Les autorités somaliennes s’attendent à une vague d’attaques après la mort du chef des Shebab

Il aura fallu attendre quelques jours pour connaître les résultats d’une opération américaine conduite dans la province de Basse-Shabelle, à une centaine de kilomètres de Mogadiscio, au cours de la nuit du 1er au 2 septembre.

La cible de ce raid, menée par les forces spéciales américaines (qui n’étaient officiellement pas présentes sur le terrain) au moyen de drones et d’avions, n’était rien d’autre qu’Ahmed Abdi Godane (Moktar Ali Zubeyr), le chef des milices Shebab, liées à al-Qaïda. Les États-Unis l’avait placé sur leur liste des 10 terroristes les plus recherchés dans le monde et mis sa tête à prix pour 7 millions de dollars.

Dans un premier temps incertain, le sort du chef des Shebab a été confirmé par Washington. « L’armée américaine a entrepris des opérations contre Godane, le 1er septembre, ce qui a conduit à sa mort », a indiqué, hier, le contre-amiral John Kirby, le porte-parole du Pentagone.

« La mort de Godane est une perte majeure du point de vue symbolique et opérationnel pour la plus importante des entités affiliées à al-Qaïda », a commenté, par voie de communiqué, la Maison Blanche.

« Même s’il s’agit d’une avancée cruciale dans la lutte contre les shebab, les Etats-Unis vont continuer à mettre en oeuvre tous les outils à leur disposition – financiers, diplomatiques, en matière de renseignement et militaires – pour faire face à la menace que représentent les shebab et les autres groupes terroristes pour les Etats-Unis et le peuple américain », a-t-elle ajouté, en soulignant que l’opération conduite en début de semaine constituait « l’aboutissement d’années de labeur des services de renseignement, de l’armée et des forces de maintien de l’ordre ».

Âgé de 37 ans, Ahmed Abdi Godane, radicalisé au Pakistan avant de combattre en Afghanistan, était partisan d’un « jihad mondial ». Il avait imposé cette ligne aux milices shebab, dont il était devenu le chef en succédant à Hashi Farah Ayro, tué par une frappe américaine en 2008, en n’hésitant pas à éliminer ceux qui s’opposaient à lui en privilégiant un agenda local.

De fait, les shebabs ont lancé plusieurs actions terroriste en dehors de la Somalie au cours de ces dernières années, que ce soit en Ouganda, au Kénya, avec notamment l’attaque, en septembre 2013 du centre commercial de Westgate, à Nairobi (67 tués) et, plus récemment, à Djibouti. Par ailleurs, ce fut sous la houlette de Godane que Denis Allex, un personnel de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) fut retenu en otage avant d’être tué au cours d’une opération des forces spéciales françaises et du Service action du service de renseignement planifiée en vue de le libérer. Deux commandos y perdirent la vie.

Maintenant qu’ils ont perdu leur chef et qu’ils perdent un à un leurs bastions grâce à l’action de l’AMISOM (la force de l’Union africaine en Somalie, ndlr), il reste à voir la réaction des shebab. A priori, les autorités somaliennes s’attendent à des représailles.

« Les services de sécurité ont reçu des informations indiquant que les shebab prévoient actuellement de mener des attaques désespérées contre les structures de santé, les centres éducatifs et d’autres structures publiques », a ainsi affirmé Kalif Ahmed Ereg, ministre somalien de la Sécurité nationale. « Les forces de sécurité sont prêtes à contrer leurs attaques et nous appelons la population à aider les forces de sécurité à s’opposer aux actes de violence », a-t-il ajouté.

La mort de Godane, si elle leur porte un coup rude, ne va pas faire disparaître l’idéologie des shebab. Ces derniers pourraient désigner à leur tête Mokhtar Robow, qui a été leur porte-parole et un de leurs commandants militaires.

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