L’expérimentation en OPEX de l’impression 3D par les maintenanciers de l’armée de Terre est concluante
En mai, et en relation avec le Service de la maintenance industrielle terrestre [SMITer], la 13e Base de soutien du matériel de l’armée de Terre [13e BSMAT] fit savoir qu’elle avait réalisé des pièces de Véhicules blindés légers [VBL] grâce à l’impression 3D.
« Grâce à cette première expérimentation, le Maintien en condition opérationnel dispose à présent de la capacité à produire en toute autonomie un modèle numérique d’une pièce à géométrie complexe », avait expliqué l’armée de Terre. Et il était question d’aller plus loin en envoyant des imprimantes 3D [I3D] à Gao, dans le cadre de l’opération Barkhane.
Ce qui a été fait. Fin septembre, l’État-major des armées [EMA] a en effet annoncé que deux imprimantes 3D avaient été acheminés sur la Plateforme Opérationnelle Désert [PfOD] de Gao, dans le cadre d’une expérimentation menée par la division étude et prospective de l’école du matériel de Bourges.
Pour rappel, l’impression 3D est un procédé qui permet de produire un objet par la juxtaposition de couches successives d’un matériau en fonction de plans élaborés par CAO [Conception assistée par ordinateur]. Ce qui rend possible, par exemple, la production de pièces mécaniques complexes sans avoir à les usiner ou à faire des soudures.
Dans le cas du Sahel, une telle technologie ne manque pas d’attraits, d’autant plus que l’environnement fait que les véhicules sont mis à rude épreuve et qu’il faut attendre parfois plusieurs jours [voire plus] pour que des pièces nécessaires à leur réparation soient livrées aux maintenanciers. Seulement, encore faut-il que le matériau utilisé pour fabriquer les composants à remplacer soit assez solide. Ce qui est le cas puisqu’il est désormais possible d’utiliser du plastique renforcé, des fibres de carbone ou bien encore de la résine.
« Depuis que les imprimantes [3D] sont arrivées sur le théâtre, elles ont ainsi pu assurer la réalisation de pièces de rechange de véhicules classiques, comme de pièces totalement innovantes, conçues d’après une idée », raconte en effet l’EMA, ce 9 décembre.
Et les pièces ainsi fabriquées « donnent pleinement satisfaction à leurs utilisateurs, et s’avèrent parfaitement adaptées à la rudesse du théâtre » et « la qualité et la finesse du travail produit par les imprimantes 3D témoignent de leur utilité en OPEX », souligne-t-il.
Cependant, les composants obtenus par impression 3D ont vocation à être remplacés dès la livraison des pièces qu’ils ont remplacées. Leur rôle est donc surtout d’éviter une immobilisation trop longue des véhicules. Il ne s’agit donc pas d’utiliser ce procédé pour produire des pièces à bas prix, ce qui pourrait générer quelques économies. C’est la logique, par exemple, de l’US Marine Corps, qui fabrique des pièces de char Abrams grâce à cette technologie.
Selon la pièces défaillantes à remplacer et le choix du matériau, fabriquer un composant par impression 3D, après l’avoir modélisé via un logiciel de CAO, peut prendre quelques minutes à quelques heures. « La clé est de choisir le bon matériau qui impactera notamment la vitesse d’impression de la machine et la solidité de la pièce », avait expliqué le maréchal des logis « Quentin », spécialiste des Systèmes d’Information Opérationnel [SIO], en septembre dernier.
Quoi qu’il en soit, l’essai est donc transformé. « Á terme, l’arrivée sur le théâtre de personnels qualifiés, pleinement dédiés à l’exploitation des imprimantes 3D, pourrait permettre une augmentation du rythme de production des pièces de rechange, inscrivant cette expérience dans la durée », estime-t-on à l’État-major des armées.
Espérons qu’on ne tourne pas cette invention contre le matériel. A partir du moment où on peut réparer facilement, il deviendra naturellement tentant de ne compter que sur l’imprimerie 3d plutôt que sur les « vraies » réparations.
NRJ
C’ est exactement ce que je me suis dit moi aussi ; ma crainte étant également que la « débrouille » ( Système D ) qui parfois donne des résultats étonnants de simplicité mais aussi d’ efficacité et de fiabilité ne disparaisse , car c’ est souvent là que se cache et s’ illustre le « génie Français » , au profit d’ une approche plus « jalonnée » , plus codifiée , moins imaginative , moins créatrice .
À mon sens , il s’ agirait donc d’ avoir les deux , de préserver cette sorte d’ acquis , genre d’ inversion d’ un proverbe bien connu ce qui donnerait : « qui peut le moins , peut le plus » .
La « débrouille », c’est fini depuis Uzbin….
@ NRJ
Le souci, c’est que même si on a encore des petits génies, les technologies sont pointues et il faut complètement changer de mentalité ce qui ne se fait pas d’un claquement de doigts. Surtout qu’il y a des enjeux financiers conséquents :
http://mars-attaque.blogspot.com/2018/12/forum-innovationdefense-2018-du-cote.html
A court terme c’est le risque.
Ici, selon ma compréhension de la technologie, c’est très utile pour ne pas rester en panne longtemps et continuer à avancer. Dans un tel cas, c’est mieux que ce qu’on avait avant.
…
Mais à long terme, à priori, toutes les pièces de tous les véhicules / avions devraient être conçus en 3D, tous individuellement.
Avec des imprimantes 3D ayant des matériaux adaptés aux efforts dynamiques, à la chaleur, etc… ça pourrait être de vraies réparations
fibres, plastic renforcé ou résine , pas de soudures ni d’usinage mais j’ai comme un doute sur des pièces soumises à de fortes contraintes .
@chill : Où est-il écrit que les pièces imprimées en 3D étaient justement celles « soumises à des fortes contraintes » ?
