Barkhane : Deux militaires du 1er Régiment de Tirailleurs mis à l’honneur pour leur conduite face à l’ennemi

En décembre 2018, la 4e compagnie du 1er Régiment de Tirailleurs [RTir] d’Épinal était engagée au Sahel, dans le cadre de l’opération Barkhane, au sein du Groupement Tactique Désert [GTD] « Picardie », alors principalement armé par le 1e Régiment d’Infanterie [RI].

Cette période fut marquée par deux opérations majeures conduites par Barkhane. Dans la nuit du 27 au 28 décembre, les militaires français et leurs homologues nigériens eurent « l’opportunité » de neutraliser un groupe armé terroriste [GAT] dans la région de Tongo Tongo [Niger], là même où l’État islamique dans le grand Sahara [EIGS] avait revendiqué une embuscade fatale à quatre commandos des forces spéciales américaines, un an plus tôt.

Puis, quelques jours plus tard, le GTD « Picardie » démantela des camps d’entraînement terroristes installés dans la forêt de Serma, au Mali, près de la frontière avec le Burkina Faso. Une vingtaine de jihahadistes avaient été mis hors de combat.

Enfin, le 20 décembre, une action conduite par Barkhane avait neutralisé des jihadistes évoluant entre le Niger et le Mali, lors d’une manoeuvre ayant associé une patrouille de Mirage 2000, des hélicoptères du Groupement tactique désert aérocombat [GTD-A] et plusieurs groupes commandos.

Le compte-rendu hebdomadaire de l’État-major des armées [EMA] pour la semaine du 20 au 27 décembre n’en dira pas plus. Pour la journée du Noël, il indiqua simplement que « plusieurs missions aériennes » furent « réalisées au profit des unités déployés au sol [show of force, ravitaillement par air, transport de fret] » et que « au sol, des unités de tous les groupements de la force Barkhane étaient engagées aux côtés de leurs partenaires des forces armées maliennes et nigériennes, notamment dans la région du Liptako].

Le fait que l’expression « show of force » [ou démonstration de force], qui consiste généralement, pour un avion de combat, à faire un passage à basse altitude pour avertir et/ou intimider l’ennemi laissait supposer que des unités françaises avaient été « au contact » avec des groupes terroristes. Mais, le « point de situation » de l’EMA n’en parla pas.

Et il aura fallu les cérémonies du 11 novembre organisées par le 1er RTIr pour en savoir [un peu] plus, grâce au quotidien Vosges Matin. En effet, lors de cette prise d’armes, deux caporaux du régiment se sont vu remettre la croix de la Valeur militaire avec étoile de bronze pour leur conduite, sous le feu, au Mali.

Ainsi, le 25 décembre 2018, le groupe du caporal Paul-Antoine a été accroché par plusieurs assaillants circulant à moto, à très courte distance. Le jeune militaire a très vite réagi en faisant mettre un mortier en batterie. Trois obus tirés en direction d’un bâtiment ont neutralisé deux jihadistes. Ce qui a mis fin au combat. Puis, un important stock d’armes et de munitions a pu être saisi lors d’une fouille menée à l’issue.

Le caporal-chef Matthieu a vécu la même chose, trois jours plus tôt, lors de l’opération Koufra 7. Au cours d’une reconnaissance, son unité a également été prise à partie par des tirs et des jets de grenades. Pendant près de deux heures, le fantassin tiendra sa position tout en renseignement le commandement sur le dispositif ennemi. « Sa réactivité a grandement contribué à la manœuvre de son groupe et a permis une rupture de contact en sûreté », relate la citation signée par le général François Lecointre, le chef d’état-major des armées [CEMA].

La conduite au feu de ces deux « Turcos » illustre, mieux qu’avec des mots, ce qu’est « l’esprit guerrier » que l’armée de Terre met en avant. C’est à dire ce « supplément d’âme » nécessaire pour prendre l’ascendant sur l’adversaire et qui suppose de développer « l’intelligence de situation, l’audace, la rusticité, la détermination nécessaire pour comprendre plus vite, agir plus fort et durer plus longtemps. »

Photo : Archives © Jérôme BARDENET / EMA

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