M. Montebourg s’étonne que le successeur du FAMAS ne soit pas fabriqué en France

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Depuis la fermeture de la Manufacture d’armes de Saint-Étienne, il n’y a plus d’industriel français capable de produire des fusils d’assaut. Du coup, le successeur du FAMAS, actuellement en dotation au sein des forces armées françaises, ne pourra qu’être fabriqué à l’étranger. Un appel d’offres au niveau européen a donc été lancé par la Direction générale de l’armement (DGA) pour l’acquisition de 90.000 « armes individuelles du futur » (AIF).

Et cette réalité, connue depuis des années, étonne Arnaud Montebourg. En déplacement à Mulhouse, où il a visité les locaux de l’entreprise Manhurin, spécialiste des machines servant à produire des munitions, l’ancien ministre de l’Économie a en effet appelé son ancien collègue Jean-Yves Le Drian à « défendre (les) industries » françaises » et à veiller à ce que les armes utilisées par les armées soient fabriquées en France.

« Comment se fait-il que le successeur du Famas, dont le nom lui-même résonne dans toute l’histoire de la mécanique française – Fusil d’assaut de la manufacture d’armes de Saint-Étienne – comment se fait-il que le successeur du Famas sera importé de l’étranger? », a ainsi demandé M. Montebourg, pour qui l’appel d’offres lancé au niveau européen ne s’imposait pas étant donné qu’il est question d’une « industrie de souveraineté ».

« Ne sommes-nous pas capables de le produire ici? Ne sommes-nous pas capables de défendre nos outils? Alors je lance un appel au ministère de la Défense, au directeur général de l’armement et à tous ceux qui se reconnaissent dans ce message : il est nécessaire de défendre nos industries. Ayez le réflexe patriotique surtout lorsqu’il s’agit de défense nationale », a continué M. Montebourg.

Sur ce point, il est quand même difficile de douter du ministère de la Défense alors que le montant des prises de commandes à l’exportation de matériels militaires français a dépassé les 16 milliards d’euros en 2015…

En outre, défendre une industrie n’est possible que quand ladite industrie existe encore… M. de La Palisse n’aurait pas dit mieux. S’agissant de l’arme individuelle du futur, il faudrait, d’ici quelques mois, retrouver la capacité à concevoir et fabriquer des fusils d’assaut, ce qui suppose des investissements conséquents et la nécessité de réunir des compétences particulières. Et cela au-delà de toute considération sur la viabilité économique d’un tel projet. Bref, c’est un peu tard pour se réveiller…

Quoi qu’il en soit, pour M. Montebourg, il faudrait veiller à ce que les « fusils d’assaut » et « les munitions pour les armes utilisées par les armées françaises et nos forces de police soient fabriqués en France » car « c’est une nécessité impérieuse. »

S’agissant de la production de munitions de petits calibres, une filière pourrait être recréée en France, via la relocalisation d’une ligne de production australienne par TDA Armements, une filiale de Thales. Mais une telle activité n’est pas envisagée écartée par le Pdg de Nexter (et co-directeur d’Honosthor), en raison de coûts très élevés et d’une rentabilité qui serait insuffisante.

Cela étant, M. Montebourg n’est pas le premier à demander que la fabrication du successeur du FAMAS soit faite dans l’Hexagone. Avant lui, en octobre 2015, les députés Philippe Meunier et Jean-Jacques Candelier avaient adressé un courrier au ministre de la Défense pour plaider en faveur de l’achat de fusils d’assaut conçus par une entreprise française. Et M. Le Drian leur avait rappelé que ce type d’activité n’existait plus en France depuis une quinzaine d’années…

En revanche, il est possible qu’une entreprise française puisse profiter de l’appel d’offres portant sur l’AIF. Par exemple, l’armurier italien Beretta pourrait ainsi confier la maintenance de ces armes à la société Humbert, installée dans la Loire.

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