La Russie est prête à discuter de la vente d’avions de combat avec la Turquie

Les avions de combat F-35A qu’attendent les forces aériennes turques finiront-ils par rejoindre la base aérienne de Malatya [sud-est de la Turquie], où il est prévu de les affecter? Étant donné leur départ du sol américain dépendra de la volonté d’Ankara de se procurer des systèmes russe de défense aérienne S-400, cela paraît peu probable actuellement.

Et cela le sera d’autant moins que le directeur de Rosoboronexport, l’agence chargée des exportations d’armes russes, Alexander Mikheev, a annoncé que les livraisons des premières batteries de S-400 à la Turquie commenceront à partir de juillet prochain. Ce qui mettra Ankara en porte-à-faux à l’égard de l’Otan et des États-Unis.

Pour Washington, il n’est pas ensisageable d’utiliser à la fois des F-35A et le système S-400 pour au moins deux raisons. La première est que cela compromettrait la liaison de données tactique « Link 16 » [ou Liaison 16], laquelle permet aux appareils de l’Otan de partager des informations quasiment en temps réel, ainsi que les systèmes IFF [idenfication ami/ennemi].

En outre, a expliqué Air Force Times, « si le F-35 vole à proximité du système S-400, au fil du temps, il serait possible de collecter les caractéristiques de furtivité sensibles de cet avion et en apprendre davantage sur ses capacités. » Et cela vaudrait aussi bien pour les avions turcs que pour ceux déployés par les alliés de l’Otan sur la base d’Incirlik. D’où l’intransigeances des autorités américaines dans ce dossier… Et la crise annoncée au sein de l’Alliance.

Cela étant, la Grèce dispose aussi de S-300, c’est à dire des systèmes de défense aérienne russes qui avaient été initialement acquis par Chypre. D’ailleurs, Nicosie avait dû s’en séparer afin de calmer – ironie de l’histoire – les protestations turques…

Seulement, Ankara ne peut pas utiliser cet argument pour justifier son achat de S-400. Or, Athènes n’a pas commandé de F-35A [du moins, pas encore] et les capacités des S-300 sont bien moindre. « La furtivité peut être compromise par la collecte de nombreuses données sur de longues périodes dans différentes orientations et à courte distance. Or, les algorithmes de suivi se sont considérablement améliorés depuis la création de la S-300 en raison de l’augmentation de la puissance de calcul », a expliqué un expert à Air Force Times.

Quoi qu’il en soit, il est trop tard pour reculer désormais… Une solution aurait cependant consisté à déployer les S-400 commandés par Ankara au Qatar, où les forces turques disposent d’une base. Voire en Azerbaïdjan, pays avec lequel la Turquie entretient des relations militaires très étroites. Mais le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, a balayé ces hypothèses.

« La Turquie n’a jamais pensé à déployer des S-400 au Qatar ou en Azerbaïdjan. Il n’en a même jamais été question […]. Nous avons conclu un accord avec la Russie et négocions à présent les conditions de livraison. Si la Russie veut vendre des missiles à l’Azerbaïdjan, elle le fera directement, sans intermédiaires. Et ce, d’autant plus que ces deux pays entretiennent d’excellentes relations », expliqué le chef de la diplomatie turque à Sputnik.

Quant aux avions de combat, l’hypothèse d’une vente à la Turquie d’avions de combat de 5e génération Su-57 « Frazor » prend de l’ampleur. En tout cas, le directeur de Rosoboronexport n’a évidemment pas fermé la porte à une telle éventualité.

« Si la partie turque nous demande de tenir des consultations, nous serons prêts à discuter [des ventes d’avions de guerre] avec l’UAC [United Aircraft Corporation] sur la base de nos capacités », a en effet déclaré M. Mikheev, après avoir confirmé la date de livraison des premiers systèmes S-400.

De son côté, le ministre turc de la Défense, Hulusi Akar, a dit être « confiant » au sujet de la livraison des F-35A. Enfin par tant que ça puisque, lors d’une intervention au Parlement, il a indiqué aux députés qu’il avait un « plan B » et des « plans à court, moyen et long terme » dans le cas où les forces aériennes turques ne pourraient pas disposer des appareils commandés auprès de Lockheed-Martin.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]