L’US Cyber Command va s’émanciper et devenir un commandement unifié

Contrairement à ce que son appellation laisse supposer, l’US Cyber Command (US CYBERCOM), créé en 2009 pour mener les opérations militaires dans le cyberespace, est actuellement subordonné à l’US Strategic Command.

En clair, c’est un sous-commandement qui coordonne les activités des unités spécialisées de chaque composante des forces américaines, dont l’Army Cyber Command, la Fleet Cyber Command [ou 10e Flotte de l’US Navy], l’Air Force Cyber [ou 24th Air Force] et le Marine Corps Cyberspace Command. Depuis 2015, sont venues s’ajouter des 133 « cyber teams ».

Par ailleurs, le chef de l’US CYBERCOM est également celui de la NSA (National Security Agency), l’agence chargée de collecter du renseignement d’origine électromagnétique et électronique. Mais cette organisation va bientôt changer.

En effet, le 18 août, le président américain, Donald Trump, a indiqué que l’US CYBERCOM deviendrait un commandement combattant unifié, au même titre que les commandements régionaux (comme l’US CENTCOM) ou spécialisés (comme le l’US Special Operations Command).

Cette mesure « va renforcer nos opérations dans le cyberespace et créer davantage d’opportunités pour améliorer la défense de notre nation », a fait valoir M. Trump. Cela « montre notre mobilisation accrue contre les menaces du cyberespace et va aider à rassurer nos alliés et nos partenaires et dissuader nos adversaires », a-t-il ajouté.

Reste à voir si la NSA sera séparée de ce nouveau commandement « cyber ». La Loi d’autorisation de la Défense nationale (NDAA) actuellement en vigueur (et promulguée par le président Obama) précise que la séparation des deux entités ne pourra être faite qu’à la condition que leurs capacités respectives ne soient pas dégradées. Le chef du Pentagone, James Mattis, aura donc à évaluer la portée d’une telle mesure et faire des propositions.

Quoi qu’il en soit, cette décision visant à émanciper l’US CYBERCOM de la NSA et de l’US Strategic Command ne va pas dans le sens de la création d’une nouvelle branche des forces armées dédiée aux opérations dans le cyberespace. Une telle idée a été avancée par Jean-Yves Le Drian, l’ancien ministre de la Défense, ou encore par Mounir Mahjoubi, le secrétaire d’État auprès du Premier ministre chargé du Numérique.

D’ailleurs, cette idée d’une « armée cyber » n’est pas forcément pertinente. Ex-officier général en charge de la cyberdéfense et bientôt Directeur Général des Systèmes d’Information et de Communication (DGSIC), le vice-amiral Arnaud Coustillière, avait expliqué, lors d’une audition à l’Assemblée nationale, que « du côté américain […], on n’envisage pas une armée cyber, chacune des composantes s’appropriant au contraire la cyberdéfense. » Et d’ajouter : « Il me semble que c’est la meilleure voie, à condition que chacune des armées joue le jeu et consacre la ressource humaine nécessaire aux biens communs interarmées. Si les armées ne fournissent pas les compétences dont nous avons besoin il y aura en effet un problème. »

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