Le 126e Régiment d’Infanterie de Brive menacé?

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La dernière Loi de programmation militaire (LPM) pour la période 2014-2019 pévoit, afin de réaliser des économies, la suppression de 34.000 postes dans les armées, dont 10.000 au titre des précédentes coupes dans les effectifs décidées lors de la législature précédente (-54.000 postes, ndlr).

A noter que, pendant que le ministère de la Défense réduisait ses effectifs, le nombre de personnes travaillant dans la fonction publique a progressé de 0,3% au 31 décembre 2012, selon les chiffres fournis par l’INSEE, notamment à cause des recrutements réalisés par les collectivités territoriales (31.000 de plus, soit une hausse +1,6% et un coût, estimé par Le Point de  77,5 milliards d’euros) et les hôpitaux (+0,7%). Allez donc comprendre…

L’on dira que ce ne sont pas les mêmes budgets et tout ce que l’on voudra. Il n’empêche que l’on peut se demander à quoi servent ces efforts « pour le nécessaire redressement des comptes publics », pour reprendre les « éléments de langage », quand, dans le même temps, d’autres dépensent à tout va… Vous avez dit cohérence?

Bref, toujours est-il que les armées devront effectuer une « manoeuvre RH » délicate. Car à force de réduire les effectifs, ceux à supprimer deviennent de plus en plus difficiles à identifier. Il faut préserver à la fois les compétences particulières ainsi que les capacités d’intervention. Et même si, encore une fois, le « soutien » devrait être davantage sollicité que « l’opérationnel », il n’empêche que l’armée de Terre pourrait perdre jusqu’à 5 régiments. Son chef d’état-major, le général Ract-Madoux, espère toutefois  ne pas en arriver là. Seulement, il est acquis qu’au moins deux régiments d’infanterie passeront à la trappe.

Le nom du premier qui fermera ses portes est connu depuis l’automne dernier : il s’agit du 110e Régiment d’Infanterie (RI). Unité de la Brigade franco-allemande, il sera remplacé par le 1er RI de Sarrebourg. Reste donc à connaître le second. Plusieurs ont été cités, dont le 3e Régiment de Parachutistes d’Infanterie de Marine (RPIMa) de Carcassonne…

Mais c’est à Brive, garnison des Bisons du 126e RI, où l’on est sans doute le plus inquiet… Ainsi, le quotidien La Montagne rapporte que le maire de la cité gaillarde, Frédéric Soulier, a pris les devants en envoyant deux courriers – l’un au président Hollande, l’autre au ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian – pour plaider la cause du régiment et défendre ainsi le patrimoine militaire de sa ville.

« Je leur demande une rencontre urgente pour être ensemble, avec les parlementaires, sur ce dossier. À force de ne pas parler, on va se faire avoir », a confié au journal l’élu, lequel croit savoir que les programmes d’investissement et d’infrastructures auraient « oublié » Brive pour mieux se concentrer sur Colmar, ville où sont implantés le Régiment de Marche du Tchad et les Diables rouges du 152e RI.

Pour Frédéric Soulier, il s’agit de « créer un électrochoc » et « provoquer une aide à la décision ». Député de Corrèze et vice-président de la commission de la Défense nationale et des Forces armées, Philippe Nauche souligne que le 126e RI est la dernière unité militaire du Limousin (la région a notamment perdu, au fil des dernières réformes, la base aérienne de Limoges Romanet ainsi que, plus récemment, le 15e Bataillon du Train, l’EMF 4 et l’état-major de la 3e Brigade Mécanisée). L’argument sera-t-il suffisant?

« Aujourd’hui, la décision n’est pas prise et aucun régiment en France n’est à l’abri. La réponse sera politique. Est-ce que l’on privilégie le regroupement, à marche forcée, des moyens sur de grosses bases ou est-ce que l’on peut faire des économies en conservant de petites bases de défense qui fonctionnent aussi bien que les grosses et où le commandement n’est pas dilué ? La question se pose », a, en tout cas, expliqué le parlementaire à La Montagne.

Quoi qu’il en soit, Brive, dont l’économie subirait un rude coup en cas de dissolution du 126e RI (plus de 1.000 militaires et 500 familles), devrait être bientôt fixé, les nouvelles mesures de restructurations devant être annoncées d’ici cet été.

Photo : Le 26 juin 2013, le général Bertrand Ract Madoux, décorait le drapeau du 126e RI d’une deuxième croix de la valeur militaire avec palme (c) Armée de Terre

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