La Suède et le Danemark s’entendent sur un accord militaire

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Après avoir régulièrement réduit son effort de défense, la Suède s’aperçoit maintenant que ses capacités militaires sont insuffisantes alors que de vives tensions l’opposent à la Russie depuis plusieurs violations de son territoire par cette dernière et surtout l’annexion de la Crimée.

La Suède présente un intérêt stratégique évident. Du moins, c’est surtout vrai pour l’île de Gotland, située à 90 km à l’est des côtes suédoises et à 140 km à l’ouest de la Lettonie. Son contrôle permettrait de « verrouiller » l’accès de la mer Baltique et constituerait un « porte-avions » naturel en cas d’attaque des pays baltes. En outre, elle est longée par le gazoduc Nord Stream, qui approvisionne l’Europe occidentale en gaz naturel russe.

En 2014, la Suède a cessé tout dialogue militaire avec la Russie. Et, alors que l’idée d’une possible adhésion à l’Otan fait son chemin à Stokholm, Moscou a menacé le gouvernement suédois de représailles s’il choisissait une telle option.

Seulement, la remontée en puissance de forces armées affaiblies pendant des années de disette budgétaire ne se fait pas du jour au lendemain. D’autant plus si l’effort budgétaire consenti reste insuffisant, même s’il a été augmenté (+11% sur 5 ans). Aussi, une des solutions passe par des accords de défense.

Ces derniers mois, Stockholm a renforcé sa coopération militaire avec la Pologne et surtout la Finlande, avec laquelle il est question de créer la Swedish Finnish Naval Task Force (SFNTG), une force navale conjointe interopérable avec les unités de l’Otan. Ces rapprochements peuvent éventuellement avoir des conséquences industrielles : Varsovie entend se doter de nouveaux sous-marins (et la Suède en propose) tandis qu’Helsinki doit remplacer ses avions F-18 Hornet (le JAS-39 Gripen du constructeur suédois Saab pourrait être sur les rangs)…

Le dernier accord en date a récemment été conclu avec le Danemark. Le texte, signé par les ministres suédois et danois de la Défense, Peter Hultqvist et Peter Christensen, prévoit notamment la possibilité de mener des missions de surveillance en commun, de partager des infrastructures (ports militaires et bases aériennes) et d’augmenter les exercices conjoints entre les forces armées de deux pays.

Le volet « surveillance » est sans doute le plus important. « En travaillant ensemble pour analyser les données sur la situation actuelle et échanger des informations, nous pourrons avoir une image commune de ce qui se passe dans la région de la Baltique. De cette façon, nous pourrons traiter conjointement les problèmes qui peuvent survenir », a expliqué Peter Hultqvist.

Cet accord « donnera plus d’yeux et d’oreilles » dans la région, a ajouté M. Christensen. En clair, il s’agira de surveiller de très près les mouvements et les activités de l’aviation et des forces navales russes.

En 2015, le Danemark a aussi fait l’objet de menaces de la part de la Russie. « Je ne pense pas que les Danois réalisent les conséquences de leur potentielle adhésion à ce système de défense antimissile [de l’Otan, ndlr]. Si cela devait se produire, leurs navires deviendraient la cible de nos missiles nucléaires », avait en effet affirmé l’ambassadeur russe en poste à Copenhague.

Qui plus est, selon un rapport du renseignement militaire danois (Forsvarets Efterretningstjeneste), la Russie aurait simulé, en 2014, le bombardement de l’île Bornholm, au moment où cette dernière accueillait un rassemblement de responsables politiques et de journalistes.

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