Paris et Varsovie en froid après l’arrêt des négociations sur l’achat de 50 hélicoptères Caracal

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La décision du gouvernement polonais de revenir sur l’annonce faite par son prédécesseur au sujet de la commande de 50 hélicoptères H225M Caracal auprès d’Airbus Helicopters a, comme l’on pouvait s’y attendre, été mal prise par Paris.

Le président Hollande, qui devant se rendre en Pologne le 13 octobre prochain, a ainsi reporté son voyage. Et, Jean-Yves Le Drian, le ministre de la Défense, qui était aussi attendu à Varsovie le 10 octobre, en a fait de même.

Cela étant, l’on pouvait craindre une telle issue depuis la victoire du parti conservateur « Droit et Justice » (PiS) aux dernières élections législatives polonaises. Quand il était dans l’opposition, il n’avait en effet pas ménagé ses critiques à l’égard du choix du gouvernement de centre-droit dirigé par Ewa Kovacs en faveur du H225M Caracal, estimant qu’il aurait été préférable de confier le marché aux concurrents d’Airbus Helicopters, c’est à dire à l’américain Sikorky ou à AgustaWestland, au motif que ces deux industriels disposaient déjà d’usines en Pologne.

Aussi, le nouvean ministre polonais de la Défense, Antoni Macierewicz, n’a cessé de mettre la pression sur Airbus Helicopters pour obtenir le maximum de compensations industrielles (offset). Et selon une source proche du dossier citée par l’AFP, le constructeur de Marignane a, semble-t-il, été le plus loin possible, en proposant de réinvestir en Pologne 100% du montant du contrat (3 milliards d’euros).

Pourtant, le gouvernement polonais a justifié sa décision en expliquant que « les divergences dans les positions de négociations des deux parties ont rendu impossible un compromis. » Du coup, pour une source diplomatique française, « rétrospectivement, il apparaît évident que les Polonais n’ont jamais eu l’intention d’accepter l’appel d’offres. »

Du côté d’Airbus Helicopters, qui comptait sur la Pologne dans le cadre de sa stratégie de développement, pourrait revoir ses investissements dans ce pays, y compris ceux déjà réalisés à Lodz, où l’industriel avait inauguré un centre de recherches en février 2015. En outre, une action en justice pour « rupture abusive de négociation » n’est pas exclue.

Par ailleurs, une source diplomatique française a indiqué que Paris allait « réexaminer l’ensemble de ses coopérations » dans le domaine militaire avec Varsovie. En 2014 et en 2015, la France avait envoyé en Pologne un détachement chasse ainsi que des chars Leclerc, dans le cadre des mesures de réassurance prises par l’Otan après l’annexion de la Crimée par la Russie.

Cela étant, on cherche à calmer le jeu à Varsovie. « Nous sommes convaincus que la fin de la procédure d’achat d’hélicoptères sans la signature du contrat n’influencera pas l’ensemble de la coopération avec la France. Nos relations bilatérales ont un caractère stratégique et reposent sur un éventail de priorités et de projets communs », a ainsi fait valoir Witold Waszczykowski, le ministre polonais des Affaires étrangères.

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