Ceux de 14 (1) : La mort du lieutenant Charles Péguy

Le 5 septembre 1914, alors que la bataille de la Marne se prépare, le lieutenant de réserve Charles Péguy, du 276e Régiment d’Infanterie (RI), prend la direction du village de Villeroy, près de Meaux, avec sa compagnie.

Rassemblé dans un premier temps à Coulommiers, son régiment a d’abord envoyé en Lorraine, où il a été tenu en réserve. Et, avec les revers subis par les armées françaises, qui déplorent de lourdes pertes, le voilà donc dans la région de Meaux. Péguy est alors âgé de 41 ans. C’est un écrivain, un essayiste et un poète.

Un personnage de Pierre Schoendoerffer estime, dans l’un de ses films qu’il n’y a que trois vrais métiers pour un homme : roi, poète ou capitaine. Péguy en aura exercé presque deux… Républicain, socialiste et dreyfusard ayant retrouvé la foi catholique de son enfance, patriote ardent (au point de rompre avec Jaurès à cause du pacifiste de ce dernier); il aura été un intellectuel engagé, un essayiste de talent et un poète incontestable :

« Heureux ceux qui sont morts pour la terre charnelle,
Mais pourvu que ce fût dans une juste guerre. (…)
Heureux ceux qui sont morts dans les grandes batailles,
Couchés dessus le sol à la face de Dieu (…)
Heureux les épis mûrs et les blés moissonnés »

Lors de l’assaut donné près du village de Villeroy, le capitaine Guérin est fauché. Le lieutenant Péguy tire alors son sabre du fourreau pour le pointer vers l’ennemi et dit : « le capitaine est tombé! Je prends le commandement! Suivez-moi! ». Jusqu’à ce qu’il soit touché par une balle, en plein front. Non, Péguy n’était pas capitaine. Mais il est mort en capitaine….(voir la vidéo)

D’autres écrivains connaîtront, hélas, le même sort que Charles Péguy, comme Alain Fournier, l’auteur du « Grand Meaulnes », tué à l’ennemi le 22 septembre 1914 ou encore de Louis Pergaud, qui a écrit « La guerre des boutons ». Au total, l’on estimé à 450 le nombre d’écrivains de toutes les nationalités ayant perdu la vie lors de la Grande Guerre. Cette dernière nourrira l’oeuvre de ceux qui en sont revenus, comme le cuirassier Louis-Ferdinand Destouches, dit Céline (des passages du Voyage au bout de la nuit sont saisissants), Henry de Montherlant, l’allemand Ernst Jünger, Jean Giono, Blaise Cendrars (lire la Main coupée) en encore Ernest Hemingway.

Pour finir ce petit hommage à Charles Péguy, voici l’une de ses citations, parfaitement adaptée aux polémiques qui ont lieu dans les commentaires de ce site. « Il y a quelque chose de pire que d’avoir une mauvaise pensée. C’est d’avoir une pensée toute faite ». À méditer.

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