L’Otan met en place une « présence avancée adaptée » dans la région de la mer Noire

En juillet 2016, lors d’un sommet organisé à Varsovie, l’Otan avait non seulement décidé de déployer quatre bataillons multinationaux dans la région de la Baltique mais aussi d’établir une « présence avancée adaptée » dans celle de la mer Noire, théâtre d’une importante activité des forces russes.

Selon l’Otan, « cette présence requiert notamment un entraînement des forces terrestres au sein d’une brigade-cadre multinationale en Roumanie » et vise « à renforcer la posture de dissuasion et de défense de l’Alliance » ainsi qu’à « améliorer la connaissance de la situation, l’interopérabilité et la réactivité. »

À l’occasion d’une séance de l’Assemblée parlementaire de l’Otan organisée à Bucarest, ce 9 octobre, le secrétaire général de l’Alliance, Jens Stoltenberg, a annoncé qu’une force multinationale venait d’être déclarée opérationnelle en Roumanie.

« Nos déploiements sont une réponse directe aux actions agressives de la Russie en Ukraine », a fait valoir M. Stoltenberg, pour qui les « actions de l’Otan sont défensives, proportionnées et entièrement conformes » à ses « engagements internationaux. »

« Nous sommes préoccupés par le renforcement de la présence militaire de la Russie près de nos frontières ainsi que par son manque de transparence, comme cela est le cas lors d’exercices comme Zapad 2017 », a insisté M. Stoltenberg.

« Notre objectif est la paix, non la guerre », a, de son côté, assuré Klaus Iohannis, le président roumain. « Nous ne sommes pas une menace pour la Russie, mais il nous faut une stratégie alliée sur le long terme, il nous faut dialoguer à partir d’une position forte de défense et de dissuasion », a-t-il expliqué.

Les détails relatifs à cette force multinationale, basée à Craiova, dans le sud de la Roumanie, n’ont pas été précisés.

L’on sait juste que sa composante terrestre compte entre 3.000 et 4.000 soldats (soit une brigade), dont le gros des troupe est fourni par la Roumanie et la Pologne. D’autres pays devraient y contribuer, comme l’Allemagne, la Bulgarie, l’Italie et le Portugal.

Dans le domaine aérien, le Royaume-Uni va déployer des Eurofighter Typhoon sur la base « Mihail Kogalniceanu », dans le sud-est de la Roumanie. Des CF-18 Hornet canadiens sont déjà à pied d’oeuvre. En outre, l’Italie a envoyé des Typhoon en Bulgarie.

En février, l’Otan avait déjà annoncé une présence navale accrue en mer Noire, avec « des formations renforcées, des exercices et de la collecte de renseignement. »

Ainsi, selon les explications données par M. Stoltenberg à l’époque, les rotations de navires devaient y être « de plus en plus fréquentes, tout comme les exercices menés conjointement avec les pays de la région. »

À noter que les moyens déployés dans le cadre de cette présence « avancée » et « adaptée » viennent s’ajouter aux éléments de la défense antimissile de l’Otan installés en Roumanie, lesquels reposent sur le système AEGIS Ashore.

Comme l’a souligné M. Stoltenberg, ce renforcement de l’Otan dans la région de la mer Noire est une conséquence de l’annexion de la Crimée par la Russie, laquelle a des incidences importantes au niveau militaire.

« Le gain de la Crimée, région fréquemment comparée depuis la Seconde Guerre Mondiale à un porte-avions permettant de contrôler tout le bassin pontique, est de nature à accroître très sensiblement les capacités navales en mer Noire, et donc, dans une certaine mesure, en Méditerranée », explique une note [.pdf] publiée par la Direction générale des relations internationales et de la stratégie (DGRIS) du ministère des Armées.

Et d’ajouter : « La situation géostratégique privilégiée de la Crimée permet aussi à la Russie de mettre en place une zone A2/AD [anti-accès/déni d’accès] sur la quasi-totalité de la mer Noire en cas de crise. »

Photo : Exercice Saber Guardian 2017 (c) Forces armées roumaines

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