Le commandant Athos, un héros parmi tant d’autres…

athos-20140825En cette période de commémoration du 70e anniversaire des combats de la Libération, les projecteurs sont mis sur les principaux faits d’armes de la Résistance. Des noms de grands résistants sont plus souvent cités que d’autres, qui n’ont pourtant pas démérité, loin de là. Combien sont-ils, ces héros anonymes, qui prirent tous les risques pour que nous soyons libres aujourd’hui?

Ainsi en est-il du commandant Eugène Pinte, alias Athos. Quand on parle de la Résistance en Haute-Vienne, le nom du colonel Georges Guingouin vient immanquablement à l’esprit. Ce militant du Parti communiste, engagé dès juillet 1940 contre l’occupant (et cela, en opposition avec sa formation politique), est connu pour avoir tenu tête aux troupes ennemies lors de la bataille du Mont Gargan et obtenu la reddition de la capitulation du général Gleiniger, alors commandant la garnison allemande installée à Limoges, le 21 août 1944.

Pourtant, le maquis FTP du colonel Guingouin n’était pas le seul à être actif en Haute-Vienne. Ceux de l’Organisation de la résistance armée (ORA) et de l’Armée secrète (AS) étaient également présents… Le commandant Eugène Pinte prit la tête de l’un d’eux, dans le secteur d’Aixe-sur-Vienne, une localité située à une quinzaine de kilomètres de Limoges.

Originaire du Pas-de-Calais, Eugène Pinte s’est engagé à l’âge de 18 ans, en 1920, au sein du 33e Régiment d’Infanterie (RI). Au gré de ses différentes affectations, il sert en Turquie (Corps d’Occupation de Constantinople), puis au 56ème Régiment de tirailleurs Marocains  à l’époque de la guerre du Rif.

Admis à l’Ecole Militaire d’Infanterie après en avoir réussi le concours, il est promu sous-lieutenant en 1926. L’année suivante, il repart au Maroc, où il est affecté 2ème Régiment de Zouaves puis au 3ème bataillon d’infanterie légère d’Afrique. En 1933, il regagne la métropole et rejoint le 151e RI, où il rencontre le colonel de Lattre de Tassigny. Par la suite, la carrière de l’officier est rythmée par plusieurs mutations. En 1939, il atterrit au 54e RI, avec lequel il prendra part à la campagne de France. Lors de cette dernière, malgré une maladie qu’il a attrapée au Maroc, il est cité à l’ordre du régiment et se voit attribuer la Croix de guerre avec étoile de bronze.

L’armistice signé, les troupes allemandes étant à Paris, le capitaine Pinte se retrouve hospitalisé à Cahors. Sa famille s’étant réfugiée en Haute-Vienne, il demande à être transféré à l’hôpital de Limoges. Il s’installe ensuite dans une petite ferme, située dans les environs d’Aixe-sur-Vienne. Éloignée du centre-ville, elle est idéalement placée pour des actions clandestines futures…

Car, mis en non activité pour infirmités temporaires, le capitaine entre en contact avec d’autres militaires n’acceptant pas l’occupation. Peu à peu, un réseau prend forme : des agents sont recrutés, des cellules clandestines se mettent en place, des armes abandonnées lors de la débâcle de 1940 sont récupérées. En 1943, l’officier est affecté aux archives militaires de Limoges : une place de choix qui lui permettra de circuler librement.

Dans le même temps, la ferme qu’il habite avec sa famille devient le centre des activités de la Résistance. Elle hébergera même un opérateur anglais dont la mission est d’assurer les liaisons radio avec Londres. Un terrain tout proche est aménagé pour les parachutages d’armes.

Cependant, l’officier, qui a pris « Athos » pour nom de code, doit rester sur ses gardes. Sur dénonciation, la Gestapo et la milice viendront dans le hameau où est située la ferme pour tenter d’y prendre les résistants sur le fait. À chaque fois, les agents de la police nazie feront chou blanc.

En juillet 1944, trois bataillons de l’ORA sont formés, prêts à prendre part aux combats de la Libération. Après avoir libéré Aixe-sur-Vienne, Eugène Pinte, désormais commandant, assistera aux négociations visant à obtenir à la reddition des troupes allemandes à Limoges, en relation étroite avec les FTP. Deux jours plus tôt, il venait de perdre son fils, Marcel, âgé de 6 ans, tué accidentellement par la rafale d’une mitraillette manipulée par un maquisard. Le garçonnet sera symboliquement élevé au grade de sergent et obtiendra, en 2013, le titre de combattant volontaire de la Résistance.

Après la Libération, le commandant Pinte fera l’objet de deux demandes pour l’obtention de la médaille de la Résistance… Qui seront toutes les deux accordées. « Un cas unique », selon le quotidien Le Populaire du Centre, qui a récemment consacré un article à son sujet. Malheureusement, il s’éteindra en 1951, à l’âge de 49 ans.

Photo  : Le commandant Eugène PINTE, via cette page

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