L’Assemblée nationale lance une mission d’information sur les « moyens » de l’État islamique

La question du financement des organisations jihadistes est récurrente et des monarchies du Golfe arabo-persique, comme l’Arabie Saoudite et le Qatar, sont régulièrement pointées du doigt pour le rôle qu’elles y jouent même si elles font partie de la coalition anti-État islamique (EI ou Daesh) et que des missions aériennes en Syrie et en Irak se font depuis leur territoire.

Comme dit le proverbe, il n’y a pas de fumée sans feu. Mais la réalité est un peu plus complexe et il y a une différence entre des dons privés et ceux faits directement par un État.

C’est ainsi que, par exemple, en septembre 2014, alors qu’il était sous le feu des critiques pour son laxisme en la matière, le Qatar a adopté une loi visant à réguler les organisations caritatives qui envoient de l’argent à l’étranger ou qui en reçoivent.

Quant à l’Arabie Saoudite, le département d’État américain a noté, dans son dernier rapport annuel sur le terrorisme, que le royaume avait fait des progrès dans ce domaine, même si des associations caritatives soupçonnées d’avoir des liens avec des organisations jihadistes continuaient de solliciter de riches donateurs saoudiens via les réseaux sociaux.

Cela étant, il arrive que personnalités originaires de ces pays et suspectées de financer des groupes terroristes soient proches du pouvoir, comme par exemple un certain Abd Al-Rahman ben Umayr Al-Nuaymi, accusé par Washington de financer al-Qaïda et qui, selon The Daily Telegraph, a fait partie de l’entourage de l’émir du Qatar.

Quant aux finances de l’EI, elles n’ont actuellement pas vraiment besoin de dons extérieurs étant donné que, selon les estimations, ses revenus annuels varient entre 700 millions et 2,9 milliards de dollars. L’organisation jihadiste prélève des impôts dans les territoires qu’elle occupe et où elle a pillé les banques. À cela s’ajoute le commerce du pétrole (qui devient moins intéressant en raison du cours du baril et les actions de la coalition visant les échanges pétroliers), les taxes sur les produits de contrebande ou encore les trafics humains et d’objets antiques.

Quoi qu’il en soit, et afin d’y voir plus clair au sujet des moyens dont bénéficie l’EI, la conférence des présidents de l’Assemblée nationale a décidé, sur proposition de Claude Bartolone (PS), le titulaire du « perchoir », de lancer une mission d’information.

« Les travaux des commissions d’enquête étant limités dans le temps, la mission d’information se révèle être le format le plus adapté pour élargir le champ d’investigation, notamment dans la durée », explique M. Bartolone, dans un communiqué.

Cette mission d’information comptera 30 membres (15 PS, 10 LR, 2 UDI, 1 écologiste, 1 radical de gauche et 1 Front de gauche) et sera présidée par un député du groupes « Les Républicains » tandis que son rapporteur sera un élu socialiste.

Au départ, les « Républicains » souhaitaient une commission d’enquête portant sur la participation éventuelle de fonds d’origine française au financement de l’EI. Mais pour M. Bartolone, cette question « n’est pas un périmètre suffisant, eu égard à l’organisation tentaculaire et complexe de Daesh ».

Une mission d’information a des pouvoirs limités par rapport à ceux d’une commission d’enquête parlementaire. Les députés auront surtout à effectuer des auditions. Un rapport sera ensuite rédigé et il pourra donner lieu à un débat sans vote en séance.

« Si la majorité de ses membres sont d’accord, la mission d’information sur les moyens de l’El pourra bénéficier, pendant au maximum six mois, des prérogatives d’une commission d’enquête, comme la possibilité d’auditions sous serment ou de contrôles sur place et sur pièce », a cependant précisé Christian Jacob, le président du groupe LR à l’Assemblée nationale.

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