L’activité des bombardiers chinois s’accentue autour des « points chauds potentiels » de la région Indo-Pacifique

Depuis quelques mois, Taïwan a noté une intensification de l’activité militaire chinoise à proximité de son territoire, avec une hausse sensible des exercices aériens et navals.

« Entre le mois d’août 2016 et décembre 2017 la Chine a opéré près de 32 manœuvres dans le détroit de Taïwan et autour de notre pays », avait ainsi relevé Zhang Ming-zhong, le représentant du Bureau de Taïpei à Paris, lors d’une rencontre avec la presse, en février dernier. Et d’ajouter : « En janvier 2018, la Chine a utilisé des couloirs aériens contestés sans consultation avec nos autorités taïwanaises. […] Ces patrouilles et manœuvres militaires de plus en plus fréquentes se normalisent. ».

L’édition 2018 du rapport établi par le Pentagone au sujet de la puissance militaire chinoise [Department of Defense 2018 China Military Power Report – Pdf] s’est surtout intéressé aux vols de bombardiers chinois H-6K, capables d’emporter 6 missiles de croisière de type KD-20 [ou K/AKD-20], d’une portée comprise entre 1.500 et 2.500 km.

Entre 2013 et 2014, seulement deux vols de bombardiers chinois avaient été relevés dans la région. Puis leur activité s’est légèrement accentuée, avec quatre vols en 2015 et en 2016. Mais, l’an passé, les H-6K ont effectué pas moins d’une douzaine de sorties en mer du Japon (et, pour la première fois, à proximité d’Okinawa), dans le Pacifique occidental, autour de Taïwan et dans l’est et le sud de la mer de Chine. C’est à dire dans autour des « points chauds » potentiels de la région Indo-Pacifique.

L’Armée populaire de libération [APL] « a rapidement étendu les zones d’action de ses bombardiers, […] acquérant de l’expérience dans des régions maritimes critiques et se préparant probablement à des frappes contre des cibles américaines », relève ainsi le rapport du Pentagone, destiné aux élus du Congrès. En outre, elle « pourrait continuer à étendre ses opérations au-delà de la première chaîne insulaire, démontrant ainsi la capacité de frapper les forces américaines et alliées et les bases militaires dans l’ouest du Pacifique, y compris à Guam », où sont basés 7.000 militaires américains insiste-t-il.

Dérivé du bombardier soviétique Tupolev Tu-16, le Xian H-6 a fait l’objet d’une modernisation constante depuis son entrée en service. Le dernier retrofit en date (version H-6K) a consisté à le re-motoriser avec des moteurs russes Soloviev D-30-KP2 de 12 tonnes de poussée et à lui intégrer une avionique dernier cri, avec des écrans multifonctions. Son rayon d’action a été porté à 3.500 km.

Par ailleurs, le rapport du Pentagone constate que la Chine n’a pas revendiqué de nouveau territoire en 2017. Toutefois, et comme cela a déjà été signalé par d’autres publications antérieures, elle a continué à militariser les îlots des archipels Paracels et Spratleys afin de s’assurer du contrôle de la mer de Chine mériodionale, qu’elle revendique dans sa quasi-totalité alors que les pays riverains y ont également des prétentions à faire valoir.

S’agissant de Taïwan, le Pentagone estime que la Chine dispose de plusieurs scénarios, allant d’un blocus aérien et naval à une opération amphibie d’ampleur pour occuper l’ancienne Formose, qu’elle considère comme une province rebelle.

« Si les États-Unis intervenaient, la Chine pourrait tenter de retarder une intervention effective et chercher à l’emporter avec une guerre limitée, courte et intense », prévient le rapport, qui estime toutefois qu’une telle opération chinoise contre Taïwan « présente un risque politique important et probablement rédhibitoire » étant donné qu’elle galvaniserait « le sentiment nationaliste taïwanas » et qu’elle susciterait la condamnation et l’opposition de la communauté internationale.

Enfin, le rapport avance que les dépenses militaires chinoises sont largement sous-évaluées. Officiellement, en 2017, Pékin a alloué à son armée une enveloppe de 154,3 milliards de dollars. Or, le montant réel serait proche des 190 milliards de dollars.

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