Marine nationale : Objectif 2036 pour les essais en mer du porte-avions de nouvelle génération

Mis en place il y a quelques semaines par Thomas Modly, l’ex-secrétaire par intérim à l’US Navy pour examiner ce que pourrait être le visage de l’aéronavale américaine à l’horizon 2030, le groupe de travail « Futur Carrier 2030 » n’aura pas l’occasion de présenter ses travaux… lesquels promettaient pourtant d’être intéressants.

En effet, M. Modly avait expliqué qu’une telle étude était nécessaire avant d’aller au-delà de l’achat de quatre « super » porte-avions de la classe Gerald Ford, et d’envisager éventuellement la construction de navires plus légers et mieux adaptés pour la région Asie-Pacifique.

« Les défis à long terme auxquels notre nation et le monde sont confrontés exigent des évaluations lucides et des choix difficiles. […] Parce que nous avons quatre nouveaux porte-avions de la classe Ford sous contrat, nous avons un peu de temps pour repenser ce qui va suivre. Toute évaluation que nous faisons doit tenir compte des coûts, de la capacité de survie et des exigences nationales essentielles pour maintenir une base industrielle capable de produire les navires dont nous avons besoin – des navires qui contribueront à une force navale intégrée supérieure pour les années 2030 et bien au-delà », avait expliqué l’ex-secrétaire par intérim.

Mais ce dernier ayant trébuché sur la passerelle lors de la contamination de l’USS Theodore Roosevelt par le [ou la] Covid-19, son sucesseur, James E. McPherson, un ancien amiral, n’a visiblement pas l’intention de remettre en question le statu-quo… En effet, selon USNI News, il a décidé de suspendre les travaux du groupe « Future Carrier 2030 ». Et celui qui est actuellement pressenti pour devenir le prochain secrétaire à l’US Navy, l’ex-amiral Kenneth Braithwaite, est dans le même état d’esprit si l’on en juge par ses réponses au Congrès.

Quoi qu’il en soit, ces réflexions de la marine américaine au sujet des capacités aéronavales auraient pu avoir des implications pour la Marine nationale, qui attend les ultimes arbitrages du président Macron pour son porte-avions de nouvelle génération.

En octobre, un rapport parlementaire a fait savoir qu’au moins deux options étaient envisagées : construire un seul porte-avions à propulsion nucléaire ou doter la Marine nationale de deux navires de ce type… mais à propulsion classique. Et, a priori, c’est vers la première que l’on se dirige.

En mars, le Pdg de Naval Group, qui était alors Hervé Guillou [il a depuis passé la main, ndlr], avait indiqué aux députés que les études relatives au porte-avions étaient désormais terminées et que la Direction général de l’armement [DGA] avait tous les éléments en mains. Cependant, il n’avait livré pas beaucoup de détails, si ce n’est qu’il évoqua explicitement la capacité de mettre en oeuvre des drones ainsi que l’installation de catapultes électromagnétiques.

Le 11 mais, lors de son audition sur les enquêtes relatives à la contamination du « Charles de Gaulle » par le coronavirus, la ministre des Armées, Florence Parly, a confirmé que les études sur « LE » porte-avions étaient terminées. Mais sans en dire davantage. En réalité, le fait d’en parler au singulier suggère que le choix de la propulsion nucléaire a été confirmé. Ce qu’avance d’ailleurs La Tribune, qui parle d’un navire de 70.000/75.000 tonnes. Un tel tonnage n’est pas vraiment une surprise, au regard de la masse qu’aura le NGF [New Generation Fighter], sur lequel reposera le Système de combat aérien du futur.

En tout cas, lors d’un déplacement à Saint-Nazaire, ce 18 mai, Mme Parly a d’ailleurs confirmé à la presse que les Chantiers de l’Atlantique « sont les seuls capables de construire un navire d’une telle taille et d’un tel tonnage. » Et d’ajouter que « nous aurons l’occasion d’en reparler […] puisque le président de la République sera amené à prendre des décisions dans ce domaine d’ici quelques mois. » Pour rappel, le « Charles de Gaulle » avait été construit à Brest.

La ministre a donné un élément : ce porte-avions « nouvelle génération » devra « être à la mer en 2036 pour ses premiers essais ». Cependant, a-t-elle continué, il est « encore trop tôt évoquer le budget de construction » du successeur du « Charles de Gaulle », qui « arrivera en fin de vie en 2038-2040. » Ce qui fait que le calendrier sera relativement serré… sachant qu’il y a toujours des « réglages » à effectuer avant une mise en service.

« La loi de programmation militaire prévoit le budget des études et lorsque le président de la République aura pris ses décisions, l’essentiel des moyens destinés à la construction de ce nouveau porte-avions figureront dans une prochaine loi de programmation militaire », a précisé Mme Parly.

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