Un mystérieux groupe dissident serait à l’origine de l’attaque de l’ambassade de Corée du Nord à Madrid

Le 22 février, soit quelques jours avant la rencontre, à Hanoï, du président Trump et de Kim Jong Un, le chef du régime nord-coréen, des hommes armés ont réussi à pénétrer à l’intérieur de l’ambassade de la Corée du Nord à Madrid, où ils ont ensuite séquestré une partie du personnel et volé des données informatiques et des téléphones portables.

Près d’un mois plus tard, les tenants et les aboutissants de cette affaire demeurent mystérieux. Cette semaine, la presse espagnole a révélé que deux des assaillants étaient connus pour entretenir des liens avec la CIA. Et d’en conclure que le service américain était à l’origine de cette opération qu’un simple groupe de malfrats n’aurait pas été en mesure de concevoir et d’exécuter.

Le contre-espionnage espagnol, a précisé le quotidien El Pais, a même demandé des explications à la CIA. Mais si cette dernière a nié toute responsabilité dans cette affaire, elle l’a fait de « peu convaincante », affirme le journal, en s’appuyant sur des « sources gouvernementales ».

Le 15 mars, en se basant sur des confidences faites par des personnes « proches du dossier », le Washington Post a avancé une autre piste. Ainsi, d’après lui, cette intrusion dans l’ambassade serait le fait d’un groupe appelé « Défense civile Cheollima » [DCC], dont le but est de renverser, ni plus ni moins, le régime nord-coréen. Et cette organisation a d’ailleurs fait récemment parler d’elle en publiant en communiqué pour se proclamer « gouvernement provisoire du Nord » sous le nom de « Joseon libre » [du nom de la dynastie coréenne qui régna sur la péninsule entre 1392 et 1910, année de son annexion par le Japon, ndlr].

En 2017, le groupe Cheollima [ou « Free Joseon] a pris part à l’évacuation vers Macao de Kim Han Sol, le fils de Kim Jong Nam, le demi-frère de Kim Jong-Un qui venait alors d’être assassiné lors d’une attaque commise au moyen d’un gaz neurotoxique en Malaisie. Le Wall Street Journal avancera par la suite que l’organisation avait reçu de l’aide de la part des États-Unis, de la Chine et des Pays-Bas.

Quoi qu’il en soit, le Washington Post avance que la CIA aurait été « probablement consciente » qu’une telle opération contre une emprise diplomatique nord-coréenne à quelques jours d’un sommet crucial aurait pu faire dérailler le discussions en cours entre les États-Unis et la Corée du Nord. Du moins, c’est ce qu’a assuré Sue Mi Terry, une ex-analyste de la centrale de Langley. « Ce n’est pas quelque chose que la CIA entreprendrait », a-t-elle dit.

En attendant, la CIA s’est refusé à faire le moindre commentaire. Tout comme, d’ailleurs, les autorités espagnoles, américaines et nord-coréennes.

Cela étant, on ne sait que très peu de chose sur le groupe Cheollima, si ce n’est qu’il vient de revendiquer l’inscription de graffitis sur les murs de l’ambassade de Corée du Nord à Kuala Lumpur [Malaisie]… Un geste qui est à des années-lumières d’une opération comme celle réalisée à Madrid, laquelle exige des compétences particulières et des moyens. Enfin, certains avancent que cette organisation pourrait être liée aux service secrets sud-coréens. Ce qui, là encore, est difficile à prouver.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]