Le dernier « as » de la Bataille d’Angleterre nous a quittés

« Jamais dans l’histoire des conflits tant de gens n’ont dû autant à si peu », a dit Winston Churchill au sujet des pilotes de la Royal Air Force [RAF] qui affrontaient alors dans les cieux les chasseurs et les bombardiers allemands lors de la « Bataille d’Angleterre » [juillet 1940 – mai 1941]. Et Paul Farnes faisait partie de ceux à qui l’on doit tant : il s’est éteint le 28 janvier dernier, à l’âge de 101 ans.

La RAF a compté dans ses rangs un certain nombre de pilotes ayant abattu au moins cinq avions ennemis durant la Seconde Guerre Mondiale. Le « wing commander » [lieutenant-colonel] Paul Farnes était le dernier survivant de cette époque.

Né le 16 juillet 1918, il a 20 ans quand il rejoint la Royal Air Force Volunteer Reserve [RAFVR] et entame une formation pour devenir pilote. Puis, en septembre 1939, alors que commence ce que l’on appellera la « drôle de guerre », il est affecté au No 501 Squadron, doté à l’époque d’avions Hawker Hurricane et basé à Tangmere [Sussex].

Le 10 mai 1940, soit le jour où commence la campagne de France, le No 501 Squadron traverse la Manche pour rejoindre la région de Reims. Deux jours plus tard, le sergent Farnes abat son premier appareil, en l’occurrence un bombardier Heinkel He-111 et a participé à la destruction d’un deuxième. Le 14 mai, un Dornier Do-17 connaît un sort identique. Le 27, le jeune sous-officier « descend » un autre He-111 mais cette victoire ne sera pas homologuée.

La situation étant devenue critique en France, le No 501 Squadron reçoit l’ordre de revenir au pays. C’est alors que, après un court répit, la Luftwaffe se lance à l’assaut de l’Angleterre, après avoir menée une première phase appelée « Kanalkampf » [combat dans la Manche], ayant consisté à attaquer les convois britanniques faisant la liaison entre la France et le Royaume-Uni.

L’objectif de l’état-major allemand est détruire la RAF en bombardant ses bases, puis ensuite de lancer le « Blitz » sur les grandes villes britanniques, à commencer par Londres.

Le 12 août, Paul Farnes obtient une nouvelle victoire homologuée en abattant son premier bombardier Ju-87 « Stuka » près de Folkestone. Plus tard, il récidive en détruisant deux autres avions du même type, puis un Messeschmitt Bf-109.

Par la suite, le sergent Farnes endommagera six autres appareils ennemis et obtiendra une victoire « probable » contre un autre Bf-109. « Quand vous voyez 200 à 300 bombardiers ennemis et environ 100 à 200 Bf 109 et que vous n’êtes que 12, je ne peux honnêtement pas dire que j’ai jamais eu peur lors de la bataille d’Angleterre », confiera-t-il plus tard.

En octobre 1940, Paul Farnes est crédité de six victoires homologuées. Il reçoit alors la Distinguished Flying Medal [DFM] avant d’être promu lieutenant. « Il a fait preuve d’habileté, de calme et de fiabilité au combat. Par ses succès et ses efforts inlassables, il a donné le bon exemple aux autres », commente alors son commandant d’escadron.

À l’issue de la Bataille d’Angleterre, le jeune officier rejoint une unité chargée de former les jeunes pilotes de chasse. Puis, à partir de 1942, il enchaîne les affectations outre-Mer [Aden, Malte, Afrique du Nord]. Et il retrouve l’Angleterre en 1944, en prenant le commandement du No 124 Squadron.

Après la guerre, Paul Farnes occupe divers fonctions au sein d’états-majors quand il n’est pas chargé d’assurer la formation des futurs pilotes. Il quitte finalement la RAF en 1958, avec le grade de Wing Commander, et reprend une affaire familiale.

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