L’Italie a l’intention de rejoindre l’Initiative européenne d’intervention, lancée par la France

Quand l’Initiative européenne d’intervention [IEI] fut lancée, par la France, en juin 2018, le ministère des Armées avait regretté l’absence de l’Italie, pays avec lequel la France entretient une forte coopération militaire, en particulier dans les domaines de la défense antimissile [SAMP/T], de la construction navale [frégates Horizon, FREMM et pétroliers-ravitailleurs] et des communications [programme ESSOR].

« L’Italie a travaillé très étroitement avec nous tous pour définir le contour de l’IEI. Les nombreux échanges que nous avons eus avec Rome sur l’IEI ont visé à apporter toutes les garanties nécessaires pour répondre aux préoccupations italiennes. Désormais, seuls les Italiens peuvent s’exprimer sur leur choix. Nous regrettons que l’Italie n’ait pas signé la la lette d’intention le 25 juin, mais, naturellement, Rome pourra rejoindre l’initiative à tout moment, sur la base du texte qui vient d’être signé », avait alors expliqué le ministère des Armées.

Pour rappel, ne relevant pas de la Politique de sécurité et de défense commune [PESDC] de l’Union européenne, l’IEI doit permettre de renforcer la capacité des pays européens à agir ensemble en favorisant l’émergence d’une culture stratégique commune et en créant les conditions pour de futurs engagements conjoints, éventuellement pour répondre à des crises susceptibles de menacer la sécurité de l’Europe.

Il faut dire le contexte politique italien, avec une coalition « anti-système » au pouvoir, ne se prêtait pas forcément à une participation de Rome à cette IEI. Mais la décision de Matteo Salivini, le chef de file de la Ligue, de rompre avec le Mouvement Cinq Étoiles [M5S] a changé la donne.

En effet, un nouveau gouvernement, réunissant des membres du M5S et du Parti démocrate italien [centre-gauche, pro-européen], a été investi au début de ce mois, avec Lorenzo Guerini en tant que nouveau ministre de la Défense.

Depuis, l’Italie a officiellement rejoint le programme d’avion de combat « Tempest », lancé par le Royaume-Uni. Une décision logique, dans la mesure où la filiale britannique de Leonardo était déjà impliquée dans ce projet et où l’Aeronautica Militare et la Royal Air Force ont en commun le F-35B, Eurofighter Typhoon et, jusqu’au 1er avril dernier, le PANAVIA Tornado.

Restait à connaître les intentions de Rome à l’égard de l’IEI. Il n’aura pas fallu longtemps : le 19 septembre, un communiqué publié par les services du Premier ministre italien, Giuseppe Conte, a indiqué que l’Italie a « officiellement » fait part de « son intention de s’associer à l’Initiative européenne d’intervention, en fournissant son expertise particulière dans le domaine de la sécurité en Méditerranée. »

Cette annonce a été faite au lendemain de la visite, à Rome, du président Macron. Visite qui avait l’objectif d’aplanir les différends franco-italiens survenus lors de ces derniers mois, notamment au sujet des questions migratoires.

Par ailleurs, ce 20 septembre, à l’occasion d’une réunion organisée aux Pays-Bas, les ministres de la Défense des dix pays ayant déjà rejoint l’IEI devraient évoquer l’adhésion de deux nouveaux membres, à savoir la Norvège et la Suède… qui pourraient être rejointes par la Grèce.

Photo : Esercito

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