoir.

La perspective d’une intervention militaire de l’Égypte se précise donc… D’autant plus que des chars Abrams égyptiens [voir photo] ont déjà été signalés près de la frontière libyenne au début du mois de juin.

Reste à voir si les forces pro-GNA lanceront une offensive vers Syrte… dont le contrôle assure la mainmise sur le croissant pétrolier libyen. Selon le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, on en prend le chemin.

En effet, le 8 juillet, après avoir une nouvelle fois dénoncé les « livraisons d’équipements sophistiqués et le nombre de mercenaires impliqués dans les combats » en Libye, ce dernier s’est dit « très préoccupé » par « la concentration militaire alarmante autour de Syrte » ainsi que par le « haut niveau d’interférence étrangère directe dans le conflit. »

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