A long terme, potentiellement il pourrait être possible d’avoir des imprimantes 3D basés sur certains métaux pour ce genre de besoin.
C’est une question de temps.
Production de bouchons de jauge de reducteur du VBL plus que couvre-bouche du canonde 25 mm du VBCI…
https://lemamouth.blogspot.com/2019/10/pourquoi-barkhane-se-met-limpression-3d.html
Ce n’est pas encore la science fiction envisagée par la DARPA :
https://itsocial.fr/articles-decideurs/larmee-americaine-va-tout-imprimer-en-3d-armement-vetements-pieces-detachees-nourriture-peau/
On fait des pièces de remplacement temporaire mais bientôt les définitives viendront.
C’est une question de temps, d’economie et de diabolisation
.. et d’esprit complotiste, de défaitisme et autres capacités bien française à ne voir que le côté négatif des choses, et ce, contrairement à certains pays ou tout le monde applaudirait l’innovation, l’inventivité, la recherche.
.
Dommage…
Pour gagner du temps, il faudrait que les fournisseurs de l’AT donnent les plans 3D de toutes les pièces de tout ce qui est livré à l’armée. C’est TRÈS long de modéliser un truc. SI en plus, les contraintes étaient livrées, ce serait parfait.
Cela devrait être dans le cahier des charges pour commander des matériels.
Note : ça ne coûte rien au constructeur : il a déjà tout en stock pour réaliser son produit.
Bonjour,
Si justement, ça coûte au constructeur puisqu’il ne peut pas livrer une pièce supplémentaire, et donc du chiffre d’affaire.
Ça ne coûte pas de faire cette modélisation, mais la livrer en revanche aura bien des impacts financiers négatifs pour le fournisseur
Un petit diaporama sur les innovations technologiques qui sont dans les cartons depuis quelques années :
https://www.usinenouvelle.com/photos/defense/diaporama-l-arsenal-technologique-du-soldat-du-futur.472818/des-micro-drones-furti.1
Les nomss de certaines entreprises privées ou d’organismes publics commencent à devenir familier vu le faible nombre.
C’est une évolution, mais il y a a d’autres tout aussi discrètes mais au combien importantes car avoir la pièce c’est bien, l’avoir au bon endroit c’est mieux :
http://lignesdedefense.blogs.ouest-france.fr/archive/2019/06/20/qui-transportera-le-fret-des-armees-par-voie-aerienne-commer-20322.html
Une autre petite externalisation et interministérielle pour changer, pour la route :
http://lignesdedefense.blogs.ouest-france.fr/archive/2019/12/07/qui-assurera-l-assistance-en-escale-a-l-echelle-mondiale-des-20702.html
C’est mieux ça que la sous-traitance à outrance visiblement 😉
https://www.ouest-france.fr/societe/faits-divers/peine-embauches-par-chronopost-deux-livreurs-disparaissent-avec-un-million-d-euros-de-marchandise-6645940
La robotisation des postes est en marche, même s’il y a encore de la marge, mais le mouvement est bien enclenché.
Un petit hors sujet, juste pour dire que les gendarmes aussi ont leurs innovations en rodage:
https://lessor.org/a-la-une/gros-plan-sur-trois-innovations-testees-en-ce-moment-par-les-gendarmes/
Et leur propre petite histoire de David qui prend de vitesse Goliath, finalement c’est très jacksonnien chez nous aussi.
https://lessor.org/a-la-une/comment-un-apprenti-et-un-gendarme-ont-pris-de-vitesse-les-ingenieurs-de-la-pnij/
Encore un gadget inutilisable pour les non-initiés !…Pourquoi faire compliqué quand c’est simple !Maker des landes va bien trouver une reconversion dans ce domaine !…lol!
Ce n’est pas un gadget. Certains fabriquent déjà des armes de poing avec une imprimante 3D. Il faut ouvrir les yeux sur les bénéfices que la technologie peut apporter.
@ Lakolo
Alors pour l’instant, si certains trouvaient que les pistolets actuels faisaient jouets, ils devraient voir ça:
https://youtu.be/DuuywNZXeZU
Pour tuer son voisin de pavillon ou 5 étudiants non armés c’est suffisant, mais pas pour tirer 1 000 cartouches sur un gars qui veut vous faire la peau.
https://youtu.be/sUKmpjzTDBQ
Vu les contraintes énormes auxquelles sont soumises certaines pièces, ça reste minable:
http://www.primante3d.com/arme-imprimee-3d-23082018/
Je préfère une kalach algérienne à 50 $, la seule capable de rouiller en six mois tellement les types ont triché sur les alliages, c’est dire.
Pareil pour tout ce qui est utilisé à l’armée. « Pas touche si t’es pas formé »
Si la photo que l’on voit dans l’article correspond bien au cas d’application, on parle ici d’imprimantes 3D de bureau (il s’agit en l’occurrence du modèle Ultimaker) et non d’imprimantes 3D industrielles à 6 ou 7 chiffres. Il y a un monde entre les deux ! Quasiment n’importe quelle pièce, même métallique est aujourd’hui imprimable en 3D. C’est surtout une histoire de rentabilité et de temps de qualification.
Des pièces permanentes très critiques (chambre de combustion, injecteurs de carburants…) sont déjà imprimés par de grands noms de l’aéronautique et spatial (NASA, Boeing…). A titre d’exemple 70 000 pièces imprimées en 3D équipent à ce jour les appareils d’Airbus. Pour apporter de l’eau au moulin de cet article, le fabricant français Stratasys a livré cet été deux systèmes de fabrication additive polymère à l’armée de Terre française : http://www.primante3d.com/prodways-defense-29052019/
*rectificatif « Prodways a livré »