La France déploie au moins une frégate dans les eaux chypriotes, où la Turquie a envoyé un navire de forage

En juillet, l’Union européenne a annoncé qu’elle venait de prendre des sanctions financières à l’égard de la Turquie, en réduisant de 145,8 millions d’euros le montant de l’aide de pré-adhésion qu’elle lui avait consentie et en demandant à la Banque européenne d’investissement [BEI] de revoir ses conditions pour octroyer des financements à Ankara. Il s’agissait ainsi de dénoncer les activités « illégales » entreprises par les autorités turques dans les eaux chypriotes, qui recèleraient d’importantes ressources gazières.

Mais ces mesures ont eu autant d’effet sur Ankara que peut avoir un plâtre sur une jambe en bois… Elles « n’auront aucun impact sur la détermination de la Turquie à poursuivre ses activités liées aux hydrocarbures en Méditerranée orientale », a même claironné Mevlut Cavusoglu, le ministre turc des Affaires étrangères.

En effet, la Turquie n’a nullement l’intention de mettre un terme à ses activités dans les eaux chypriotes, estimant qu’il s’agit pour elle de défendre les intérêts et les droits de la République turque de Chypre du Nord, où elle maintient environ 30.000 soldats.

Début octobre, Nicosie a une nouvelle fois vigoureusement protesté contre la présence d’un navire de forage turc dans ses eaux. D’autant plus que ce dernier a été envoyé dans le bloc 7, que les autorités chypriotes avait déjà attribué aux groupes ENI et Total.

« Les nouvelles opérations de forage, prévues cette fois-ci dans un bloc déjà attribué, constituent une nouvelle grave escalade des violations continues de la part de la Turquie des droits souverains de la République de Chypre. […] Cette nouvelle provocation est un exemple qui montre comment la Turquie fait fi des appels répétés de l’UE et de la communauté internationale à cesser ses activités illégales », s’était insurgé le gouvernement chypriote.

Invité de la chaîne de télévision Skai TV, le 11 octobre, soit après avoir rencontré son homologue française, Florence Parly, à Paris, le ministre grec de la Défense, Nikos Panagiotopoulos, a déclaré qu’il avait demandé si les Français allaient « riposter [à la provocation turque] par une quelconque présence militaire dans la zone et ils m’ont répondu qu’ils envoyaient une frégate ».

Ce qui sera effectivement le cas. Ainsi, l’État-major des armées a confirmé, auprès de l’AFP, que la Frégate multimissions [FREMM] Auvergne avait fait une escale dans le port chypriote de Larnaca, le 10 octobre, et qu’une frégate légère furtive [FLF] devait être prochainement engagée dans des exercices avec la marine de Chypre.

Via Twitter, Mme Parly a confirmé la tenue d’exercices navals franco-chypriotes. Et ils auraient même déjà commencé, dans les eaux territoriales de Chypre.

« Ils s’inscrivent dans une coopération d’excellente qualité. Nous souhaitons permettre à Chypre, pays membre de l’UE, de pouvoir assurer ses responsabilités dans ses eaux de souveraineté », a expliqué la ministre.

Ce soutien de la France à la République de Chypre intervient alors que les relations entre Paris et Ankara sont soumises à de fortes tensions après le déclenchement d’une offensive turque contre les milices kurdes syriennes [YPG], qui sont en première ligne face aux jihadistes de l’État islamique [EI ou Daesh].

Il n’est pas impossible que l’Italie en fasse autant, étant donné que le groupe italien ENI est aussi concerné par les forages turcs dans la ZEE chypriote. En tout cas, c’est ce qu’a laissé entendre le ministre grec de la Défense. « Je pense que les Italiens vont envoyer quelque chose également », a-t-il dit.

Photos : Marine nationale

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