Otan : Les pays européens devraient dépenser 90 milliards d’euros de plus pour porter leur effort de défense à 2% du PIB

Voici une étude qui confortera le président américain, Donald Trump, dans l’idée que les membres de l’Otan n’investissent pas suffisamment dans leur défense. Enfin presque…

Publiée en marge de la Conférence annuelle sur la sécurité à Munich par l’International Institute for Strategic Studies [ISS], basé à Londres, cette étude affirme en effet que les pays européens appartenant à l’Alliance atlantique devraient dépenser plus de 100 milliards de dollars supplémentaires pour leurs capacités militaires afin de respecter l’engagement qu’ils ont pris en 2014 de porter leur effort de défense à 2% de leur PIB d’ici 2024.

« Un moyen rapide de mesurer les contributions européennes à la défense collective consiste à calculer la part de leur PIB consacrée aux dépenses militaires. Selon les critères de l’IISS, en 2018, seuls quatre des 27 États membres européens de l’OTAN respectaient le seuil symbolique des 2%: l’Estonie, la Grèce, la Lituanie et le Royaume-Uni. Quatre pays n’étaient pas loin derrière: la France (1,91%), la Lettonie (1,99%), la Pologne (1,97%) et la Roumanie (1,93%) », indique cette étude.

En outre, sur la base des budgets 2018, les membres européens de l’Otan « auraient dû dépenser 102 milliards de dollars [90 milliards d’euros] supplémentaires en plus des budgets existants, pour atteindre les 2% du PIB », indique Lucie Béraud-Sudreau, de l’IISS, qui souligne toutefois que cet écart s’est réduit par rapport à 2014, année où cet engagement sur les 2% du PIB avait été pris lors du sommet de l’Otan au Pays de Galles.

Cela étant, l’IISS estime que cet objectif ne sera pas atteint en 2024 au regard des « tendances actuelles ». Cependant, le centre de réflexion britannique fait valoir que mesurer les dépenses militaires par rapport au PIB est imprécis. « Comme l’objectif de 2% est un ratio basé sur le PIB, il est plus difficile à atteindre si le PIB augmente. Inversement, lorsque le PIB se contracte – comme dans la période postérieure à 2008 – le seuil est plus facile à atteindre », explique-t-il.

En outre, le périmètre des dépenses militaires peut varier d’un pays à l’autre. Par exemple, y inclure les pensions, les budgets alloués aux forces de gendarmerie locales ou encore les soins aux blessés est une façon de les gonfler artificiellement.

Reste que certains pays n’ont nullement l’intention de porter le montant de leurs dépenses militaires à 2% de leur PIB. C’est ainsi le cas de l’Allemagne, qui a fixé une trajectoire financière tendant vers 1,5% de sa richesse nationale. Et encore, il n’est pas acquis qu’elle puisse atteindre cet objectif… alors qu’elle a évité de peu la récession en 2018.

Lors de l’ouverture de la conférence de Munich, la ministre allemande de la Défense, Ursula von der Leyen, a fait observer que Berlin avait augmenté ses dépenses militaires de 36% depuis 2014… Un effort qui, toutefois, a du mal à se voir sur le terrain, étant donné les nombreuses lacunes que la Bundeswehr peine à corriger.

« Il a fallu l’agression de la Russie contre l’Ukraine pour que nous nous y mettions. Tous les alliés européens ont augmenté depuis leurs dépenses de défense », a affirmé Mme von der Leyen.

Une autre donnée intéressante livrée par l’IISS concerne les dépenses que les États-Unis consentent pour la défense de l’Europe. Et elle relativise la question du « fardeau » que le seul contribuable américain aurait à supporter…

Ainsi, si le budget du Pentagone est le plus important du monde, le centre britannique a calculé que, « globalement, les dépenses américaines directes pour la défense en Europe ont atteint 35,8 milliards de dollars en 2018, soit 5,6% du budget militaire américain. » Et de conclure : « Ces chiffres mettent sous un jour différent les dépenses totales de défense des États européens membres de l’Otan », qui, au total, s’élèvent à 264 milliards de dollars.

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