Comment exploiter au mieux les capacités de l’armée de Terre pour la sécurité intérieure?

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Comment tirer parti de la manière la plus efficace possible des modes d’action et des capacités de l’armée de Terre (notamment) pour des missions de sécurité intérieure? L’expérimentation, appelée « Minerve », qui vient d’être conduite en Isère, peut apporter un début de réponse.

Cette expérimentation avait été annoncée par le général Denis Favier, le directeur de la Gendarmerie nationale (DGGN), lors d’une audition à l’Assemblée nationale en mars dernier.

« Lorsque l’on aborde cette question des armées, la difficulté est que l’on raisonne davantage en termes d’effectifs que de missions. Or si l’on raisonne en termes d’effectifs, on aboutit à un dispositif du type Vigipirate renforcé, qui peut conduire à un saupoudrage des moyens », commença par souligner le général Favier.

Aussi, si la menace (terroriste) est nouvelle, le patron de la Gendarmerie avait estimé qu’il fallait aussi « adapter les missions des armées ». Dans le cas du contrôle des flux et des frontières, il avait affirmé que les armées, « avec leur savoir-faire et leur moyens », pouvaient « précisément apporter une plus-value dans ce domaine. »

D’où l’expérimentation « Minerve » impliquant une compagnie du 7e Bataillon de Chasseurs Alpins (BCA) de Varces et les gendarmes isérois. Le choix de ce département n’est pas un hasard : une centaine d’individus radicalisés y font l’objet d’une surveillance et c’est dans celui-ci qu’est située la ville de Saint-Quentin Fallavier, où a eu lieu, en juin 2015, une tentative d’attentat dans une usine de production de gaz industriels.

« Nous allons voir comment un groupe de combat d’infanterie pourrait, en appui de gendarmes officiers ou agents de police judiciaire (OPJ, APJ), exercer une mission utile de contrôle du territoire », avait expliqué le DGGN, estimant qu’il y avait donc là un  » équilibre à trouver, (…) à droit constant, qui serait à la fois plus efficace et plus valorisant pour les armées que les gardes statiques ou des patrouilles inutiles. »

Pour l’armée de Terre, il s’agit aussi de faire d’une pierre deux coups, dans la mesure où le mode d’action décrit par le général Favier ne remet pas en cause la préparation opérationnelle de ses régiments, mise à mal depuis bientôt un an et demi par l’opération intérieure Sentinelle.

C’est ainsi que, dans le cadre de l’expérimentation Minerve, la compagnie du 7e BCA, qui effectuait alors un exercice en terrain libre, a été mise à la disposition de la chaîne OTIAD (Organisation Territoriale Interarmées de Défense) pour renforcer les gendarmes à l’aéroport de Grenoble-Isère pour une mission de sécurisation.

Les chasseurs alpins et les gendarmes ont mené ensuite des patrouilles et mis en place des points de contrôle conjoints pour détecter, de jour comme de nuit, d’éventuels mouvements suspects et améliorer leur connaissance du terrain.

« De nombreux contrôles de gendarmerie ont été effectués sur des axes de la zone, avec l’appui des patrouilles du 7e BCA. Le 22 avril, une réquisition préfectorale demandait aux forces armées de la zone de défense et de sécurité Sud d’appuyer les forces de gendarmerie dans des missions de contrôle de flux et de surveillance dans la zone périurbaine grenobloise », a raconté l’État-major des armées (EMA).

Dans un reportage de France3 Alpes, diffusé la semaine dernière, un officier de gendarmerie a expliqué que l’un des intérêts de cette expérimentation était de pouvoir « entraver la libre circulation à l’intérieur des flux globaux qui circulent sur notre territoire de terroristes qui pourraient utiliser ces flux pour se mouvoir, constituer des appuis et des réseaux logistiques. »

Le premier retour d’expérience (RETEX) est en cours d’élaboration, a précisé l’EMA. Il devra « permettre de préciser les conditions dans lesquelles les premières unités en préparation opérationnelle dérivée pourraient être déployées d’ici un an », a-t-il ajouté.

 

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