Pour l’Iran, envoyer une mission navale européenne dans le Golfe persique serait « provocateur »

Peu avant de quitter la tête du Foreign Office, la semaine passée, Jeremy Hunt avait proposé, la semaine passée, de mettre en place, dans le Golfe arabo-persique, une « mission de protection maritime dirigée par les Européens ». Cette dernière, avait-il souligné, ne ferait « pas partie de la politique des États-Unis de pression maximum sur l’Iran parce que nous restons déterminés à préserver l’accord nucléaire iranien. »

Cette proposition visait à répondre à l’interception par les Gardiens de la révolution iranien du Stena Impero, un pétrolier suédois battant pavillon britannique. Et Paris et Berlin assurèrent y être favorables.

« Nous avons eu des contacts très récents, notamment avec l’Allemagne et le Royaume-Uni, pour bâtir une action commune: elle permettrait de contribuer à la sécurisation du trafic maritime dans le Golfe et d’avoir une appréciation de situation autonome », avait ainsi expliqué Florence Parly, la ministre française des Armées, dans un entretien donné à l’Est républicain.

« Nous travaillons à nous organiser entre Européens, mais une chose est sûre : notre comportement ne devra avoir qu’un seul objectif, faire baisser les tensions actuelles et défendre nos intérêts. […] Nous ne voulons pas contribuer à une force qui pourrait être perçue comme aggravant les tensions », avait ajouté Mme Parly.

Seulement, et comme on pouvait s’y attendre, l’Iran n’a pas du tout la même vision des choses.

« Nous avons entendu qu’ils avaient l’intention d’envoyer une flotte européenne dans le golfe Persique. De telles mesures sont porteuses d’un message hostile et attiseraient les tensions », a ainsi affirmé Ali Rabiei, le porte-parole du gouvernement iranien, cité par l’agence Isna, le 28 juillet. Et d’estimer que ce serait même un « acte provocateur. »

Le président iranien, Hassan Rohani, y est aussi allé de son couplet. « La présence de forces étrangères n’aidera pas à [assurer] la sécurité de la région et sera la principale source de tensions », a-t-il estimé, après avoir eu un entretien, à Téhéran, avec ben Alaoui ben Abdallah, le ministre omanais des Affaires étrangères.

« Les malheureux incidents et tensions actuellement dans la région prennent racine dans le retrait unilatéral des États-Unis du JCPOA [l’accord sur nucléaire iranien, ndlr] et les délires de leur administration », a en outre affirmé M. Rohani. « L’Iran s’opposera fermement à toute activité illégale et tout acte répréhensible qui menacerait la sécurité maritime dans le Golfe persique, le détroit d’Ormuz et la mer d’Oman », a-t-il encore assuré, selon l’agence Isna.

Cela étant, l’arraisonnement du Stena Impero, qui se veut une réponse à celui du pétrolier Grace 1 par les autorités britanniques au large de Gibraltar, n’est que le dernier incident ayant eu lieu à proximité du détroit d’Ormuz. L’Iran a également intercepté le MT Riah et tenté d’en faire autant avec le tanker British Heritage. Plus tôt, six autres pétroliers avaient été victimes de « sabotages », vraisemblablement commis par un État non formellement identifié [les États-Unis, le Royaume-Uni et l’Arabie Saoudite ont incriminé les Iraniens, ndlr].

Ces tensions dans le Golfe coïncident avec la reprise par l’Iran de certaines de ses activités nucléaires qu’il menait avant la signature du JCPOA, en juillet 2015. Et, alors que les diplomates des pays parties à l’accord de Vienne [*] devaient se rencontrer à Vienne, Téhéran a fait connaitre son intention de redémarrer son réacteur à eau lourde d’Arak, pouvant potentiellement produire du plutonium de qualité militaire.

Lors de cette réunion, à Vienne, l’Iran a indiqué qu’il continuerait à réduire ses engagements pris dans le cadre du JCPOA si les Européens ne parvernaient pas à trouver ne solution devant lui permettre de contourner les sanctions américaines et s’ils faisaient obstruction à ses exportations de pétrole. Pour rappel, le Grace 1 a été arraisonné car il était suspecté d’acheminer du pétrole en Syrie, en violation des sanctions décidées par l’Union européenne contre ce pays.

En attendant, le destroyer HMS Duncan est arrivé dans la région du Golfe. Avec la frégate HMS Montrose, la Royal Navy y dispose désormais de deux navires pour accompagner les navires battant pavillon britannique devant transiter par le détroit d’Ormuz.

« La liberté de navigation dans le détroit d’Ormuz est vitale non seulement pour le Royaume-Uni, mais aussi pour nos partenaires et alliés internationaux », a commenté Ben Wallance, le nouveau ministre britannique de la Défense.

« Le HMS Montrose couvre une zone d’environ 19.000 milles marins. À ce jour, il a accompagné 35 navires de commerce dans le détroit lors de 20 transits distincts, parcourant 6.200 milles », a précisé le ministère britannique de la Défense. Ce navire « restera stationné au Moyen-Orient jusqu’en 2022 dans le cadre de la présence permanente de la Royal Navy » dans cette région, a-t-il ajouté.

[*] France, Royaume-Uni, Allemagne, Russie, Chine et Iran

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