L’administration Obama douche les espoirs d’une reprise de la production de l’avion F-22 Raptor

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Suite au quatrième essai nucléaire nord-coréen, les États-Unis viennent de déployer à Yokota, près de Tokyo, 8 avions de supériorité aérienne F-22 Raptor. Depuis quelques mois, les missions impliquant cet appareil se succèdent.

Avant le Japon, 4 exemplaires ont ainsi été envoyés provisoirement en Allemagne, au titre des mesures de réassurance prises par l’Otan au bénéfice de la Pologne et des États baltes et des responsables de l’US Air Force envisagent même d’y installer une escadron en Europe. Enfin, en septembre 2014, des F-22 Raptor ont été engagés pour la première fois dans une mission de guerre, lors de frappes menées en Syrie contre l’État islamique (EI ou Daesh) et le groupe Khorasan, lié à al-Qaïda.

Pas mal pour un avion dont l’administration américaine a décidé, en 2009, l’arrêt de la production, au motif, justement, qu’il n’avait pas encore été engagé en Afghanistan et en Irak ou encore qu’il appartenait à autre temps, celui de la Guerre froide. En outre, son coût, élevé, fut aussi avancé.

« À un moment où nous menons deux guerres et sommes face à un déficit important, cela aurait été un gaspillage d’argent inexcusable », fit valoir le président Obama, qui alla jusqu’à menacer d’user de son droit de veto dans le cas où le Congrès aurait maintenu les crédits pour le programme F-22. Même son concurrent malheureux à la Maison Blanche, le sénateur républicain John McCain, s’était félicité de cette décision.

Initialement, et pour remplacer ses F-15, l’US Air Force voulait 750 exemplaires de cet appareil furtif – dit de 5e génération – conçu par Lockheed-Martin pour des missions de supériorité aérienne. Puis, avec la fin de la Guerre froide, les besoins ont été divisés par deux. Désormais, l’aviation américaine ne dispose que d’un peu plus de 180 F-22 Raptor.

Toutefois, les événements récents tendent à donner tort à ceux qui ont voulu et voté la fin de la production de cet appareil. La situation dans l’est de l’Ukraine rappelle que la menace de la force n’a pas disparu… Qui plus est, des pays comme la Chine et la Russie développent des avions de 5e génération, en plus de miser sur des stratégies dites de déni d’accès.

Aussi, certaines voix ont demandé, outre-Atlantique, la reprise de la production des F-22, ce qui est techniquement possible. Cela s’est déjà produit par le passé pour d’autres types d’avions… En outre, l’outillage et les équipements nécessaires pour assembler de nouveaux appareils ont été stockés au cas où…

En septembre 2015, le général Herbert Carlisle, le patron de l’Air Combat Command, avait dit « rêver » d’une reprise de la production du F-22 Raptor, tout en admettant que cela coûterait cher (17 milliards de dollars pour 75 exemplaires, selon une étude de la RAND Corporation). D’autres responsables de l’US Air Force, en activité ou non, ont été plus directs, qualifiant la décision prise en 2009 de « plus grande erreur jamais commise. »

Seulement, même si les responsables de l’aviation américaine Force estiment qu’ils n’ont pas assez de F-22 Raptor, il faudra faire avec…. Car Deborah James, la secrétaire à l’US Air Force, n’est pas de cet avis.

« Si vous demandez au général Welsh (le chef d’état-major de l’USAF) ou à l’un des officers de l’Air Force, ils vous diraient probablement qu’ils aimeraient avoir plus de F-22. (…) Mais un ensemble de circonstances regrettables et de dépassements de budgets  ont provoqué la fin anticipée du programme F-22. La ligne de fabrication est maintenant fermée, de sorte que la perspective même de sa réouverture est presque vouée à l’échec », a ainsi affirmé Deborah James, lors d’un colloque organisé par le Center for Strategic and International Studies.

« Donc, nous avons ce que nous avons, avec le F-35 qui approche de sa capacité opérationnelle initiale. Ce n’est pas le même appareil mais, avec le F-22,  ils se complètent l’un et l’autre et nous devrons aller de l’avant comme ça », a-t-elle ajouté.

En réalité, le refus de produire à nouveau des F-22 ne vient pas de la fermeture des lignes d’assemblage puisque tout le matériel nécessaire a été mis sous cocon… Il s’explique surtout par des raisons budgétaires car il faut bien financer le F-35 Lightning II. En tout cas, cela pose de sérieuses questions sur l’avenir de l’US Air Force, à l’heure où les zones de crise se multiplient.

Pour rappel, le F-22 a été conçu pour faire face à des situations de combat compliqués. Grâce à sa signature radar réduite, il est en mesure d’engager simultanément plusieurs cibles sans être repéré, au-delà la portée visuelle (Beyond Visual Range). Enfin, il est aussi capable d’effectuer des frappes au sol.

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