Un officier saoudien a tué trois personnes sur la base aéronavale de Pensacola, en Floride

Deux jours après qu’un marin du sous-marin USS Columbia a tué deux civils avant de se donner la mort à Pearl Harbor [Hawaï], la base aéronavale de Pensacola [Floride] a été le théâtre d’une fusillade ayant fait quatre tués [dont l’assaillant] et huit blessés, le 6 décembre, parmi des stagiaires qui suivaient un cours dans une salle de classe située dans le bâtiment 633, lequel abrite le Commandement des écoles de l’aviation navale.

Plus grande base et berceau historique de l’aéronavale américaine, la Naval Air Station [NAS] Pensacola emploie 16.000 militaires – dont des centaines de stagaires étrangers – et 7.400 civils. Malgré les attentats du 11 septembre 2001 et la tuerie de Fort Hood, elle était restée « inhabituellement ouverte », comme le rapporta Navy Times, jusqu’à l’adoption, en 2016, de mesures visant à renforcer sa sécurité. « De nos jours, chaque installation militaire est une cible potentielle, comme n’importe qui en uniforme », avait-il été avancé à l’époque, alors que l’État islamique [EI ou Daesh] ne cachait pas sa volonté de s’en prendre aux militaires de la coalition anti-jihadiste.

Aussi, l’accès de la base fut restreint pour les civils, et en particulier pour les visiteurs, toujours nombreux pour assister aux entraînement de la patrouille acrobatique des Blue Angels ou visiter les bâtiments historiques du site. Et des zones spécifiques furent rendus inacessibles pour quiconque n’était pas muni du laisser-passer nécessaire.

Mais malgré ces mesures, la NAS Pensacola n’a donc pas été épargnée par ce qui semble être une attaque terroriste [en tout cas, les enquêteurs s’interrogent]. En effet, l’auteur de la fusillade commise au matin du 6 décembre était un officier la Royal Saudi Air Force [RSAF], qui suivait une formation dans le cadre de la coopération militaire entre les États-Unis et l’Arabie Saoudite. A priori, il se serait procuré un arme – un pistolet Glock 45 de 9 mm – auprès d’un armurier local.

Plus tard, cet officier a été identifié comme étant le sous-lieutenant Mohammed Saeed Alshamrani. Et, peu avant de commettre son geste, il a posté, sur son compte Twitter, des messages violemment anti-américains.

Ainsi, selon SITE, le groupe de surveillance des activités jihadistes sur Internet, le sous-lieutenant Alshamrani aurait repris à son compte des propos d’Oussama ben Laden, le fondateur d’al-Qaïda. « Je suis contre le mal, et l’Amérique dans son ensemble s’est transformée en nation du mal », a-t-il écrit sur Twitter. « Je ne suis pas contre vous simplement parce que vous êtes Américains, je ne vous hais pas à cause de vos libertés, je vous hais parce que chaque jour vous soutenez, financez et commettez des crimes non seulement contre les musulmans, mais aussi contre l’humanité », a-t-il ajouté.

Par ailleurs, six camarades du sous-lieutenant Alshamrani, également saoudiens, ont été interrogés par les enquêteurs. D’après le New York Times, deux d’entre eux auraient filmé l’attaque dans son intégralité.

Dès que la nationalité du tireur a été connue, le roi Salmane d’Arabie Saoudite a appelé le président Trump pour lui faire part de sa « profonde tristesse. » Et d’ajouter que « l’auteur de ce crime abominable ne représente pas le peuple saoudien. » En outre, il a ordonné aux services de sécurité du royaume de coopérer pleinement avec les enquêteurs américains.

« Comme de nombreux autres militaires saoudiens, j’ai été formé dans une base militaire américaine, et nous avons utilisé cette formation précieuse pour combattre côte à côte avec nos alliés américains contre le terrorisme et d’autres menaces », a réagi Khalid bin Salman, le vice-ministre saoudien de la Défense.

« Un grand nombre de diplômés saoudiens de la Naval Air Station de Pensacola ont ensuite rejoint leurs homologues américains sur les fronts de bataille du monde entier, contribuant ainsi à protéger la sécurité régionale et mondiale. L’événement tragique d’aujourd’hui est fermement condamné par tous en Arabie saoudite », a-t-il également assuré.

« Nous pouvons appeler cela un acte de terrorisme. Ce n’est un acte de violence au travail », a par ailleurs réagi Matt Gaetz, un représentant de la Floride au Congrès, où l’on s’interroge désormais sur les formations délivrées par les forces américaines aux militaires étrangers.

« Je suis très préoccupé par le fait que le tireur de Pensacola était un ressortissant étranger s’entraînant sur une base américaine. Aujourd’hui, je demande une revue complète des programmes militaires qui forment des ressortissants étrangers sur le sol américain. Nous ne devrions pas fournir d’entraînement militaire aux personnes qui nous souhaitent du mal », a commenté le sénateur Rick Scott, ex-gouverneur de Floride.

« Que cet individu soit motivé par l’islam radical ou simplement instable mentalement, c’était un acte de terrorisme. Il est clair que nous devons prendre des mesures pour veiller à ce que tous les ressortissants étrangers fassent l’objet d’un examen approfondi avant d’être mêlés à nos militaires », a-t-il conclu.

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