La possible évolution de la formation des pilotes de US Navy aura des conséquences pour la Marine nationale

Actuellement, la formation des futurs pilotes de chasse de l’aéronavale américaine [US Navy et US Marine Corps] repose en partie sur l’avion d’entraînement T-45C Goshawk, dont 221 exemplaires ont été livrés par Boeing entre 1991 et 2009. Et, ces dernières années, ce type d’appareil n’a pas été épargné par les problèmes, comme celui ayant récemment affecté son système OBOGS [On-Board Oxygen Generating System]. Au total, plus de 20 appareils ont été perdus.

Le T-45C Goshawk est une évolution du Hawk, l’avion d’entraînement de BAE Systems. Étant donné qu’il est utilisé pour former de futurs pilotes de la chasse embarquée, cet appareil a été profondément modifié pour lui permettre d’apponter et d’être catapulté depuis le pont d’un porte-avions. Ce qui, visiblement, ne sera pas le cas de son éventuel successeur.

En effet, la semaine passée, dans le cadre de son programme UJTS [Undergraduate Jet Training System], le Naval Air Systems Command [NAVAIR] a diffusé un avis pour obtenir des informations au sujet d’un nouvel avion d’entraînement à réaction, qu’il entend mettre en service en 2028.

La surprise est que le NAVAIR cherche un avion existant déjà et assez robuste pour résister à des taux de descente élevés afin d’effectuer des « touch and go » sur un porte-avions [Carrier touch-and-go] et des simulations d’appontage à terre [Field Carrier Landing Practice – FCLP]. En clair, il n’aura pas besoin d’être doté d’une crosse d’appontage. Côté performances, cet appareil devra avoir un plafond opérationnel de 41.000 pieds et être capable de voler à au moins 600 noeuds.

Sur le marché, trois avions pourraient correspondre à ce que veut le NAVAIR : le T-7A Red Hawk [Boeing/Saab], le T-100 [dérivé du M-346 Master de Leonardo] et le T-50A [Lockheed-Martin/KAI Aerospace].

À noter que la marine chinoise s’inscrit dans une logique similaire : l’avion d’entraînement destiné à son aviation embarqué, le JL-9, est dépourvu de crosse d’appontage.

Cela étant, cette demande d’informations interroge sur les intentions de l’US Navy au sujet de la formation de ses pilotes embarqués. Pour le moment, il n’est pas clair s’il est question de remplacer l’ensemble des T-45C [alors que les derniers qui ont été livrés ont encore du potentiel] ou s’il s’agit de compléter la flotte d’avions d’entraînement par un nouvel appareil. Ce qui permettrait de soulager les Goshawk, dont le taux de disponibilité est régulièrement jugé insuffisant par le Government Accountability Office [l’équivalent américain de la Cour des comptes, ndlr] et l’Inspection générale du Pentagone.

Quoi qu’il en soit, cela augure un changement dans le cursus de formation des pilotes de l’US Navy, de l’USMC et… de la Marine nationale. En effet, depuis le retrait des Fouga CM-175 Zéphyr, l’aéronautique navale française envoie ses élèves pilotes aux États-Unis, plus précisément à la base aéronavale de Meridian [Mississippi].

Dans le cas où l’intention de l’US Navy serait effectivement de remplacer les T-45C, la question serait de savoir à quel moment les élèves pilotes de la chasse embarquée auront l’occasion de s’exercer à l’art délicat d’accrocher un brin sur le pont d’un porte-avions… alors que cette manoeuvre sera facilitée, à l’avenir, par le système ATARI [Aircraft Terminal Approach Remote Inceptor], qui permet à l’officier de pont de prendre le contrôle d’un avion et d’apporter les corrections nécessaires pour assurer son appontage.

Leurs homologues qui tiennent les commandes des C-2 Greyhound et des E-2 Hawkeye font leur formation à bord de Beechcraft King Air, c’est à dire des avions qui sont incapables d’apponter… Mais une fois brevetés, ils ne sont pas lâchés seuls : leur premier appontage se fera sous le regard de leur commandement de bord.

Théoriquement, l’US Navy peut faire passer ce type de qualification avec des F/A-18 Super Hornet biplaces, à la condition de dédier quelques appareils de ce type à des missions d’entraînement… Ce qui ne serait pas possible pour la Marine nationale, le Rafale Marine n’existant pas en version biplace.

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